La flambée des émissions de méthane va renforcer le réchauffement climatique

La flambée depuis dix ans des émissions de méthane, un gaz à effet de serre plus nocif pour le climat que le CO2, risque de compromettre la lutte contre le réchauffement climatique.
par
Camille
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«Il faut de toute urgence s'attacher à quantifier et réduire les émissions de méthane», plaident des chercheurs qui ont coordonné un bilan mondial mené par plus de 80 scientifiques de 15 pays. Après un léger ralentissement entre 2000 et 2006, la concentration de méthane dans l'atmosphère a crû dix fois plus rapidement la décennie suivante, relève l'étude parue dans le journal Earth System Science Data.

«Contenir le réchauffement sous 2°C est déjà un défi considérable» soulignent ces mêmes chercheurs dans le bulletin Environmental Research Letters, à propos de l'objectif que la communauté internationale s'est fixée fin 2015 dans l'accord de Paris. «Un tel objectif deviendra de plus en plus difficile à tenir si l'on ne réduit pas les émissions de méthane fortement et rapidement», ajoutent-ils.

Causes floues

Selon l'étude, 60% de ses émissions sont liées aux activités humaines: notamment 36% viennent de l'agriculture (éructations des ruminants et rizières) et du traitement des déchets. Les chercheurs privilégient cette hypothèse pour expliquer la hausse des émissions (selon la FAO, le nombre de têtes de bétail est passé d'1,3 milliard en 1994 à 1,5 milliard 20 ans plus tard).

Mais ils n'excluent pas non plus le rôle des énergies fossiles dans ce boom. Quelque 21% des émanations de méthane sont de fait dues à l'exploitation du charbon, du pétrole et du gaz: de l'extraction jusqu'aux réseaux de distribution, les fuites de méthane sont très fréquentes.

 

Concernant le permafrost, ces sols gelés des hautes latitudes, ils peuvent aussi dégager du méthane en dégelant, une grande crainte des climatologues. Mais à ce stade, «on ne voit pas d'augmentation anormale des concentrations», dit le chercheur et co-auteur Philippe Bousquet, pour qui ces «émissions risquent d'augmenter dans le temps mais sur des décennies».

Il est en tout cas possible d'agir d'ores et déjà et très concrètement pour réduire ou capter le méthane, soulignent les scientifiques: méthaniseurs dans les fermes, modification des protocoles d'irrigation des rizières, chasse aux fuites...