Le partage de compte est-il voué à disparaître sur Netflix et les autres plateformes de streaming?
Cela fait des années qu’on en parle et cela va bientôt devenir une réalité. Netflix s’apprête à lutter contre le partage de compte en rendant cette option payante. La fonctionnalité est actuellement testée dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et d’Amérique Latine. Le supplément pour partager son abonnement avec d’autres utilisateurs et ajouter «un membre supplémentaire» est de 3 €. En payant cette option, les détenteurs de l’abonnement basique pourront ajouter une destination supplémentaire à leur compte, contre trois pour les abonnés Premium. Mais il a fort à parier que chez nous, le tarif soit plus élevé. Car une chose est sûre: Netflix va progressivement rendre payant le partage de compte dans tous les pays, dont la Belgique.
Pendant des années, Netflix a préféré fermer les yeux sur cette pratique. Cela lui a permis de se faire connaître auprès du plus grand nombre. Mais aujourd’hui, la fête est finie. Le géant américain commence à perdre des abonnés, la concurrence est de plus en plus rude, et il a besoin d’argent. «Le partage de compte répandu aujourd’hui entre les ménages sape notre capacité à long terme à investir dans notre service et à l’améliorer», explique Netflix.
Au total, le géant du streaming estime de 100 millions de personnes dans le monde ne paye pas d’abonnement car elles profitent d’un abonnement partagé.
L’un des avantages de Netflix est de pouvoir regarder des films et des séries sur plusieurs supports (télé, smartphone, tablette…) à la maison comme en déplacement. La question que tout le monde se pose est donc comment est-ce que Netflix va vérifier si on partage son compte? À première vue, lorsqu’on regardera Netflix sur des appareils mobiles, Netflix ne va pas faire d’histoires. C’est sur la télévision que le partage de compte sera plus compliqué. «Vous pouvez regarder Netflix sur un téléviseur à l’extérieur de votre domicile jusqu’à deux semaines tant que votre compte n’a pas été utilisé auparavant à cet endroit. Ceci est autorisé une fois par emplacement et par an», a annoncé la plateforme en Argentine.
La fin du partage de compte semble donc inévitable pour les abonnés Netflix. Mais les autres plateformes vont-elles suivre le mouvement? Du côté de Disney+, le seul et uniquement abonnement proposé permet depuis le début de créer jusqu’à sept profils différents et permet à quatre utilisateurs de regarder simultanément du contenu sur la plateforme. À l’heure actuelle, Disney+ ne prévoit pas de lutter contre le fait de partager son compte avec sa famille ou des amis. Par contre, l’abonnement a déjà pas mal augmenté depuis son lancement chez nous en septembre 2020. Actuellement, il faut débourser 89,90 € par an ou 8,99 € par mois pour accéder à Disney+ (soit 20 € de plus par an et 2 € de plus par mois par rapport au lancement).
Du côté de la plateforme Prime Video, le partage de compte est un peu plus compliqué puisqu’il est lié au compte Amazon Prime. Dans la pratique, il est possible d’ajouter une personne à son compte (en théorie du même foyer) pour qu’elle puisse profiter de la livraison gratuite et du streaming. Prime Video est donc nettement moins touché par le partage de compte. Mais cela n’empêche pas la plateforme de prochainement augmenter ses prix. À partir du 15 septembre prochain, l’abonnement passera de 49 € à 69,9 € par an, soit une augmentation de 43%.
Du côté de Disney+ et Prime Video, le partage de compte n’est donc pas menacé, pour le moment. Par contre, les utilisateurs n’échapperont pas à la hausse des prix.
Dans ce contexte où le prix des abonnements aux plateformes de streaming ne cesse d’augmenter, il existe une solution pour payer moins cher. Lancée en 2019, le site français Spliiit permet de mettre en relation les utilisateurs qui partagent leur abonnement et ceux qui veulent en profiter en payant une contre-patrie financière. Sur Spliiit, il faut compter 2,32 €/mois pour une «place» sur Disney+, 5,08 € sur Netflix et 3,15 € pour un accès à Spotify.
La plateforme joue sur le flou autour de la notion de «foyer». À la fin de l’année dernière, en France, Netflix, Disney et Apple, réunis au sein de l’Alliance for Creativity and Entertainment (ACE), avaient lancé une action en référé contre Spliiit, l’accusant de «concurrence déloyale». Mais la justice française a débouté les plaignants, estimant que le terme de «foyer» était trop flou et n’avait pas de valeur juridique. C’est ainsi qu’à l’heure actuelle, 140.000 utilisateurs actifs profitent des services de Spliiit.
D’ailleurs, ce succès donne des idées à certaines plateformes. «On est en discussion constante avec les éditeurs, certains viennent maintenant nous voir pour être référencés sur Spliiit, et nous aidons certaines entreprises à mettre en place des offres de comptes partagés», a récemment expliqué le co-fondateur de Spliiit au Parisien.
Comme Spliiit, Sharesub est une autre plateforme qui permet de facilement partager ses abonnements.