Le MR affine ses propositions mobilité en vue des communales 2018

La mobilité est l'un des grands enjeux des prochaines échéances électorales. Le MR adoptera d'ici quelques semaines ses propositions en la matière. Stéphane Obeid, président du groupe de travail consacré à la question, plaide pour des mesures favorisant à chaque fois «la solution la plus efficace»
par
Camille
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«Nous ne sommes pas les lobbyistes des adulateurs de 4x4», lance d'emblée Stéphane Obeid. Depuis plusieurs mois, l'élu MR consulte les différents mandataires libéraux afin de définir ce que sera la politique du parti en matière de mobilité. Parmi ses objectifs, corriger l'image d'un parti parfois perçu comme plus favorable à la voiture individuelle qu'aux autres modes de déplacement.

«Concernant la mobilité, nous souhaitons agir sans dogmatisme», explique-t-il. «Notre seul principe, c'est l'efficacité. Ce qu'on veut, c'est que chacun utilise à chaque fois la solution qui convient le mieux à ses besoins.» Une façon de mettre de côté la problématique environnementale? «Pas du tout», assure-t-il. «Car très souvent, et plus particulièrement à Bruxelles, la solution la plus efficace est aussi la meilleure pour l'environnement. Le MR bruxellois a d'ailleurs déposé une proposition visant à réformer la fiscalité automobile afin de prendre en compte les aspects environnementaux.»

Des décisions fortes

La ligne officielle du MR sur cette question sera validée en novembre prochain, afin de mettre le parti en ordre de marche pour les communales de 2018. «D'ici là, les discussions continuent. Mais on sait qu'il faudra prendre des décisions fortes, car il y a urgence. Le bureau du plan prévoit une croissance des trajets domicile – travail de 10,2% d'ici 2030, et de 11,1% pour les trajets liés aux loisirs. On n'arrivera pas à absorber cette hausse sans changer nos habitudes et sans une politique associant les partenaires privés. Pour y parvenir, le plan du MR n'est pas d'imposer telle ou telle solution, mais d'inciter chacun à se déplacer de la façon la plus efficiente. Il y a beaucoup à faire. Mais, globalement, la solution passe par un développement de la multimodalité afin de garantir la liberté de chacun de se déplacer.»

Mieux combiner les différentes solutions, du train au bus en passant par le car-sharing et le vélo en freefloating, figurera donc en bonne place dans le prochain programme du MR. Et à un an des communales, le conseiller libéral veut inciter les élus locaux à prendre le problème en main. «Les communes ne peuvent pas toujours se dédouaner en s'en remettant à un autre échelon de pouvoir. Il faut agir à tous les niveaux, et le niveau communal a un rôle de premier plan. Nous préparons de solides propositions, et nous les mettrons en œuvre dans les majorités communales où nous serons présents.»

Les pistes du MR pour une meilleure mobilité

1. La multimodalité

«Le monde change: de nombreuses solutions de mobilité existent (vélo, car sharing, transports en commun…). L'important est de les combiner au mieux», constate le MR. Les autorités locales ont un rôle à jouer dans le développement de la multimodalité. Elles peuvent augmenter l'offre de stationnement et la signalétique près des haltes SNCB, informer les résidents des diverses solutions disponibles sur le territoire communal, inciter les opérateurs de mobilité partagée (Cambio, Scooty, oBike…), à s'implanter dans leur commune.

2. L'offre S de la SNCB

Belga / E. Lalmand

«Il faut faire mieux connaître l'offre S et favoriser les connexions avec les autres réseaux», constate le président du groupe mobilité du MR. «Ce réseau est une chance pour les Bruxellois. Il permet de relier certaines zones de Bruxelles en moins de 15 minutes, là où près d'une heure est parfois nécessaire avec le réseau de la Stib. Cela pourrait être indiqué à l'occasion des réunions annuelles avec les nouveaux habitants, dans le journal communal et sur le site internet des communes».

3. Les infrastructures

«En matière de déplacements, les infrastructures créent la demande», souligne le MR dans les travaux préparatoires de son programme pour les communales 2018. Et de ce côté-là, la demande est énorme. Pistes cyclables, nouveaux bus, nouvelle ligne de métro… «On va devoir mobiliser d'importants budgets. Il faudra avoir une discussion au niveau européen sur la possibilité de sortir les indispensables dépenses d'infrastructures des critères de convergence budgétaires. À cet égard, le pacte d'investissement stratégique initié par le Premier Ministre constitue une opportunité

4. Un péage urbain intelligent à Bruxelles

L'idée ne fait pas l'unanimité au sein du MR, et la question reste à trancher. Stéphane Obeid, se dit, à titre personnel, favorable à l'idée d'un péage urbain intelligent pour la qualité de vie des Bruxellois. Cette option ne risque-t-elle pas de faire l'affaire des plus aisés tandis que les précaires seraient obligés de se contenter des transports en commun? «Un tel péage, s'il était mis en place, devrait être intelligent. La tarification devrait être fonction de l'heure, du type de véhicule, du nombre de passagers, des possibilités de desserte en transport en commun et de l'existence en amont de parkings de délestage. Des péages existent depuis plus de 10 ans et ont montré d'excellents résultats dans de nombreux pays: Sydney, Londres, Santiago, New-York…»

5. La micromobilité

Trottinettes et autres gyropodes séduisent de plus en plus d'usagers. «Ces solutions ne sont pas des gadgets», soulignent Stéphane Obeid. Le programme du MR les voit comme une solution complémentaire, notamment pour les premiers et derniers kilomètres, celui qui permet de rejoindre les transports en commun depuis son domicile et arriver au bureau. «Il va falloir trouver une place à ces moyens de transport et les autoriser dans les différents règlements des sociétés de transport. Au niveau communal, on peut offrir des solutions de recharge et des séances d'informations sur ces nouveaux modes.»

6. Les voitures de sociétés

Le coût des voitures de société pour la Belgique a plusieurs fois été pointé du doigt par l'OCDE. Elles sont responsables de files, de niveaux élevés de particules fines… «Certains préféreraient une hausse de salaire plutôt qu'un véhicule, notamment parmi les jeunes urbains. C'est pour cela que le MR a mis en place, au niveau fédéral, le programme Cash for cars, qui remplace la voiture de société par du salaire net», constate le responsable MR. Certains estiment que le programme ne va pas assez loin. «C'est un début», nuance-t-il. «Plus de 50% des cadres juniors en Belgique ont droit à une voiture de société alors que le pourcentage se situe entre 0 et 16% dans les pays voisins, cela est principalement dû au fait que le coût du travail a été trop élevé en Belgique pendant des années, le MR inverse cette tendance.»

7. Le vélo

Belga / L. Dieffembacq

Le vélo doit devenir un véritable moyen de transport pour les courtes et moyennes distances. Les indications contenues dans le futur programme du MR invitent à développer la cyclabilité des voies, aménager des maillages de pistes cyclables, et prévoir des parkings spécifiques, avec recharge électrique. «Le vélo électrique est une solution de transports très pratique, notamment pour affronter le relief bruxellois», note d'expérience Stéphane Obeid.

8. L'offre rurale

Belga

«Nous souhaitons fixer un cadre, mais il faudra ensuite l'adapter aux réalités locales», explique le MR. En Wallonie eu égard aux spécificités principalement rurales, la problématique du déplacement appelle des réponses différentes par rapport à Bruxelles. «On y parle moins de smartmobility et plus de transports en commun. Les communes doivent se concerter avec les sociétés de transport afin de mieux desservir la population», plaide Stéphane Obeid. «On peut également réfléchir à des systèmes de bus à la demande, encourager l'installation de taxis ruraux.»

 

Portrait : Stéphane Obeid

Ce collaborateur du groupe MR au Parlement bruxellois et conseiller communal à Ganshoren a été nommé président du groupe de travail Mobilité au MR par Olivier Chastel. Spécialiste de la question, il est lui-même un cycliste (électrique) convaincu. Il plaide toutefois pour un large éventail de solution de mobilité, afin de convenir aux attentes de chacun «ce qui permettra de préserver cette liberté fondamentale que constitue le droit à la mobilité».