Face à l'épidémie, New York noie son stress dans l'alcool

Pour oublier le coronavirus, un petit verre? Ou deux, ou trois? Les ventes de vin et d'alcools ont augmenté avec la montée du stress et de l'anxiété à New York, épicentre de l'épidémie aux États-Unis. Les cocktails virtuels ont supplanté la traditionnelle "Happy Hour".
par
Camille
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Craignant initialement une fermeture des magasins de vins et spiritueux face à l'épidémie de coronavirus, les New-Yorkais, et les Américains en général, se sont mis à acheter vins et boissons alcoolisées en grandes quantités. De quoi réjouir les propriétaires de magasins de vins et spiritueux. D'autant que vendredi, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, les a placés sur la liste des commerces jugés "essentiels", autorisés à rester ouverts malgré les mesures de confinement.

"Rendre les gens heureux"

"Les clients sont-ils anxieux? Tout le monde est anxieux, et nous sommes là pour soulager leur anxiété", a indiqué le consultant en vins Randy Ray, du magasin Fine Wines on First, au cœur de Manhattan. "Il vaut mieux ça que d'autres alternatives, si vous voyez ce que je veux dire", a-t-il ajouté, ravi des ventes inhabituelles réalisées par son magasin proche du siège des Nations Unies.

Pour Evan Cuciniello, associé du magasin Ambassador Wines, les gens achètent plus pour constituer des réserves comme pour consommer davantage, en raison du stress généré par le confinement, le télétravail ou la perte de leur emploi. "Avant, on vendait à un client une ou deux bouteilles, maintenant on vend plusieurs caisses", a confié M. Cuciniello. "Quand Broadway a fermé, quand le tournoi de basket de March Madness et les matches de la NBA ont été annulés, les gens ont réagi en se disant 'Ca a l'air sérieux'", a abondé Daniel Tallman, gérant du magasin Sutton Wine.

Les "quarantinis"

Avec la fermeture des bars et des restaurants, les gens consomment plus d'alcool chez eux. Et pour lutter contre la solitude, les invitations se multiplient à prendre "un quarantini" (cocktail fait à partir des alcools disponibles), une "happy hour" virtuelle entre amis, collègues ou même inconnus, via des plateformes comme FaceTime, Google Hangout ou Zoom.

Le lundi 16 mars, après que la mairie eut annoncé la fermeture des écoles, des bars et des restaurants, et le jour où la bourse new-yorkaise a connu sa pire chute depuis la crise financière de 2008, les ventes de Minibar Delivery ont plus que doublé (+131%) par rapport au lundi précédent. "J'ai beaucoup de clients qui travaillent à Wall Street. Ils sont très stressés par la chute des bourses, ils achètent beaucoup. Et ils ne font pas que stocker, ils boivent beaucoup", dit un gérant de magasin.

Arnold Washton, psychologue et expert en addictions qui suit plusieurs cadres de Wall Street, confirme que certains de ses clients boivent plus qu'avant. Au début, l'un d'eux buvait moins, grâce au télétravail, mais maintenant il retrouve ses amis via l'application Zoom "pour bavarder, boire pendant une heure et se saouler".