Le Pen et Macron, deux projets que tout oppose

Hausse des dépenses, protectionnisme et sortie de l'euro pour Marine Le Pen, prudence budgétaire, libéralisme et renforcement de l'intégration européenne pour Emmanuel Macron: le second tour de l'élection présidentielle française met aux prises deux candidats aux idées diamétralement opposées.
par
Camille
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«On est sur deux philosophies, deux perceptions de nature très différentes», constate Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis AM, à moins de deux semaines du second tour qui opposera Emmanuel Macron à Marine Le Pen. «D'un côté, on souhaite se donner les moyens de s'adapter à un monde qui bouge, de l'autre on souhaite se couper du reste du monde», estime le chercheur.

Au cœur des divergences: le rapport des candidats à la mondialisation, perçue par l'un comme une chance, et par l'autre comme une menace. «La mondialisation sauvage met en danger notre civilisation», a ainsi martelé dimanche soir Marine Le Pen, s'en prenant à la «dérégulation totale, sans frontière et sans protections», à l'origine de «délocalisations» et du «règne de l'argent-roi». Des déclarations en totale opposition avec les propos tenus par Emmanuel Macron, pour qui «la mondialisation est une formidable opportunité». «Les grands succès économiques de notre pays sont tirés par la croissance du monde, nous n'avons plus le choix et c'est même notre chance», a-t-il déclaré pendant la campagne.

«Vision du monde»

La candidate frontiste, qui a fait du slogan «achetons français» sa marque de fabrique, promet ainsi de renégocier les traités commerciaux internationaux. Elle souhaite également rétablir des barrières douanières, et propose de faire jouer la préférence nationale pour les marchés publics. Enfin, elle souhaite couper les ponts avec l'UE, avec une mesure radicale: l'abandon de la monnaie commune. Une politique à l'opposé de celle d'Emmanuel Macron, qui souhaite renforcer le libre-échange, en validant le CETA (accord commercial entre l'Union européenne et le Canada), et renforcer l'intégration européenne.

 

Les deux candidats sont également en porte-à-faux sur la question des finances publiques. «Emmanuel Macron souhaite respecter la règle des 3% dès 2017», souligne Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermès. Une prudence budgétaire qui le distingue de Marine Le Pen, qui annonce des embauches de fonctionnaires, mais aussi une prime mensuelle de 80 € versée par l'État pour tous les salariés qui gagnent moins de 1.500€ par mois.

Les deux finalistes de la présidentielle, enfin, s'opposent sur les questions sociales, et notamment sur le droit du travail. L'ancien ministre de l'Economie veut dessiner «un marché du travail qui fonctionne plutôt sur les contours de la flexisécurité à la scandinave», juge Emmanuel Jessua, économiste chez COE Rexecode, institut réputé proche du patronat français. Marine Le Pen, à l'inverse, veut un retour de l'âge légal de la retraite à 60 ans et abolir la loi travail, qu'elle accuse de répondre à une «feuille de route de l'UE».

Les deux candidats se préparent désormais pour me second tour de l'élection, qui se déroulera le 7 mai. Les premiers sondages donnent Emmanuel Macron largement gagnant.