Kiev a avancé le nombre de 1,2 million de personnes déportées par Moscou en Russie. Les autorités ukrainiennes dénoncent aussi l’existence de « camps de filtration » russes, souvent dans les territoires contrôlés par la Russie dans l’est de l’Ukraine, par où passent ces « déportés ».
« Les États-Unis estiment que les forces russes ont transféré au moins plusieurs milliers d’Ukrainiens dans ces +camps de filtration+, et évacué au moins plusieurs dizaines de milliers d’autres en Russie ou dans des territoires contrôlés par la Russie, parfois sans dire aux évacués quelle était leur destination finale », a déclaré jeudi l’ambassadeur américain auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Michael Carpenter.
« Ne serait-ce que depuis Marioupol », ville portuaire stratégique désormais quasiment contrôlée par la Russie, « nous estimons que les forces russes ont déplacé de force plusieurs milliers de civils vers le territoire russe », a-t-il ajouté dans un discours prononcé à Vienne, selon la transcription publiée par le département d’État américain.
Des « actes brutaux », des « crimes de guerre »
Le diplomate a évoqué des témoignages sur les « interrogatoires brutaux », assortis de « torture », subis dans ces « camps de filtration », visant à identifier toute personne avec « la moindre allégeance à l’Ukraine ».
« Beaucoup de récits font état de confiscation des téléphones portables des détenus » voire de leurs passeports, « de mots de passe obtenus sous la contrainte, de réseaux sociaux et messageries passés au crible en quête de tout signe d’opposition à la guerre barbare menée par la Russie contre l’Ukraine », a-t-il détaillé.
« Selon ces informations, ceux qui sont jugés pro-Ukraine sont transférés dans la soi-disant ‘république populaire de Donetsk’», contrôlée par les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, « où ils font face à un sinistre sort », a encore dénoncé l’ambassadeur Carpenter.
« Ces actes constituent des crimes de guerre », a-t-il protesté. « La Russie sait bien » que de tels « déplacements forcés » sont « contraires au droit humanitaire international », a-t-il insisté.
Selon une responsable du gouvernement ukrainien, Lioudmila Denissova, « plus de 1,19 million » Ukrainiens, « y compris plus de 200.000 enfants, ont été déportés vers la Fédération de Russie ».