Journée du chocolat : Vers une norme européenne d'un cacao durable d'ici 2018?

Bousculée par le réchauffement climatique et des ONG qui l'accusent de déforestation, la filière de production du chocolat cherche à son tour, après celle de l'huile de palme, à définir un concept de «cacao durable» et une norme européenne d'ici 2018.
par
Maite
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Avant la journée mondiale du cacao qui a eu lieu hier, date de début de la nouvelle saison de production en Afrique de l'Ouest, le Syndicat du chocolat qui réunit des géants comme Nestlé, Mars, Lindt ou Ferrero, des PME comme Valrhona et quelque 4.000 artisans-chocolatiers, s'est réuni symboliquement cette semaine à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris, premier pays producteur de cacao du monde. Patrick Poirrier, président du syndicat et Pdg du groupe français Cémoi, y a exprimé le «triple défi» à relever pour arriver à un chocolat «durable» et socialement équitable, c'est-à-dire pour assainir et pérenniser le secteur.

AFP / .S. Kambou

La production de cacao «doit s'inscrire dans la lutte contre le dérèglement climatique en mettant fin à la déforestation et en développant l'agroforesterie», a dit M. Poirrier. Elle doit aussi «œuvrer à une meilleure rémunération des planteurs» et «poursuivre la lutte» contre «les pires formes de travail des enfants».

Cacao zéro déforestation

Les engagements pris par la Côte d'Ivoire en 2014 «d'aboutir à un cacao zéro deforestation» impliquent un «changement de comportement de tous les acteurs de la filière», a averti l'ambassadeur Charles Gomis: planteurs, agronomes, industriels, distributeurs, jusqu'aux associations de consommateurs, et même les États.

Pour son pays, qui compte plus de 800.000 planteurs, le cacao est stratégique: il pèse 15% du PIB ivoirien et un quart de la population dépend des cabosses de cacao, a-t-il dit.

AFP / P. Fort

Pour la première fois, un catalogue recensant ce qui est déjà mis en œuvre par les industriels sur le plan environnemental et sociétal a été publié.

AFP / S. Kambou

Le premier objectif des industriels est de renouveler les plantations plutôt que de les étendre en défrichant la forêt, alors qu'il ne reste plus que «3,4 millions d'hectares de forêt en Côte d'Ivoire contre 16 millions en 1960», selon le document.

Dans plusieurs pays comme le Cameroun, le Ghana ou la Côte d'Ivoire, beaucoup d'arbres ont été plantés il y a plus de 40 ans, or ils atteignent leur pic de production à 20-25 ans, relève le document.

Un cacao qui résiste aux maladies

«Actuellement, 70 à 80% de la production viennent de 20 à 30% des arbres», souligne Pierre Broun, directeur du centre de recherche Nestlé de Tours, qui travaille sur l'élaboration génétique de plants de cacao non OGM, résistants à la sécheresse et aux maladies. La plus préoccupante des maladies du cacaoyer est le «swollen shoot», virus à diffusion lente transmis par une cochenille contre lequel il n'existe aucune parade, et qui affecte une grande partie du Ghana et de la Côte d'Ivoire, ajoute un spécialiste.

AFP / ISSOUF SANOGO

«On est encore au début du chemin pour comprendre comment adapter la cacaoculture au changement climatique, il faut régler la question de l'eau, celle de l'ombrage, mais les questions à résoudre sont différentes selon les zones»», souligne M. Broun.

À l'image de la filière cacao équitable, depuis longtemps engagée pour bien rémunérer les planteurs, les industriels disent aussi vouloir améliorer les conditions de vie précaires des planteurs, alors que la chute des cours depuis l'an dernier fait peser le risque d'un choc social.

AFP / ISSOUF SANOGO

La norme européenne en cours d'élaboration doit fixer des standards minimums dans la plupart de ces secteurs. Elle devrait être prête d'ici la fin 2018.