Ryad Merhy: Le titre mondial à portée de poings

Sa puissance et son intelligence à l'intérieur d'un ring n'ont d'égales que sa sympathie et sa tranquillité à l'extérieur. À tout juste 25 ans, Ryad Merhy est proche de réaliser son rêve: décrocher le titre mondial des lourds-légers. Avant de tutoyer le sommet de sa catégorie, le boxeur bruxellois doit cette fois écarter de sa route l'Américain Nick Kisner, qui espère lui voler sa ceinture de champion WBA intercontinental silver, ce 16 décembre au RTL Spiroudome de Charleroi.
par
Gaetan
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Comment est né votre amour pour la boxe anglaise?

«Par hasard. C'est la lecture du manga japonais ‘Makunouchi Ippo' qui m'a fait découvrir et aimer la boxe. J'y ai pris goût lorsque j'ai vraiment commencé à m'entraîner et à prendre la boxe plus au sérieux.»

Connaissiez-vous les sacrifices que ça impliquait?

«L'équilibre vie privée-vie professionnelle n'est pas compliqué. Je m'entraîne environ deux heures par jour. Ma copine travaille aussi en journée donc on se rejoint le soir. Mais c'est vrai que je vois moins ma famille. J'ai réellement ressenti les premiers sacrifices juste avant de devenir professionnel parce que cette période correspondait à mon entrée dans ‘la vraie vie'. J'ai commencé à payer mon loyer, ma nourriture, etc. C'était beaucoup plus difficile que je ne le pensais (rires). D'autant que la boxe n'est pas un sport qui rapporte directement de l'argent, il faut rester très patient. Ma situation financière s'est améliorée depuis que j'ai été reconnu ‘sportif de haut niveau', l'an dernier par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Grâce à ces subsides, je peux désormais me concentrer sur ma carrière. Je donne encore régulièrement des stages parce que cela me permet d'échanger avec des gens qui me soutiennent.»

Photo F. Andrieu

Vous remettez votre titre en jeu ce samedi face à Nick Kisner. Le connaissez-vous? Avez-vous analysé ses combats?

«Nous avons regardé l'unique combat que l'on a pu trouver. Mais on ne peut pas élaborer de stratégie ou analyser mon adversaire en se basant sur ce seul combat. D'après ce que j'ai vu, je peux simplement dire que mon adversaire n'est pas très grand et que sa défense est surprenante. Il s'amuse à changer régulièrement de gardes. Pour le reste, je pars un peu à l'aventure. Habituellement, j'ai plus d'informations et je peux déceler des erreurs qui se répètent.»

Votre dernier adversaire, Mitch Williams, était gaucher et il vous a fallu 12 rounds pour le vaincre. Pensez-vous que ça puisse à nouveau vous gêner?

«Je sais que Nick est un droitier à la base. S'il se met en gaucher, ce sera à moi de ne pas me laisser perturber, de m'adapter, voire de le forcer à se remettre en droitier. Pour le moment, on n'a pas vraiment abordé la stratégie qui sera adoptée. On a pensé aux mouvements que je pourrais placer mais on travaille au feeling. Je pense qu'on va le tester dans les deux premiers rounds et on s'adaptera à ses réactions.»

 

Quels seront vos principaux atouts?

«Outre l'analyse du moment et mes sensations, mon atout principal reste mon explosivité: je suis constamment prêt à bondir comme un félin. Je chercherai un moment d'inattention et si j'arrive à le surprendre à cet instant, je ferai mouche.»

Vous n'avez plus mis les gants depuis mai dernier. Cette préparation a dû être particulière…

«Oui. En général, j'ai toujours un ou deux combats avant le mois de décembre. Après mon combat en mai dernier, j'ai pris un mois et demi de récupération parce que je m'étais blessé au coude. Et fin juillet-début août, j'ai attaqué le gros de ma préparation (course, musculation, etc.). En se rapprochant de l'échéance, j'ai davantage travaillé la technique. Pour le moment, j'enchaîne les sparrings pour m'évaluer. À l'entraînement aussi, il faut sortir de sa zone de confort.»

Quel a été le plus grand défi?

«Cette fois-ci, j'ai dû suivre un gros régime. Après le combat de mai, je me suis laissé aller sur la nourriture et j'ai atteint des records au niveau de mon poids (rires). Je suis monté jusqu'à 98 kilos! Donc, j'ai commencé un régime sévère plus tôt dans l'année pour me stabiliser rapidement à 93/94 kilos. Mais comme je suis éligible pour un combat pour le titre, je dois être prêt au quotidien entre 60 et 70%. Vu qu'on ne sait jamais quand le champion peut appeler pour te ‘challenger', tu dois être sur le qui-vive. Je suis actuellement dans la période la plus compliquée de ma carrière parce que je dois rester constant et stable dans ma préparation.»

Photo F. Andrieu

Si vous gagnez votre prochain combat, quand pensez-vous pouvoir défier le champion mondial?

«Aucune idée! Tout est une histoire de négociations entre les managers. Une rencontre est négociée des mois à l'avance et seule la date reste inconnue. Désormais, mon manager Alain Vanackere effectue un gros travail de classement. C'est la raison pour laquelle il est parti à la convention WBA en Colombie: pour réaliser des arrangements et défendre ma place de champion en titre WBA. Son travail m'a permis de gagner une place au classement. Après le combat de samedi, soit je suis premier, soit on aura une proposition de combat pour un éliminatoire WBA. Actuellement, Yunier Dorticos est le champion en régulière et Arsen Goulamirian est le numéro 1. Mais on ne peut pas prévoir qui sera le challenger parce que tous les champions des lourds-légers sont actuellement dans un super-tournoi (le ‘Super Series'). Le vainqueur de ce tournoi remportera les ceintures de toutes les fédérations!»

À quelques jours du combat, quel programme suivez-vous?

«Outre la gestion du poids, je vais encore m'entraîner ce mardi, peut-être mercredi. Tout dépendra de ma forme. Et ensuite, je vais me reposer pour être à 100% le jour J.»

Gaëtan Gras

Le gala de boxe sera retransmis en direct sur Club RLT ce samedi 16 décembre, dès 22h20.