Jeff Bridges de retour dans «The Old Man»: «Je me sens nettement plus vieux qu’il y a quelques années»

Le temps n’épargne personne. Demandez plutôt à Jeff Bridges (72 ans). Il y a deux ans, l’acteur (‘The Big Lebowski’, ‘Iron Man’) a eu un lymphome, et durant sa chimio, il a attrapé la COVID. Bridges s’en est sorti et porte même un vrai drame d’action sur ses épaules, la série ‘The Old Man’, où il joue un ex-agent de la CIA en fuite.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Quel effet ça fait de jouer le rôle principal dans une série intitulée ‘The Old Man’?

Jeff Brdges : «Je n’y vois pas d’inconvénient. Je suis tout compte fait un vieil homme aujourd’hui. Après toutes ces histoires avec ma santé, c’est certain, je me sens nettement plus vieux qu’il y a quelques années.»

Que signifie vieillir pour vous?

«Vous savez, à cause de cette maladie, je suis devenu encore plus qui j’étais déjà. Quand vous êtes confrontés de la sorte à votre condition de mortel, vous ne vous retenez plus. Vous réfléchissez à vos philosophies, votre spiritualité, les façons dont vous abordez les problèmes dans votre vie, et vous tranchez tous les noeuds gordiens. Vous devenez ainsi une sorte de version plus profonde de vous-même. Comme une théière dont le contenu a bien infusé pendant longtemps.»

Il paraît que vous avez surtout souffert de la COVID, et que vous aviez au départ quelques problèmes de mémoire. Un souci pour tourner ‘The Old Man’?

«Cela m’inquiétait, oui. J’ai donc travaillé mon texte encore plus. Mais mes problèmes de mémoire concernent moins des choses à retenir que des noms à me rappeler. Et je perds plus facilement le fil quand je raconte quelque chose. Mais les tournages se sont finalement bien passés. Nous avons dû tout arrêter quand j’ai eu le cancer, et quand je suis revenu sur le plateau, j’ai tourné avec John Lithgow une scène de 20 minutes. Cela s’est passé sans problème et nous nous sommes formidablement amusés.»

Vous avez 72 ans. La question «Comment faire croire au public que je peux être plus fort que tous ces jeunes acteurs dans un combat?» vous a-t-elle traversé l’esprit?

«Faire des films est une illusion. C’est un tour de passe-passe. Le but est de tromper le public. Cela commence par le scénario, que vous essayez en tant qu’acteur de jouer de la manière la plus crédible possible. Pour cela, vous êtes aidé par toutes sortes d’experts, comme les cascadeurs. Sur le plateau, nous avions aussi une personne avec une expérience à la CIA qui m’a dit des tas de choses sur ses stratégies et techniques. Et puis il y a aussi les réalisateurs et le reste de l’équipe. Nous travaillons tous ensemble pour rendre cette histoire réaliste et captivante. En résumé, j’ai surtout beaucoup profité du travail d’autres personnes.» (rire)

Vous n’avez jamais fait beaucoup de séries télé dans votre carrière. Pourquoi avoir choisi celle-ci?

«J’ai toujours été méfiant envers la télévision. Mon père, Lloyd Bridges, a joué dans des tas de séries. Contrairement à beaucoup de gens du milieu, il ne les a jamais dédaignées. Au contraire, il nous a encouragés mon frère Beau et moi à y goûter. Mais je voyais aussi qu’avec la télé il était parfois frustré d’avoir très peu de temps pour faire du bon travail. C’est pour ça que j’étais un peu dubitatif. Mais ces dernières années, la télé fait tant de choses formidables que je me suis dit qu’il fallait peut-être que je voie ce que ce projet avait à offrir exactement.»

Votre père a été acteur toute sa vie. Quelle est la chose principale que vous avez apprise avec lui?

«Son attitude. J’ai eu la chance de pouvoir jouer avec lui dans deux films, ‘Tucker’ et ‘Blown Away’, et ce n’est qu’alors que j’ai vraiment compris sa méthode de travail. Il dégageait une joie communicative. Il apparaissait sur le plateau avec une attitude du genre ‘Mais quel chouette boulot quand-même! Tous ces artistes réunis!’ Cela calmait tout le monde. Il nous faisait comprendre que nous ne devions pas être tendus ou anxieux entre nous. Et cela permettait à chacun de donner le meilleur de lui-même. J’essaie de faire ça aussi. Jouer la comédie, c’est comme faire de la musique ensemble. On y va et on voit où cela nous mène.»

The Old Man

Secrets, intentions cachées et doubles identités. Ce sont les ingrédients de la série ‘The Old Man’. Comptez les plans où les personnages se reflètent dans quelque chose, apparaissant ainsi deux fois à l’écran. Très approprié pour l’histoire d’un homme (Jeff Bridges, magnétique comme toujours), qui vit sous une fausse identité depuis des années, depuis qu’il a renoncé à son job d’agent secret en jouant un tour à son employeur de l’époque, la CIA. Mais la visite d’un intrus l’oblige à réagir, malgré son âge, et il ne tarde pas à constater que le gouvernement (le délicieux John Lithgow) n’a pas abandonné la chasse. ‘The Old Man’ est non seulement un thriller d’action intriguant sur fond politico-historique (Afghanistan), il est tout aussi efficace en tant que drame relationnel émouvant. Le titre peut en effet aussi se traduire par ‘le père’, et la série aborde largement les liens, tant biologiques qu’émotionnels, entre les générations. Bonne nouvelle: la saison 2 est déjà commandée.

‘The Old Man’ est maintenant disponible sur Disney+.