Qu’est-ce que la troisième dose va vraiment changer?

La quatrième vague de coronavirus frappe durement l’Europe et notre pays ces dernières semaines. Une dose de rappel pour l’ensemble de la population nous permettra-t-elle de nous tirer d’affaire? On fait le point sur l’efficacité des troisièmes doses.

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«D’ici mars ou avril de l’année prochaine, le groupe de travail espère que tout le monde aura reçu sa troisième dose», a indiqué fin de semaine la taskforce vaccination. Le calendrier définitif n’est pas encore fixé mais à partir de la mi-décembre, le rappel sera administré aux premières personnes de moins de 65 ans qui ne sont pas des patients à risque.

Pour l’instant, cette dose «booster» est administrée aux 65 ans et plus, ainsi qu’aux patients à risque et aux soignants. L’objectif de cette dose de rappel est de renforcer l’immunité, en particulier face aux variants plus contagieux.

Immunité en baisse

En effet, l’apparition du variant delta, notamment, a fait chuter le taux de protection des vaccins contre les infections symptomatiques. À quel point leur efficacité a-t-elle baissé? Difficile à estimer. Les études sur la question ne donnent pas de réponse unanime (l’efficacité du vaccin Pfizer aurait chuté à 41% en Israël, mais «seulement» à 70% au Royaume-Uni). En outre, l’efficacité des vaccins diminue nettement plus chez les personnes âgées ou immunodéprimées que dans les autres catégories de la population. Par ailleurs, l’efficacité semble décliner plus rapidement ave la dose unique du vaccin Johnson & Johnson qu’avec les autres vaccins.

Alors dans ce contexte, à quel point cette troisième dose pourrait-elle nous protéger?

L’exemple d’Israël

Pour mesurer l’efficacité de la troisième dose, on peut se tourner vers Israël. Confronté à une troisième vague de coronavirus durant l’été, le pays semble s’en être sorti grâce à l’administration d’une troisième dose à sa population.

La campagne de rappel avait débuté en juillet dernier et le pays avait constaté un «changement clair» dans les chiffres de l’épidémie. «Quand on regarde les données provenant d’Israël, il est clair que la dose de rappel inverse l’effet décroissant du vaccin que l’on constate chez les personnes vaccinées depuis six mois et plus», analysait l’immunologiste Anthony Fauci, qui assiste le président Joe Biden dans la lutte contre la pandémie.

Protégés à plus de 90%

Les chiffres israéliens ont été examinés avec attention par les scientifiques: cette troisième dose de Pfizer permet de passer d’une protection de 44% à 93% pour ceux ayant reçu deux doses d’AsatraZeneca auparavant, et de 62,5% à 94% pour ceux ayant reçu deux doses de Pfizer.

Une étude publiée récemment dans The Lancet avançait des chiffres similaires. Selon cette étude, la troisième dose permettait d’augmenter de 92% la protection contre des formes graves de la maladie par rapport à ceux qui n’avaient reçu que deux doses. Elle est également efficace pour prévenir les hospitalisations (93%) et les décès (81%).

Enfin, une étude parue dans le New England Journal of Medicine, s’est intéressée à la protection vaccinale en conjuguant les effets du variant delta (baisse d’efficacité) à l’administration d’une dose de booster: «Supposons, tout d’abord, que l’effet combiné de la diminution de l’immunité et de la prévalence accrue du variant delta diminue l’efficacité d’un vaccin administré 6 mois plus tôt d’environ 50%, comme le suggèrent de récents rapports. Supposons ensuite, que, comme le suggèrent nos résultats, la dose de «booster» réduise le taux d’infection de chaque bénéficiaire par un facteur 10. Cela signifierait que la vulnérabilité d’une personne qui reçoit une 3e dose diminuerait d’environ 5% (50% divisés par 10) par rapport à une personne non vaccinée et porterait l’efficacité vaccinale chez les bénéficiaires d’une 3e dose à environ 95%, une valeur similaire à l’efficacité vaccinale rapportée à l’origine contre le variant alpha», analysent les auteurs.

Après la troisième dose, les anticorps retrouvent donc a minima le niveau qu’ils avaient juste après la deuxième dose. Selon cette dernière étude, ils auraient même tendance à dépasser ce seuil.

Combien de temps cette protection durera-t-elle? Une quatrième dose sera-t-elle nécessaire? Pour l’heure ces questions sont toujours sans réponse.