Pénurie d'eau dans les îles du Ponant

La gestion de l'eau douce est un sujet ô combien important et débattu partout dans le monde. Rappelons que l'eau douce disponible représente moins d'1% de l'eau présente sur Terre. Face à cette réalité, les îles du Ponant trouvent des solutions pour économiser cette précieuse ressource.
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theo.laborie
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Les pénuries se font de plus en plus fréquentes, et une ressource que l'on utilisait sans réelle mesure ou considération nous fait défaut aujourd'hui. Arz, Bréhat, Batz, Ouessant, Molène, Sein, les Glénan, Belle-Île, Groix, Île-aux-Moines, Houat, Hoëdic et Yeu, treize îles sur les quinze, baignées par l'Atlantique et la Manche, ont lancé un programme pour sensibiliser les deux millions de touristes qui viennent y passer leurs vacances.

Une nécessité de sensibiliser les populations en territoire insulaire

Contrairement à une vieille croyance, les pluies ne sont pas plus abondantes sur les îles que sur le continent (687 mm à Groix, 696 à Rennes en 2017). Et comme la recharge se fait en fonction de la surface émergée des territoires insulaires, ils sont plus vulnérables face au risque de pénurie puisque cette surface est limitée par la mer tout autour. Alors, "il y a urgence à mettre en œuvre un programme d'actions pour préserver la ressource en eau et sensibiliser les visiteurs pour les inciter à adopter un comportement écoresponsable", selon les promoteurs du programme.

Avec 1m³ par habitant, Houat (3km²) est classée en "catégorie critique", note la maire Andrée Vilvoye. Ici, le "dispositif de responsabilisation des habitants et des touristes" a été lancé le 20 avril. Il prévoit d'équiper chaque foyer d'un kit au prix de deux euros qui permet de diminuer de moitié le débit. Il contient trois économiseurs d'eau (5L/minute) pour robinet et 1 économiseur d'eau pour douche (8L/min), explique l'édile.

Adopter des pratiques plus responsables

Les touristes "n'ont pas la même sensibilité au risque de pénurie que les îliens et affichent parfois des comportements irresponsables", selon Andrée Vilvoye. Ils se verront dotés d'un kit de sensibilisation aux éco-gestes et à la situation hydrique et écologique. Il comprend un thermomètre didactique et des adhésifs pédagogiques à poser dans les lieux stratégiques de consommation d'eau.

En outre, la mairie a interdit la réalisation de piscines, de forages privés et l'imperméabilisation de la totalité d'une parcelle. Elle a rendu obligatoire la pose d'une citerne et recommande l'installation de collecteurs d'eau de pluie pour l'arrosage et les toilettes.

Ph. AFP

"Pour boire et satisfaire ses besoins d'hygiène, chaque personne a besoin, chaque jour, de 20 à 50 litres d'eau ne contenant ni produits chimiques dangereux ni contaminants microbiens", selon l'OMS. En France, la moyenne de 148 litres par jour passe à 230 litres pendant les vacances. Les insulaires se contentent de 40 litres, rappelle le président de l'association des îles du Ponant, Denis Bredin.

Remplissage des cuves des bateaux, lavages au karcher, douches répétées, "le touriste lambda n'a pas conscience", déplore-t-il. Dans ce contexte de forte attractivité touristique, l'approvisionnement en eau est un "enjeu" pour les élus.

Différentes solutions possibles

Selon une étude de la KTH School (Stockholm) réalisée à l'été 2007 et portant sur la situation hydrique de 50 îles du territoire européen, "les îles du Ponant ont globalement plus de risque de pénurie d'eau que les îles d'Europe en général", et même que les îles grecques.

En fonction des besoins de chaque île, de leur éloignement du continent, du nombre d'habitants, elles ont retenu des solutions différentes. Les plus proches du continent sont le plus souvent approvisionnées par des canalisations sous-marines qui les relient au réseau continental. Les autres produisent sur place: barrages, désalinisation de l'eau de mer, forage ou impluvium, détaille M. Bredin.

Ph. Belga

Molène conserve même une citerne collective sur le modèle de la Rome antique, offerte par la reine Victoria après le naufrage du paquebot anglais Drummond Castle en 1896. Cette petite île (75km²) a connu des pénuries. C'est la Marine nationale qui lui avait permis d'étancher sa soif entre la fin 1988 et l'été 1989. Le risque est dix fois moins grand aujourd'hui grâce à une exploitation optimale de la ressource, selon M. Bredin.

En 2005, la sécheresse avait permis de révéler la vulnérabilité hydraulique de Belle-Île, la plus grande (85 km²). Elle avait dû être ravitaillée par cargo. Depuis, l'île a aussi augmenté ses capacités de récupération.