Le Brexit touche déjà l'économie britannique

Le puissant secteur des services, moteur de l'économie britannique, a subi un sévère coup de frein en mars, plombé par les incertitudes liées au Brexit, ce qui augure d'une croissance à l'arrêt au premier trimestre, a annoncé mercredi le cabinet Markit.
par
Clement
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C'est la première fois que l'activité dans ce secteur au Royaume-Uni se contracte depuis juillet 2016, soit juste après le référendum pour le Brexit. L'indice PMI des directeurs d'achat des entreprises du secteur des services est tombé le mois dernier à 48,9 points. Ce chiffre est une surprise pour les économistes qui s'attendaient à ce que l'indice reste au-dessus du seuil des 50 points, qui marque la séparation entre progression et contraction de l'activité.

La publication a par ailleurs pesé sur la livre sterling qui effaçait une partie de ses gains de la matinée face au dollar. Markit justifie cette contre-performance par la propension des entreprises à repousser leurs décisions d'investissement faute d'y voir clair sur le processus du Brexit et ses conséquences économiques. D'après le cabinet, ce flou sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE se ressent aussi sur les ménages, qui limitent leurs dépenses. «Le carnet de commandes du secteur des services se contracte depuis le début de l'année à son rythme le plus rapide depuis le pic de la crise financière de 2009», s'inquiète Chris Williamson, économiste chez IHS Markit.

Une stagnation de l'activité économique

Le secteur des services, qui regroupe notamment la finance, le commerce ou encore les transports, est la locomotive de l'économie britannique, aussi tout affaiblissement fait craindre une panne de la croissance. Conséquence, il est probable que l'activité économique ait stagné au premier trimestre, après une progression du produit intérieur brut (PIB) de seulement 0,2% au dernier trimestre de 2018, d'après IHS Markit.

M. Williamson pointe même le risque d' "un recul au deuxième trimestre, à moins que la demande ne connaisse un sursaut, ce qui est hautement improbable compte tenu du renforcement récent des incertitudes liées au Brexit."

Le brouillard autour des conditions de sortie de l'UE n'a fait que s'épaissir ces dernières semaines, en raison du rejet par le Parlement britannique de l'accord de Brexit négocié par la Première ministre Theresa May avec les autres dirigeants de l'UE. Cette impasse politique, dont la dirigeante conservatrice cherche à s'extraire en tendant la main à l'opposition travailliste, exaspère les milieux d'affaires, qui redoutent une périlleuse sortie sans accord à l'approche de la date théorique du Brexit, le 12 avril prochain.