Amnesty accuse de grandes marques de mentir sur l'utilisation d'huile de palme "durable"

Amnesty International accuse plusieurs grandes marques agroalimentaires et ménagères de vendre des aliments, des cosmétiques et d'autres biens de consommation courante contenant de l'huile de palme dite "durable", mais dont la production "est entachée d'atteintes aux droits humains", comme le travail forcé ou celui des enfants.
par
Belga
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Dans un nouveau rapport publié mercredi, Amnesty International affirme que des enfants de 8 à 14 ans travaillent en Indonésie dans des plantations de palmiers à huile détenues par des filiales et des fournisseurs de l'entreprise singapourienne Wilmar, premier producteur mondial d'huile de palme.

Travail forcé

Selon l'ONG, qui s'est entretenue avec 120 ouvriers de ces plantations, "des enfants y travaillent sans tenue de protection dans des lieux où des pesticides toxiques sont utilisés, et portent des sacs de fruits de palmier à huile qui peuvent peser de 12 à 25 kg".

Le rapport met également en évidence des cas de travail forcé, où des chefs d'équipe menacent des ouvrières de ne pas leur verser de salaire pour les obliger à continuer à travailler.

Neufs multinationales concernées

En s'appuyant sur les données d'exportation et les informations publiées par Wilmar, les chercheurs d'Amnesty International ont pu remonter jusqu'à neuf multinationales (AFAMSA, ADM, Colgate-Palmolive, Elevance, Kellogg's, Nestlé, Procter & Gamble, Reckitt Benckiser et Unilever), dont sept ont confirmé acheter de l'huile de palme issue des activités de Wilmar.

"À l'exception d'une seule, toutes ces entreprises sont membres de la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO) - un organisme créé en 2004 pour assainir le secteur de l'huile de palme après plusieurs scandales environnementaux - et affirment utiliser de l'huile de palme durable sur leur site Internet ou les étiquettes de leurs produits", déplore Amnesty, selon qui "il n'y a rien de durable dans une huile produite à l'aide du travail des enfants et du travail forcé".

Aucune mesure

Par ailleurs, "aucune des entreprises contactées n'a nié l'existence de ces atteintes aux droits humains, mais pour autant, aucune n'a fourni d'exemples de mesures prises pour lutter contre les violations des droits des travailleurs dans les activités de Wilmar", poursuit Amnesty.

"Il n'est pas normal que neuf sociétés réalisant ensemble un chiffre d'affaires de 325 milliards de dollars en 2015 soient incapables d'agir face au traitement épouvantable d'ouvriers de l'huile de palme qui gagnent une misère", s'indigne encore l'ONG.

Amnesty appelle les autorités indonésiennes à améliorer le contrôle de l'application de la loi, au regard de laquelle la plupart de ces pratiques peuvent constituer des infractions pénales, et à enquêter sur les atteintes aux droits humains exposées dans son rapport.