Les experts jugent les chiffres inquiétants de ces derniers jours

Depuis quelques jours, tant les indicateurs liés aux contaminations qu'aux hospitalisations grimpent en flèche dans notre pays. Sont-ils le signe annonciateur d'une troisième vague ? Les experts ne sont pas surpris par cette hausse et livrent leur avis sur la situation actuelle.
par
sebastien.paulus
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La situation épidémiologique en Belgique est encore précaire et sur un plateau ascendant, avec la moitié des lits de soins intensifs actuellement occupés par des patients Covid, a déclaré hier le Premier ministre. Toutefois, la situation actuelle, prévue par les modèles d'analyse de l'épidémie, «n'est pas une surprise», a ajouté Alexander De Croo.

Les variants en cause

Et ce n'est pas Geert Molenberghs, biostatisticien de formation, qui va contredire le Premier ministre, comme il l'explique à nos confrères de HLN: "Souvenez-vous des modèles mathématiques du biostatisticien Niel Hens, présentés lors de la conférence de presse du Premier ministre avec les experts. L'effet du variant britannique sur les hospitalisations y avait été calculé selon trois scénarios. On savait déjà que le variant était plus infectieux que le virus original, mais on ne savait pas encore à quel point. On sait maintenant que c'est 50 %. Nous nous sommes éloignés du scénario le plus dramatique (70 %) mais aussi du plus favorable (30 %)"

Il n'est pas le seul à comparer les chiffres actuels à ces scénarios, puisque Steven Van Gucht les a aussi mentionnés pour justifier son propos: "À ce moment-là, il y avait 1617 patients hospitalisés pour cause de coronavirus. Aujourd'hui, nous en avons 2112 avec 167 admissions par jour. La courbe bleue prévoit que les admissions quotidiennes atteindront un pic de 200 au début du mois d'avril, avant de redescendre. La question est maintenant de savoir si nous pouvons continuer à suivre ce modèle sans augmenter. Les prochains jours seront cruciaux."

Les soins intensifs se remplissent

Geert Molenberghs déplore une pression grandissante sur les soins intensifs, qui revient à son niveau de la fin de l'année 2020. "Et à ce moment-là, nous étions dans une tendance à la baisse. Au début du mois de février, les patients en soins intensifs représentaient 18 % des personnes hospitalisées. Cette proportion est aujourd'hui de 24 %", s'inquiète-t-il.

Cette augmentation s'explique, selon Steven Van Gucht, par deux phénomènes: "Le variant britannique semble être plus pathogène que le virus classique, et ce, pour tous les âges. Mais un autre élément est en jeu. Avec la campagne de vaccination, il y a moins de personnes âgées fragiles dans les hôpitaux. Le profil des patients corona s'est rajeuni et cette génération attend plus longtemps avant de se rendre à l'hôpital. Et donc ils se retrouvent plus vite en soins intensifs."

Les jeunes à nouveau concernés

Et Philippe Jorens, intensiviste de métier, d'ajouter: "Lors de la première vague, les patients hospitalisés jeunes souffraient principalement de pathologies sous-jacentes. Maintenant, nous voyons des jeunes qui étaient en parfaite santé. Cela me fait dire que les variants sont plus agressifs."

"C'est la 5ème fois d'affilée que nous constatons une augmentation des chiffres, depuis que la deuxième vague s'est transformée en plateau fin novembre. Si la tendance actuelle se poursuit, on aura 5688 nouveaux cas par jour pendant les vacances de Pâques. Mais c'est aussi la première fois sur ce plateau que nous enregistrons cinq jours consécutifs à plus de 3400 nouvelles infections. (…) Et même une augmentation lente à partir d'un plateau élevé est problématique", explique encore Geert Molenberghs.

Seul rayon de soleil dans la grisaille, le taux de mortalité de baisser, et pour cause: la vaccination joue son rôle. "Dans les maisons de repos, aucun décès n'a été signalé la semaine dernière", conclut Geert Molenberghs.

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