On ne se moquera plus de ceux qui parlent à leurs plantes ou qui leur font écouter de la musique classique! En 1862, Darwin étudiait déjà cette science, entre art et savoir, qu'est la «phytonologie». Il passait 3 heures par jour devant son mimosa pudique en jouant du basson, espérant le voir bouger, en vain.
Il a fallu attendre 1960 et l'expérience d'un agent de la CIA, Cleve Backster, pour observer une réaction électrique. Il a placé des électrodes sur une plante, l'a arrosée, a mis de la musique et lui a dit des mots doux. La plante a réagi avec des signaux électriques similaires aux signaux émis lors de la sécrétion de sérotonine. À l'inverse, il a approché une paire de ciseaux et du feu près de la plante, cette dernière a répondu avec des signaux électriques similaires à ceux que nous produisons lorsque nous avons peur.
Si les plantes sont réceptives aux sons, elles sont aussi capables d'en produire! Mais comment les écouter? Un peu à la manière de M. Backster, il suffit de placer un capteur sur elles et de le relier à un boîtier transcodeur. Ce boîtier capte les oscillations et les vibrations électriques des plantes qui sont ensuite transcodées en notes de musique.
On peut, par exemple, placer un capteur sur la racine d'un géranium, et un autre sur une feuille. La différence de polarité électrique entre la feuille et la racine va être captée, ce qui va créer une ondulation qui va ensuite être transcodée en son. On associe alors à cette partition végétale des instruments sur un synthétiseur, un ordinateur ou un smartphone.
«Les plantes, qui d'un point de vue cognitif se trouvent au même niveau que les animaux, nous expriment des choses», explique le pépiniériste français Jean Thoby, qui a inventé le terme «musiniériste», au Parisien. «On peut comprendre si la plante est en bonne santé ou pas, si son environnement est agréable ou pas. ( ) Et même si on ne comprend pas tout, pendant les concerts botaniques, on passe des moments très agréables», explique-t-il encore.
Il faut avouer que c'est assez bluffant. Très agréable, le son que les plantes dégagent, peut aider à la relaxation. On est proche de la musique classique ou baroque.
Jean Thoby conseille d'attendre au moins une demi-heure pour entendre tous les sons d'une plante. «C'est presque un orchestre symphonique». Plus on écoute, plus on devient réceptif, selon le pépiniériste, qui donne régulièrement des conférences-concerts.
Certaines plantes chantent plus que d'autres: les graminées, par exemple, seraient moins chanteuses que les plantes à fleurs, qui le seraient moins que les conifères, selon M. Thoby. Le son changerait également en fonction du pays dans lequel on se trouve.
Derrière cette approche artistique et musicale, il y a aussi une volonté de se reconnecter à la nature et donc un message écologique caché: se soucier davantage de son environnement et l'écouter!