« J'ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement » : la chanteuse Pomme se livre dans une lettre poignante

Dans une lettre ouverte publiée sur le site de Mediapart ce jeudi, la chanteuse Pomme, nommée aux Victoires de la musique, dénonce le harcèlement et les violences sexistes qu'elle a subis au sein de l'industrie musicale.
par
oriane.renette
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« J'ai décidé de dire les choses. De ne plus laisser régner la peur », écrit la chanteuse Pomme, dans une lettre ouverte publiée par Mediapart à la veille des Victoires de la musique.

« Manipulée, rabaissée et sexualisée »

Dans ce long message, Pomme revient sur son arrivée dans l'industrie musicale, une « arrivée traumatisante ». « De mes 15 à mes 17 ans, j'ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment. J'ai été l'objet de quelqu'un, façonnée selon ses fantasmes et déviances psychologiques. » Ce quelqu'un, il s'agit d'un homme de 30 ans, à l'époque des faits, dont Pomme ne citera pas le nom.

L'artiste évoque la façon dont elle a été rabaissée, sexualisée, contrôlée. Elle a été contrainte à des choix qui ne lui correspondaient pas ; non seulement dans son projet artistique, mais aussi dans ses comportements, ses relations ou son apparence. Et comment toutes ces choses lui ont fait perdre toute confiance en elle et ont détruit sa santé mentale.

« Il a fallu des années avant que je prenne conscience de ce qu'il s'était passé et puisse y attribuer les mots justes. J'ai mis des années à retrouver une confiance en moi qui puisse me porter et m'autoriser à être celle que je suis aujourd'hui ».

« Le cocktail parfait du criminel impuni »

Pomme est bien consciente de ne pas être une exception. Ce témoignage s'inscrit d'ailleurs dans le sillage du @MusicToo, qui l'été dernier a recueilli plus de 300 témoignages de harcèlement, agressions et viols « réalisés dans 98% des cas par des hommes sur des femmes ».

« Il y a donc un grand nombre d'hommes qui évoluent dans cette industrie en étant des harceleurs, des agresseurs, des violeurs. Un nombre que personne ne peut imaginer », écrit la chanteuse. « Vous les voyez à la télé, vous les entendez à la radio, vous les applaudissez en concert… Et ces hommes sont exempts de la justice », dénonce-t-elle.

« Ils ont accès à l'argent, à l'exposition et au pouvoir, le cocktail parfait pour être des criminels en toute impunité. Si la justice et le système les protègent, si le gouvernement ne fait rien, il est temps que nous parlions. Il est temps que la honte et la peur change de camp. »

Bien déterminée à ne plus « la fermer », bien déterminée à ne plus cautionner, Pomme conclut en insistant : il est temps que « la vérité et la justice se fassent entendre. Pour que les corps, les cœurs, les âmes de nos filles, de nos sœurs, de nos mères, ne soient plus piétinées. Qu'elles soient élevées au rang qui leur revient. Le droit de rêver, le droit de vivre, le droit d'être. Intégralement. Sans peur. »

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