Les places de concerts vont-elles coûter de plus en plus cher?

Cet été, plusieurs grands concerts ont eu lieu au stade Roi Baudouin: The Rolling Stones, Ed Sheeran ou encore Coldplay. Le point commun entre ces shows gigantesques: il fallait débourser au moins 100€ pour obtenir une (bonne) place. Faudra-t-il bientôt payer 200€ pour assister au concert d’un artiste international?

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Le 11 juillet dernier, vous vouliez assister au concert des Rolling Stones? C’était une excellente idée mais il fallait débourser au minimum 149€. Les places les plus chères étaient quant à elles proposées à 489€. Moins de deux semaines plus tard, les 22 et 23juillet, c’était au tour d’Ed Sheeran de jouer dans le stade bruxellois. Il fallait compter 72,4€ pour des places assises en catégorie 3 (les moins chères), 90€ pour une place debout dans le parterre et 101€ pour une place assise en catégorie 1. Enfin début août, pour les quatre dates de Coldplay à Bruxelles, même si certaines places ont été proposées à des prix bradés (une trentaine d’euros), il fallait compter entre 95 et 138€ pour obtenir une bonne place.

Les prix dynamiques

Ces tarifs posent question. Dans les prochaines années, faudra-t-il systématiquement payer 200 ou 300€ pour assister au concert de son groupe préféré? Malheureusement, tous les coûts augmentent (de la location du matériel, à son transport en passant par les dizaines, voire les centaines, de techniciens) et les prix ne vont pas à la baisse. Le phénomène n’est d’ailleurs pas nouveau et cela fait 20ans que les prix flambent. Il y a donc fort à parier que la tendance à la hausse se poursuivra dans les prochains mois.

Aux États-Unis, une nouvelle pratique a également fait son apparition: les «prix dynamiques». Le principe? Le prix des billets est fixé automatiquement en fonction de l’offre et de la demande. C’est ainsi que pour la tournée américaine 2023 de Bruce Springsteen, les fans se sont retrouvés avec certains tickets passant en quelques jours de 500 à 1.000€, puis à 2.000€ et même 5.000€. Cinq jours après le début de la mise en vente de billets, il fallait débourser 12.290€ pour des tickets au premier rang.

Indochine à contre-courant

Heureusement, ces tarifs élevés ne concernent que les grosses pointures internationales et les concerts prisés. Même s’ils sont effectivement plus chers qu’il y a 10ans, il existe encore un tas de concerts accessibles. Cette rentrée, vous pouvez ainsi aller voir Tom McRae ou Cascadeur au Botanique pour moins de 25€ en prévente, et même pour 21,5€ avec la Botacarte. À l’AB, l’autre salle bruxelloise emblématique, il est possible de voir Two Door Cinema Club ou Hot Chip pour une trentaine d’euros.

Et même parmi les groupes qui jouent dans les stades, il existe des exceptions. De mai à juillet, Indochine a fait la tournée des cinq plus grands stades en France avec son «Central Tour» qui célébrait les 40ans du groupe. C’était une volonté de Nicola Sirkis, le leader du groupe: proposer des concerts grandioses à des prix abordables. Les tarifs se situaient entre 60 et 85€. «Il n’y a aucune raison que les concerts soient chers, à part vouloir gagner plus. Je n’ai jamais été motivé par l’argent: nous sommes déjà si privilégiés! Mais je dois être trop naïf… Je regrette de voir des artistes irréprochables à mes yeux succomber aux «early entrances» (billets payés plus cher pour rentrer plus tôt dans la salle) ou aux «carrés or». On se retrouve alors en concert comme dans un avion, avec première classe et classe éco. Comme chacun veut se sentir VIP, ces offres fonctionnent, mais ce sont toujours les plus aisés qui en profitent. Je refuse ce système de privilège par l’argent», déclarait déjà Nicola Sirkis en 2016. Un exemple à suivre?

Les spectateurs ont aussi leur mot à dire. Vous trouvez qu’un concert est trop cher? N’y allez pas ou attendez! Ainsi, il ne faut pas oublier que même s’il était très attendu, le concert des Rolling Stones n’affichait pas complet. Même chose pour Ed Sheeran. Si les tickets pour la première date sont partis en deux heures, les organisateurs ont eu toutes les peines du monde à remplir le stade Roi Baudouin le lendemain. À quelques jours du concert, on trouvait des tickets «bradés» à 25€.

Vers la fin de la revente de places?

Depuis quelques années, des plateformes comme Ticketswap facilitent la vie des mélomanes en mettant en relation des personnes qui vendent leur place de concert et des personnes à la recherche du précieux sésame. Malheureusement, ce modèle tend déjà à disparaître. On l’a vu cet été avec le Pukkelpop: impossible de trouver des places sur Ticketswap. Pour revendre une place, il fallait passer par la plateforme officielle du Pukkelpop et passer à la caisse (16€) pour changer le nom qui figure sur le ticket. Même chose pour les concerts de Coldplay au stade Roi Baudoin, impossible de trouver des places sur Ticketswap. Par contre, les billets n’étaient pas nominatifs. Ils pouvaient donc être revendus sur 2ememain et autre Facebook Market… avec tous les risques que cela représente.