L’UE discute «en urgence» de nouvelles sanctions contre la Russie, mais l’Allemagne et l’Autriche ne veulent pas toucher au gaz russe

L’Union européenne discute en «urgence» de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l’Allemagne, après la découverte d’un grand nombre de corps de civils dans la région de Kiev, a indiqué lundi le haut représentant de l’UE Josep Borrell.

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AFP/Belga avec rédaction en ligne
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L’Union européenne discute en «urgence» de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l’Allemagne, après la découverte d’un grand nombre de corps de civils dans la région de Kiev, a indiqué lundi le haut représentant de l’UE Josep Borrell.

L’unanimité est nécessaire pour l’adoption de nouvelles mesures

L’UE «condamne dans les termes les plus forts les atrocités rapportées commises par les forces armées russes dans plusieurs villes ukrainiennes occupées, qui ont maintenant été libérées», ajoute M. Borrell dans un communiqué.

Un nouveau train de sanctions est en discussions entre les 27, mais l’unanimité est nécessaire pour l’adoption de nouvelles mesures.

Le président français Emmanuel Macron a évoqué lundi des sanctions individuelles et des mesures sur «le charbon et le pétrole», mais il n’a pas mentionné les achats de gaz, sujet de division entre les Européens.

L’Allemagne ne peut pas se passer à court terme des livraisons russes de gaz

À son arrivée à une réunion de l’Eurogroupe lundi à Luxembourg, le ministre allemand des Finances Christian Lindner a répété que l’Allemagne ne peut pas se passer à court terme des livraisons russes de gaz. «Nous devons envisager de dures sanctions, mais à court terme les livraisons de gaz russes ne sont pas substituables» et les interrompre «nous nuirait plus qu’à la Russie», a-t-il indiqué. Le ministre autrichien des Finances, Magnus Brunner, a également indiqué que son pays ne veut pas que l’on vise le gaz russe.

Des sanctions sur le pétrole? «La Belgique ne s’y opposera certainement pas»

Vincent Van Peteghem, qui participe à la réunion pour la Belgique, a appuyé la nécessité de prévoir un nouveau paquet de sanctions, après les images révélées durant le week-end. «Je pense que l’on devrait accélérer le processus d’un cinquième paquet de sanctions. Bien sûr, elles doivent avoir davantage d’impact sur la Russie que sur l’UE», a-t-il souligné à son arrivée, sans nommer cependant le gaz. Pour ce qui est du pétrole, «la Belgique ne s’opposera certainement pas» à une mesure visant ce secteur, a-t-il affirmé.

Le chancelier allemand Olaf Scholz avait lui aussi réclamé dimanche de nouvelles sanctions après la découverte des corps de civils à Boutcha, près de Kiev, des meurtres imputés à l’armée russe qu’il a qualifiés de «crimes de guerre».

Une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE est programmée le 11 avril à Luxembourg et un sommet européen extraordinaire consacré au conflit en Ukraine, à la situation économique et à la Défense européenne est prévu «fin avril début mai», ont indiqué les services de Josep Borrell.

Une commission d’enquête internationale sur «un génocide»

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé lundi à la création d’une commission d’enquête internationale sur «le génocide» commis selon lui par l’armée russe dans des villes ukrainiennes, dont Boutcha, où les corps de 410 civils ont été découverts après le retrait des troupes russes, selon la procureure générale d’Ukraine.

Moscou dément avoir tué des civils et le ministère russe de la Défense affirme que les images de cadavres étaient «une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux».

Lors du point presse quotidien de la Commission européenne, le porte-parole en charge des questions d’Affaires étrangères a balayé cette hypothèse. Les zones dont on parle «étaient sous contrôle des troupes russes, donc bien sûr que personne d’autre ne peut avoir commis ces atrocités», a indiqué Peter Stano. ll faut cependant une enquête pour établir les faits, et la Commission compte pour cela sur le procureur de la Cour pénale internationale, qui en a annoncé une début mars, et sur les travaux de la commission d’enquête du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, comme l’a rappelé Josep Borrell lundi.