Affaire Wesphael : le mystère de la chambre 602 bientôt sur RTL-TVI et Netflix

Dès le 2 décembre, RTL-TVI diffusera une série d'investigation produite par Netflix, retraçant l'une des plus grosses affaires judiciaires belges de ces dernières années : l'affaire Wesphael. Ce long feuilleton médiatico-judiciaire s'était 
par
oriane.renette
Temps de lecture 6 min.

soldé en 2016 par l'acquittement au bénéfice du doute de Bernard Wesphael, qui était accusé du meurtre de sa femme, Véronique Pirotton. À la manœuvre de cette série d'investigation, les journalistes Georges Huercano et Pascal Vrebos, réunis pour la première fois sur un documentaire.

Pourquoi une série sur l'affaire Wesphael ?

Pascal Vrebos : « Tous les étés, je vis sur l'île grecque de Patmos. Bernard Wesphael y était lui aussi, avec sa nouvelle femme pour son voyage de noces. Il m'envoie un message pour que l'on se voit et ma femme me dit : ‘non, pas question que je dîne avec un assassin !' Plus tard, je les retrouve dans une taverne. Ils n'étaient pas surpris de cette réaction. C'est de là que m'est venu l'idée ‘acquitté mais toujours coupable'. Idée dont j'ai parlé à Georges… »

Georges Huercano : « Avec l'arrivée des plateformes, il nous fallait un nouveau concept. On voulait un projet dans lequel le personnage principal accepterait de prester, de revenir sur les lieux… Il n'y avait que l'affaire Wesphael qui s'imposait à nos yeux. »

Vous avez pu convaincre les deux « clans » d'y participer?

GH : « On a d'abord contacté Bernard Wesphael. Il a été séduit par le concept car lui, il les porte tous les jours ces regards de suspicion. »

PV : « Avoir la présence de tout le monde, c'était la condition sine qua non pour démarrer ce projet. Après Bernard Wesphael, nous avons contacté la famille de Véronique Pirotton, les avocats, le parquet, les experts… Nous avons rassemblé près de 25 personnes. »

Comment cela s'est-il déroulé ensuite ?

GH : « Après, il fallait trouver Netflix ! Ce sont de vrais fantômes, ils sont injoignables : pas de téléphone, pas d'adresse. Nous somme finalement passés par AP Productions qui était en contact avec eux. Très vite, Netflix a été emballé. On les a rencontrés de façon énigmatique, dans un bâtiment secret en Hollande, sans adresse, sans sonnette… Petit à petit, les choses se sont déroulées assez facilement. »

PV : « D'une certaine manière, nous avons travaillé ‘à la Netflix' : du rythme, pas de commentaire, pas de voix-off. Ce n'est pas une docu-fiction, c'est un documentaire d'investigation. Ce sont les codes actuels. »

GH : « Avec l'arrivée de Netflix et des autres plateformes, c'est le nouvel âge d'or des documentaires. Ils ont apporté des documentaires qui parlent aux jeunes, avec un mode de narration qui doit parler au monde entier. »

Qu'est-ce qui intéressera les 180 millions d'abonnés Netflix à cette histoire belge ?

PV : C'est une histoire du terroir mais qui a une dimension universelle. Un téléspectateur finlandais ou australien pourra s'identifier aux personnages, à cette tragédie terriblement humaine, avec des coups de théâtre et des rebondissements. Ce fait divers est finalement un fait de société.

GH : « Il y a une plusieurs intrigues. La première est celle d'une mort énigmatique dans une chambre d'hôtel. Avec le suspense classique : ‘est-ce qu'il l'a tuée ou pas ?'

Au-delà, il y a l'histoire de Véronique Pirotton, celle d'une femme meurtrie. Le vrai personnage dans toute cette histoire, c'est elle. Elle a un côté universel, celui d'une femme qui a du mal à trouver un équilibre dans sa vie. Et quand on est une femme, on est beaucoup plus stigmatisée si on prend des médicaments, si on boit un peu plus d'alcool que de mesure, si on a plusieurs amants… C'est tout à fait accepté pour un homme, ce ne l'est pas pour une femme. Et à un moment donné, on a eu l'impression que le procès basculait : ce n'était plus Bernard Wesphael qui était jugé mais bien la victime.

Et puis aussi, il y a ce triangle amoureux : Bernard, Véronique et Oswald. Ce triangle qui va provoquer une fin tragique. Ce sont autant de ressorts humains et affectifs qui parlent à tout le monde. »

Avez-vous fait des découvertes sur cette affaire en travaillant sur la série?

GH : « Ce que l'on a vraiment découvert, c'est la manière dont elle a été traitée : il y a eu des manquements dans l'investigation. Le travail n'a pas été abouti, il y a des pistes qui n'ont pas été explorées jusqu'au bout. C'est cela qui fait que Bernard Wesphael a été acquitté au bénéfice du doute. Ça a été une demi-victoire pour lui. Et pour la famille Pirotton, il reste la douleur de ne pas savoir comment Véronique est morte. C'est un dossier où toutes les interprétations sont possibles. »

Cette série pourrait-elle changer l'opinion publique ?

PV : « Nous n'avons pas fait le documentaire pour ça. Le point de départ, c'est : comment se fait-il qu'une grande partie de l'opinion qui pense qu'il est coupable, bien qu'acquitté au bénéfice du doute ? Celui qui verra les épisodes se trouvera dans la même position que les jurés. Il se fera son idée.

GH : « Moi je pense que oui, mais je ne dirai pas dans quel sens ! Je suis certain qu'au bout du sixième épisode, les téléspectateurs comprendront comme c'est compliqué de prendre cette responsabilité.  Comme c'est compliqué de se mettre dans la peau d'un médecin légiste, d'un expert psychiatre, d'un toxicologue… alors que l'on n'est pas formé pour ça. Ils comprendront pourquoi ce procès s'est terminé par un acquittement. »

Au-delà des individus, le système judicaire est un protagoniste à part entière dans la série…

PV : « Exactement. Le téléspectateur découvrira comment fonctionne la justice, l'instruction, les enquêtes, les querelles entre experts, les stratégies d'avocats… Ça apporte un effet rare, presque pédagogique. »

GH : « D'autant plus qu'il y a des éléments exclusifs : les interrogatoires, les caméras de surveillance, les images de reconstitution... C'est du jamais vu en télévision. Toutes les séries qui fonctionnent bien aujourd'hui, comme ‘les Experts', sont inspirées de la réalité. Ici, on est dans la réalité. »

En quelques lignes

© RTL Belgium

Automne 2013. La Belgique est sous le choc. Bernard Wesphael, député wallon (Ecolo), est accusé du meurtre de sa femme, Véronique Pirotton, dans une chambre d'hôtel d'Ostende le soir du 31 octobre. C'est le début d'une affaire qui va tenir les Belges en haleine durant des années. Trois ans plus tard, la justice tranche : Bernard Wesphael est acquitté au bénéfice du doute. Un verdict qui laissera un goût amer dans la bouche de chacun. Si la vérité judiciaire est celle de l'acquittement, aux yeux de l'opinion publique, l'ex-député wallon reste suspect, voire coupable.

Du décès de Véronique Pirotton au procès de son époux, toute cette affaire a été minutieusement retracée dans une série produite AT Production, en collaboration avec Netflix: « Soupçons ». À la manœuvre, les journalistes RTL Georges Huercano et Pascal Vrebos, réunis pour la première fois sur un documentaire.

Entre images d'époque inédites et témoignages, la série laisse place à la voix et à la vérité de chacun : familles Wesphael et Pirotton, experts, contre-experts, enquêteurs, avocats… Réalisée par Alain Brunard, « Soupçons, les dessous de l'affaire Wesphael », est à découvrir lors de trois soirées en prime-time sur RTL-TIV, dès le mercredi 2 décembre.

(or)