Voici pourquoi nous aimons tant les séries et films apocalyptiques

La série à succès The Last of Us vient confirmer une tendance: le public est fortement intéressé par les œuvres dystopiques. Les experts pensent savoir pourquoi, et cela pourrait être bénéfique!

par
Cédric Dujeux
Temps de lecture 3 min.

Qui n’a jamais vu ou apprécié une œuvre apocalyptique? Que ce soit dans les livres («Je suis une légende»), les films («La guerre des mondes»), les séries («The Walking Dead») ou même les jeux vidéo («The Last of Us»), ce style existe depuis longtemps et a encore de beaux jours devant lui.

Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un récit fonctionne tellement sous une forme qu’il est adapté sous une autre: «Je suis une légende» a été adapté au cinéma après avoir rencontré un beau succès parmi les livres. Même chose pour «The Last of Us»: le jeu vidéo a été tellement acclamé par le public qu’une adaptation au format série vient de voir le jour. Elle rencontre un succès encore plus grand.

«The Last of Us» prend racine dans un monde post-apocalyptique et fait part d’un récit survivaliste, teinté d’amour et de mort. Mais comment expliquer que des œuvres aussi pessimistes trouvent preneurs au sein du public? Des experts se sont penchés sur la question.

Apocalypse… Now?

«Les récits post-apocalyptiques existent depuis toujours» déclare Chris Begley au HuffPost. Il est archéologue, professeur d’anthropologie et auteur de «The Next Apocalypse: The Art and Science of Survival». Il constate que les menaces dans ces histoires changent avec le temps et reflètent des préoccupations contemporaines, telles que la guerre nucléaire dans les années 50 et les contagions dans les années 80 et 90. Selon lui, l’immense succès que rencontre ce genre traduit les craintes du public : «Aujourd’hui, elles semblent plus populaires que jamais, et cela pourrait refléter une plus grande anxiété créée par le changement climatique, les changements politiques vers l’autoritarisme, le stress économique ou un certain nombre d’autres préoccupations.» S’il y a de l’offre, c’est qu’il y a de la demande, logique.

Curiosité morbide

Selon Coltan Scrivner, spécialiste du comportement et chercheur à l’université d’Aarhus au Danemark, le public s’intéresse à ces récits par curiosité malsaine. «Les séries post-apocalyptiques nous permettent d’explorer mentalement des territoires inconnus, ce qui peut conduire à un sentiment de plaisir lorsque cela est fait en toute sécurité, par exemple depuis le canapé de votre salon.»

C’est la même curiosité morbide qui pousse des automobilistes à ralentir sur la route pour observer lorsqu’il y a un accident. Courtney Tracy, psychothérapeute, va plus loin dans son analyse: «[face à des œuvres apocalyptiques] nous sommes capables d’expérimenter la montée de la peur, de l’adrénaline, du suspense. Cela peut contribuer à rendre notre propre monde, qui peut être parfois banal, beaucoup plus intéressant.» Elle ajoute que cela nous permet même de relativiser vis-à-vis de ce qu’on vit au quotidien.

Être préparé au pire

Mieux encore, le fait de regarder des œuvres apocalyptiques permettrait de faire baisser l’anxiété lorsque certaines situations se traduisent dans la réalité (à une échelle bien moins importante évidemment). Du moins, c’est ce qu’ont prouvé certaines études : les personnes qui avaient vu des films sur le thème de la pandémie avant ou pendant l’épidémie de COVID-19 ont déclaré être moins anxieuses au cours des premiers mois de confinement.

Les œuvres (post-)apocalyptiques, qui se veulent anxiogènes, permettraient donc de faire baisser l’anxiété des gens, en plus de les pousser à relativiser. Il faut dire que souvent, dans ces récits, les héros sont Monsieur et Madame Tout-le-monde. De quoi faciliter l’identification et la projection de la part des spectateurs.

Retrouvez toute l’actu sur Metrotime.be