Greenpeace s'attaque à la mauvaise qualité de l'air

Greenpeace a envoyé une mise en demeure au ministre wallon de l'Environnement Carlo Di Antonio et à son homologue flamande Joke Schauvliege. L'organisation leur reproche un manque d'actions pour lutter contre la pollution de l'air.
par
Camille
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«Nous sommes tous en train d'empoisonner nos enfants.» Le constat dressé par Joeri Thijs, de Greenpeace, sur la qualité de l'air en Belgique, est alarmant. «Ils sont encore plus sensibles que les adultes à l'inhalation d'air pollué», rappelle-t-il. L'ONG de protection de l'environnement vient de mettre en demeure les régions wallonne et flamande face à ce problème. À Bruxelles, où le problème est pointé du doigt de longue date, la Région est déjà convoquée devant la justice, suite à des plaintes déposées par l'association Client Earth et la plateforme citoyenne Clean Air BXL. Les différentes organisations justifient leurs actions par les risques induits par un air trop pollué.

La Wallonie se défend

Le ministre wallon de l'Environnement, Carlo Di Antonio (cdH), se défend de tout laxisme. Différentes mesures sont en préparation (voir ci-dessous), et seront adoptées «dans les mois qui viennent», afin de réduire la pollution de l'air. Concernant la mise en demeure de Greenpeace, il assure que la Région se plie à la directive européenne en la matière. «La règle nous impose d'avoir six stations de mesure, nous en avons 18. Et les taux mesurés sont inférieurs aux exigences de la commission», assure-t-il. Il recevra prochainement Greenpeace afin d'analyser leurs données.

 

L'ONG maintient pourtant ses accusations contre la Région. Elle estime que les stations de mesures sont installées dans des lieux qui ne témoignent pas de l'air réellement respiré par les Wallons. «À Namur, elle est installée à 10 km du centre-ville, ce n'est pas révélateur», pointe-t-elle. A Liège, les calculs menées en ville montrent plusieurs dépassement des normes, parfois de façon importante. Si aucune solution n'est trouvée, «un juge tranchera». La saisie de la justice pourra intervenir 30 jours après la mise en demeure.

Étude alarmante sur la qualité de l'air

La mise en demeure de Greenpeace intervient après la publication d'une étude commandée à l'Institut tropical et de santé publique suisse. Ces conclusions affirment qu'il n'existe «aucun niveau sûr de pollution de l'air». Ainsi, même quand les concentrations sont inférieures aux normes européennes, «il y a tout de même un impact négatif significatif sur notre santé.» Surtout, elle affirme que les enfants sont particulièrement sensibles à ces émissions, qui engendrent un risque d'asthme. Celui-ci augmente de 15% chez les enfants chaque fois qu'ils sont exposés à 10 µg/m3 (microgramme/m3) de NO2 en plus (en moyenne annuelle). Or, la limite prônée par l'Europe s'élève à 40 µg/m3.

Carlo Di Antonio va présenter un plan pour l'air wallon

La région Wallonne estime que la qualité de l'air correspond aux exigences européennes. Le ministre de l'environnement, Carlo Di Antonio, dit toutefois être conscient du besoin d'aller plus loin. «Un arrêté est en préparation pour pouvoir verbaliser les voitures qui restent à l'arrêt trop longtemps avec le moteur allumé, par exemple lorsque les parents déposent les enfants à l'école. La fiscalité doit également être revue afin de favoriser les véhicules moins polluants. Enfin, un cadre légal va être créé pour permettre aux communes qui le souhaitent de créer des zones basses émissions, où les véhicules les plus polluants seront progressivement interdits.»