Brexit: Juncker affirme qu' "aucune prolongation supplémentaire de courte durée ne sera possible"

L'Union européenne «travaillera jusqu'au dernier moment» pour éviter un divorce sans accord avec le Royaume-Uni, qui ne profiterait qu'aux «populistes et aux nationalistes», a assuré mercredi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen à Bruxelles.
par
Clement
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«Nous travaillerons, Etats membres et Parlement européen, jusqu'au dernier moment pour éviter un 'no deal'» a dit M. Juncker, au moment où la Première ministre britannique Theresa May cherche un compromis avec l'opposition à Londres. La dirigeante conservatrice doit rencontrer mercredi le chef des travaillistes, Jeremy Corbyn, pour trouver un compromis sur la manière dont le pays va sortir de l'UE, après trois rejets par les députés britanniques de l'accord de retrait négocié avec Bruxelles.

«Je crois qu'un 'no deal' le 12 avril à minuit est devenu un scénario de plus en plus vraisembable», a dit le chef de l'exécutif européen, en référence à la nouvelle date butoir du Brexit, initialement programmé le 29 mars. Il y a dix jours, l'UE avait exigé que l'accord de retrait soit approuvé par le parlement britannique avant le 29 mars pour accepter de reporter le Brexit jusqu'au 22 mai. «Cela n'a pas été le cas», a constaté M. Juncker, qui a cependant estimé que les nouveaux plans de Mme May mardi justifiaient de donner à Londres «quelques jours de plus».

«Si le Royaume-Uni est en mesure d'approuver l'accord de retrait avec une majorité viable d'ici au 12 avril, alors l'Union européenne devrait, également dans ce cas, accepter une prorogation jusqu'au 22 mai», a-t-il dit. Dans le cas contraire, «aucune prolongation supplémentaire de courte durée ne sera possible», a-t-il insisté. Comme le soulignent tous les responsables européens, faute de court report, la seule alternative à un divorce brutal serait alors le scénario d'un report de longue durée, que l'UE assortirait de nombreuses conditions.

Un changement juridique instantané

Lors du sommet européen extraordinaire prévu le 10 avril, «nous écouterons la Première ministre Theresa May nous exposer ses intentions et nous déciderons de la voie à suivre», a dit M. Juncker, déterminé à éviter un divorce sans accord. «Les seuls qui profiteraient d'un tel choc sont les adversaires d'un ordre mondial fondé sur des règles. Les seuls qui se verraient renforcés sont les populistes et les nationalistes», a-t-il estimé.

En cas de sortie sans accord, les conséquences sur les mouvements de marchandises et de voyageurs seraient «potentiellement considérables», a prévenu de son côté mercredi le commissaire européen en charge de l'Economie, Pierre Moscovici. «Le Royaume-Uni deviendrait un Etat tiers du jour au lendemain. Il s'agirait d'un changement juridique instantané, radical et très substantiel pour le Royaume-Uni, nos Etats membres et nos entreprises», a-t-il dit, expliquant que «de nouveaux contrôles douaniers devraient être mis en place».

Pour les marchandises transitant entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, «il y aura des contrôles», a aussi affirmé M. Moscovici. Mais ils devront se faire «autant que possible loin de la frontière», a-t-il ajouté, sans vouloir davantage s'attarder sur le cas sensible de la frontière irlandaise.