Flavia Coelho, des sound systems à la musique brésilienne

Le Brésil est un pays mélangé, et sa musique, mix de rythmes afro, caribéens, et autres, est à son image. Flavia Coelho en est certainement le meilleur exemple. Rencontre avec la plus française des musiciennes brésiliennes.
par
Camille
Temps de lecture 2 min.

Musicalement, "Sonho real" un véritable mélange de genre. Comment le définirais-tu ?

"C'est de la musique brésilienne ! Qu'est-ce que c'est, la musique brésilienne ? Ça n'est pas que la samba ! Le Brésil est un pays aux origines multiples, avec des gens venus d'Europe, d'Afrique, du Maghreb, du Japon. Et sa musique, aujourd'hui, est le reflet du monde. Il y a du hip hop, du reggae, du rock, du métal… Il y a de tout. Pour cet album, j'ai exploité ce qui existe, pour sortir un peu de ce que j'appelle la ‘musique cocotiers' !"

Dans certaines chansons, on entend des passages qui évoquent un peu les sound systems.

"J'ai grandi dans cette ambiance, c'est un milieu que j'aime particulièrement. Je suis une fille du reggae, j'aime poser ma voix sur un son, improviser. J'aime les ambiances de sound system, c'est un exercice très collectif. On s'amuse beaucoup."

Comment est venue l'idée de ce troisième album, "Sonho real" ?

"Un peu par hasard, en fait. Je n'avais pas de projet bien précis, et j'écrivais quelques chansons de temps en temps. Comme toujours, j'étais inspirée par les questions de société, comme le racisme, les problèmes des femmes, et l'amour. Sans projet concret d'album, j'ai préparé tout ça ‘à la maison' : au café de mon quartier, à Paris, chez le buraliste… Tout ça très tranquillement. Et quand ma maison de disque m'a proposé de sortir un troisième CD, on a travaillé avec mon producteur, Victor Vagh. Il est très important pour ma musique, et tout est allé très vite."

Avant de composer comme aujourd'hui, tu as exploré pas mal de styles…

"J'ai commencé à chanter à 14 ans, dans un groupe de samba. Après, j'ai chanté avec des groupes de folk, de hip hop, de métal, plein de choses."

Du métal à ce que tu fais aujourd'hui… Il y a un grand écart !

"En effet ! Ce parcours explique la musique que je fais aujourd'hui. Elle est le résultat de nombreuses expériences et rencontres. C'est comme cela que j'aime composer, au fil des découvertes de nouvelles personnes. Depuis que je suis arrivée à Paris en 2006 et au fil des tournées, ça n'a pas arrêté. Je fais connaissance avec des gens en permanence, c'est une grande source d'inspiration."

Pourquoi as-tu choisi Paris ?

"C'est une ville où j'étais venue une première fois en 2002, avec mon groupe. J'ai eu un coup de foudre pour la ville et ses artistes. Il faut aussi dire que beaucoup de ceux qui m'inspirent y ont vécu. Je pense à des artistes comme Gilberto Gil et Youssou Ndour. Mais aussi des écrivains comme Hemingway ou Bukowski, ou des auteurs contemporains comme Magyd Cherfy et Gael Faye. Et puis Paris, c'est une ville très cosmopolite, avec beaucoup d'africains. Pour moi qui suis afro-brésilienne, c'est intéressant de découvrir ce monde. Tout cela fait de Paris un endroit très stimulant pour écrire."

Flavia Coelho sera en concert à l'ABClub le 9 décembre

 

"Sohno Real", Flavia Coelho (Pias)

Pour son troisième album, Flavia Coelho explore les sons métissés qui font vibrer le Brésil. Les rythmes caribéens, dominants, côtoient les notes rythmées du ska avec quelques sons tout droit sortis de la tradition des sound systems. Entre joie de vivre et sensualité, la chanteuse brésilienne propose une musique dansante qui ne demande qu'à s'exporter sur scène.