L'UNamur et le CEN vont envoyer des animaux microscopiques dans l'espace

Après une longue préparation, l'Université de Namur (UNamur) et le Centre d'étude de l'énergie nucléaire (SKC-CEN) sont prêts à envoyer des rotifères dans l'espace, ont-ils annoncé mardi.
par
sebastien.paulus
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Ces animaux microscopiques décolleront de Floride en décembre et orbiteront pendant deux semaines autour de la Terre, dans la Station spatiale internationale (ISS). L'objectif est de déterminer les causes sous-jacentes à leur forte radiorésistance, ce qui permettra d'augmenter celle des astronautes et ouvrira la porte à d'autres applications.

Les rotifères sont des animaux microscopiques dotés d'une radiorésistance considérable. «Or, l'un des obstacles les plus importants à la recherche spatiale est l'effet à long terme de l'apesanteur et des radiations cosmiques», a expliqué la professeure Sarah Baatout, radiobiologiste au SCK-CEN. «Ces éléments altèrent notre vue, rendent nos os plus fragiles et augmentent le risque de cancer.»

Après leur voyage spatial, les rotifères seront examinés par des chercheurs afin de mieux comprendre leur reproduction, leur expression génique et la structure de leur génome.

«L'expression génique peut lancer aux cellules le signal de produire des protéines, afin de régénérer, par exemple, l'ADN endommagé. En étudiant ce phénomène en détails, nous serons donc capables d'observer les processus qui se déroulent chez les rotifères et, par conséquent, les mécanismes qui les protègent des conditions extrêmes dans l'espace», a précisé le docteur Boris Hespeels, biologiste à l'UNamur.

«Ensuite, nous vérifierons si la structure du génome de l'ADN endommagé a été régénérée correctement, sachant qu'un génome régénéré incorrectement peut mener à l'infertilité, à des anomalies chez les progénitures ou même à la mort», a encore souligné Karine Van Doninck, elle aussi biologiste à l'UNamur.

"De futures explorations spatiales"

Les scientifiques espèrent que ce projet baptisé RISE (Rotifer In SpacE) offrira de nouveaux horizons à la recherche spatiale. «Une compréhension des causes permettra d'améliorer la résistance des astronautes aux radiations cosmiques. Cela ouvre la porte à de futures explorations spatiales», s'est réjoui Bjorn Baselet, radiobiologiste au SCK-CEN. «De plus, la recherche pourra être appliquée sur Terre. Les résultats pourraient, par exemple, améliorer la protection des professionnels exposés aux radiations ou réduire les effets négatifs des thérapies par radiations chez les patients atteints de cancer.»

En marge du programme de recherche, des activités seront organisées à destination des élèves du secondaire, qui pourront disposer de kits RISE pour étudier les rotifères. La thématique sera également mise en avant lors d'événements grand public, comme le Printemps des Sciences. Enfin, l'UNamur et le Kikk Festival proposeront une double exposition d'art à Bruxelles (aux halles de Schaerbeek) et à Namur.

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