« La distanciation sociale de 1m50, c'est de la foutaise ! »

Invité sur les ondes de la RTBF ce mercredi, Jean-Luc Gala, professeur à l'UCLouvain, a clairement remis en question les mesures prises par la Belgique pour lutter contre la propagation du Covid-19.  « La distanciation sociale de 1,5 mètre, c'est de la foutaise », a brutalement déclaré le spécialiste en maladies infectieuses.
par
oriane.renette
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Alors que les mesures de confinement ont été prolongées jusqu'au 3 mai en Belgique, le professeur Jean-Luc Gala, spécialiste de l'UCLouvain des maladies infectieuses, a jeté un pavé dans la marre sur les ondes de La Première ce mercredi.

« La distanciation de 1m50, c'est de la foutaise. On sait bien que c'est une distance qui est absolument minimale et qui ne correspond à rien », a déclaré l'expert. « Il y a plein de modèles de mobilisation extrêmement intelligents, notamment de société qui ont travaillé pour la navette spatiale, qui ont clairement montré que la diffusion du virus allait bien au-delà de ce fameux 1m50, qui par ailleurs n'est déjà pas extrêmement bien respecté par la population ».

Le virus transmissible jusqu'à 8 mètres

Quelle serait alors la distance idéale à respecter pour éviter tout risque de propagation ? Si la Belgique a opté pour ce fameux 1m50, nos voisins français sont quant à eux tenus de respecter une distance d'un mètre seulement (distance par ailleurs préconisée par l'OMS). Au Japon, en revanche, les citoyens ne peuvent se tenir à moins de 2 mètres les uns des autres.

 

« Ce virus, selon les conditions climatiques, atmosphériques et environnementales, peut parfois se porter ou se transmettre jusqu'à sept ou huit mètres de distance », poursuit le professeur Gala. « Donc, cette distanciation de 1m50, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant ».

Huit mètres de distance, c'est en effet ce qu'il conviendrait de respecter pour s'approcher du risque zéro de contamination, selon une étude du MIT (Massachussets Institute of Technology ) menée par Lydia Bourouiba. À cette distance, aucune gouttelette porteuse du virus ne saurait se propager d'un individu à l'autre.

Toutefois, la majorité d'entre elles ne dépassent pas le mètre et demi de projection.

Pas de certitude sur le pouvoir infectieux

En outre, les spécialistes semblent s'accorder sur le fait que plus ces gouttelettes sont petites, plus vite elles sèchent dans l'air. Donc plus le risque qu'elles infectent une personne est faible.

Par contre, la charge infectieuse de ces microgouttelettes pose toujours question : « on ne sait pas jusqu'à quel point le virus reste infectieux quand les gouttelettes sèchent. Or c'est une question très importante. Mais pour l'instant, on n'a pas de réponse scientifique », détaillait le professeur Thomas Michiels à la RTBF.

En résumé : si la propagation de certaines gouttelettes au-delà d'un mètre 50 fait consensus, la portée de leur pouvoir infectieux fait toujours débat au sein de la communauté scientifique.

Prendre en compte la réalité sociale

De nombreuses questions subsistent autour du coronavirus. Et des études plus approfondies sont encore nécessaires pour définir, avec certitude scientifique, la distance sociale qu'il conviendrait de respecter durant nos échanges.

Pour l'heure, une distanciation sociale de huit mètres semble une mesure impossible à tenir dans le cadre de nos interactions, même si elles se font rares en cette période. La décision du mètre 50 prise en Belgique relève donc d'un équilibre entre risques sanitaires et réalité sociale, basée sur les connaissances scientifiques actuelles.

Appliquer les gestes barrière

De plus, la distanciation sociale doit être accompagnée des gestes barrière, qui demeurent essentiels pour limiter la propagation du virus. Tousser ou éternuer dans le creux de son coude permet en effet d'éviter la dispersion des gouttelettes.

Enfin, durant son intervention sur les ondes de la Première, le professeur Gala plaidait également pour une « augmentation du traçage et du diagnostic des cas infectés » et pour le port du masque. En effet, le port du masque est, selon lui, un «pilier essentiel pour éviter une transmission accrue dans la population et un effet de rebond».