Des familles attaquent l'UE en justice pour dénoncer sa politique climatique insuffisante

Dix familles de huit pays différents ont porté plainte contre l'Union Européenne en raison de sa politique climatique, jugée «insuffisante». Ces familles s'estiment victimes du réchauffement climatique, qui impacterait directement leurs moyens de subsistance, touristiques ou agricoles.
par
Lucie.De.Perthuis
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Cette affaire, baptisée «People's climate case», remet en question la politique climatique de l'Union Européenne. Ils dénoncent les effets dramatiques que le réchauffement climatique a eus sur leurs vies.

Voici les histoires des plaignants :

Renaud et Maurice Feschet sont propriétaires d'une exploitation de lavande à Grignan, dans la Drôme, en France. «C'est 15 dernières années, il y a des aléas climatiques qu'on ne voyait jamais» explique le père Feschet. Il poursuit «Pour donner une idée, de 2009 à 2016, mon fils a perdu quasiment 44% de son revenu par rapport aux aléas climatiques. Sur trois ans, il y a eu une sécheresse, l'année d'après des inondations puis des gels de printemps». Il est ici question de la survie de l'exploitation familiale.

Armando Carvalho possédait 12 hectares de forêt dans la région de Santa Comba Dao, dans le centre du Portugal. L'an dernier, le feu a réduit ses arbres aux cendres. «Ce qui s'est produit en octobre 2017 est une situation extraordinaire. Or ces situations extraordinaires tendent à devenir normales. Elles montrent clairement les conséquences que peuvent avoir les changements climatiques sur la sécurité des biens et des citoyens dans l'espace européen», affirme la portugaise.

Des changements de saison moins marqués

Au sud de l'Europe comme au nord, le réchauffement climatique a son lot de conséquences négatives. Dans le nord de la Scandinavie, le mode de vie traditionnel du peuple autochtone des Samis repose sur l'élevage des rennes, qui mangent lichens et mousse trouvés sous la neige. Selon Sanna Vannar, la présidente d'une association qui représente les jeunes Samis en Suède, «Les changements de saison ne sont plus aussi marqués». Elle ajoute que «l'hiver, pluie et neige peuvent alterner et former une couche de glace au sol qui empêche les rennes de gratter et d'atteindre le lichens dont ils se nourrissent. Les éleveurs de rennes sont alors obligés de leur donner du fourrage. Il ne peuvent pas se projeter dans l'avenir !».

C'est un constat que fait aussi Petru Vlad, qui élève avec sa famille vaches et moutons dans les montagnes. "Il n'y a plus de printemps ni d'automne, après l'été, on entre directement en hiver. Et puis il n'y a plus d'eau. Avec mon troupeau, je dois monter à une altitude de plus en plus élevée», se plaint le berger. «Là, je suis à 700 mètres d'altitude mais s'il ne pleut pas bientôt, je vais devoir monter encore plus haut. La végétation aussi a changé, il n'y a plus que de l'herbe avec des racines dures. Toute ma vie j'ai été berger, j'ai commencé quand j'étais enfant. Mais avant c'était différent, il pleuvait beaucoup», déplore-il.

Le tourisme également touché

Le réchauffement climatique est évidemment un problème pour les paysans, les fermiers, les détenteurs de propriétés agricoles. Mais il pose aussi des problèmes pour le tourisme. La famille Elter en est victime. Elle gère un petit gîte dans le Parc National du Grand Paradis des Alpes Italiennes. Les touristes s'y rendent principalement pour y pratiquer l'escalade sur glace. Mais l'activité devient dangereuse avec la baisse des températures : "La fonte des glaciers, réserve d'eau douce et notre seul revenu pendant la saison hivernale, ne touche pas que nous. Avec la hausse des températures, cela cause aussi beaucoup de dommages à l'agriculture en aval" explique la famille sur le site internet du «People's climate case».

Ce sont ici des exemples parmi d'autres des ravages du réchauffement climatique sur les habitants de la planète, mais surtout sur la planète elle-même. L'action en justice initiée par ces 10 familles issues du monde entier, de la Suède au Kenya en passant les îles Fiji, vise donc à faire évoluer rapidement la politique de l'Union Européenne sur la question du dérèglement climatique.