Le sexe en déclin: pourquoi les gens s’envoient de moins en moins en l’air

Jeunes et moins jeunes, à deux ou solo, hommes et femmes: depuis quelques années, les gens délaissent les pratiques sexuelles. C’est le constat que tire une nouvelle étude. Mais qu’est-ce qui explique ce désintérêt pour le sexe? Les chercheurs se sont penchés sur la question.

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On sait depuis longtemps que le sexe n’est pas qu’une question de reproduction, loin de là. Une sexualité épanouie est bénéfique pour notre santé, notre bien-être, nos relations… Bref, pour notre bonheur. Pourtant, une nouvelle étude menée auprès de 4.000 Américain.es de 14 à 49 ans dresse un tableau étonnant: depuis 2009, les rapports sexuels sont en chute libre.

Ce déclin concerne tout type d’activité sexuelle, en ce compris la masturbation en solo, mais aussi toutes les catégories d’âge étudiées, adolescents comme adultes.

«Notre étude s’ajoute aux recherches menées au Royaume-Uni, en Allemagne, au Japon et dans d’autres pays qui ont fait état d’une diminution des rapports sexuels; ces diminutions sont notables et ne s’expliquent pas facilement par un seul changement, comme la technologie ou le stress», pointe Dr. Debby Herbenick, autrice de l’étude, dans un entretien avec Atlantico. Dès lors, à l’heure où le sexe est omniprésent dans notre société, comme expliquer ce phénomène?

Un mélange de plusieurs facteurs

Selon les chercheurs, plusieurs hypothèses pourraient expliquer ce désintérêt pour le sexe. Premièrement, la consommation croissante des écrans et des réseaux sociaux. «Il se peut également que les gens soient plus occupés ou plus stressés, qu’ils passent plus de temps en ligne, y compris plus de temps à regarder la télévision et des films», note Debby Herbenick. Aujourd’hui par exemple, les séries sont consommées en binge watching, «alors que dans les années précédentes, le visionnage était peut-être plus équilibré avec d’autres activités». Idem pour les jeux vidéo.

Les auteurs de l’étude notent également que les jeunes boivent moins d’alcool qu’auparavant [l’alcool étant associée à la désinhibition]. En outre, ils sont plus sensibilisés à la question du consentement. Ce qui leur fait probablement prendre plus de précautions avant de passer à l’acte sexuel.

Le sexe brutal freine les jeunes

Enfin, les auteurs soulèvent l’hypothèse selon laquelle la popularisation et la généralisation du «rough sex» [rapports sexuels brutaux] tendraient à renforcer ce déclin.

Et il ne s’agit pas uniquement de fessée ou de tirer les cheveux. Selon eux, des pratiques comme l’étouffement ou l’étranglement pendant les rapports sexuels sont devenues majoritaires chez les moins de trente ans; notamment sous l’influence de la pornographie ou de la culture populaire («50 Nuances de Grey» et consorts). S’il s’agit souvent de pratiques consenties et appréciés des concernés, les scientifiques notent que le «rough sex» peut être intimidant, voire même décourager certains de s’engager dans une relation sexuelle.

Pour les scientifiques, difficile d’évaluer l’impact précis de ces facteurs sur le désintérêt global de la pratique sexuelle. Quant à savoir comment inverser la tendance? À vous de faire jouer votre imagination!