Un train à près de 500 km/h pour relier Brussels Airport à Charleroi

Des ingénieurs estiment possible de mettre sur pied à court terme un train circulant jusqu'à 500km/h. Cela mettrait l'aéroport de Bruxelles à neuf minutes de celui de Charleroi.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

Les trains à grande vitesse se substituent de plus en plus souvent aux avions pour les moyennes distances. Le développement du Thalys a sonné le glas des liaisons aériennes vers Paris, tandis que celles vers Londres et Amsterdam sont concurrencées par les trains qui relient centres-villes à centres-villes. Les trains européens les plus rapides roulent autour de 350 km/h, et des ingénieurs belges et suisses misent sur un nouveau système, le "métro-avion", pour atteindre les 500 km/h. Il pourrait entrer en activité à court terme, alors que le marché de la grande vitesse ferroviaire est bousculé par le projet d'hyperloop du milliardaire Elon Musk, un train qui circulerait à 1.200 km/h.

Le "métro-avion" pourrait relier Amsterdam à Bruxelles en 46 minutes avec arrêt à Rotterdam et Anvers (minimum 1h50 aujourd'hui), ou Bruxelles à Strasbourg en une heure (près de 5 h à l'heure actuelle). La technologie envisagée, développée par l'École Polytechnique de Lausanne, consiste à faire circuler des trains par guidage magnétique dans des tunnels dépressurisés à 30 m sous terre. Le système doit d'abord être testé sur une distance courte. Par exemple, entre Zaventem et l'aéroport de Charleroi, qui pourraient être reliés en neuf minutes.

Un super-aéroport à Charleroi

"L'aéroport de Zaventem est, à terme, condamné", prévient Gérard Delruelle, ancien président de Cockerill-Sambre, et l'un des porteurs du projet. "Il est le dernier aéroport européen dont les avions ayant décollé depuis 10 km ont survolé un minimum de 120.000 habitants. Une décision judiciaire finira par imposer sa fermeture." Les concepteurs du "métro-avion" voient une solution dans la connexion de l'aérogare de Zaventem, où continueraient de s'enregistrer les passagers, et les pistes d'un aéroport carolo considérablement agrandi. Les passagers iraient d'un point à l'autre grâce à ces navettes ultrarapides. Tous les vols belges décolleraient alors au-dessus de zones rurales, limitant les nuisances pour les habitants.

Reste la question du coût. Les ingénieurs l'estiment à 40 millions€ par kilomètre, alors qu'en ligne droite, 47 km relient les deux sites. L'investissement pourrait être soutenu par la valeur des terrains occupés jusqu'ici par les pistes de Brussels Airport. Les 1.200 hectares dégagés, d'une valeur de 4 milliards €, permettraient la création d'une ville nouvelle. La valeur des constructions possibles sur cette surface est estimée à 30 milliards € «minimum».

Les promoteurs de le "métro-avion", aimeraient convaincre les autorités belges. Tout le monde y gagnerait, estime Gérard Delruelle. "Les Flamands pourraient construire une nouvelle ville sur la surface libérée à Zaventem, les Bruxellois ne seraient plus survolés, et les Wallons auraient un nouvel aéroport." Ce premier tronçon ouvrirait la porte à de nouvelles lignes, plus longues. Si les Européens ne sont pas intéressés, «nous nous tournerons vers la Chine», avertissent les ingénieurs. Avec l'espoir de s'imposer rapidement, sur un marché où la concurrence est vive.