La FEB veut une taxe kilométrique pour tous et un « budget mobilité »

La FEB a sondé employeurs et salariés pour mieux connaitre leur avis en matière de mobilité. Elle propose sept mesures pour aider le pays à entreprendre sa « révolution mobilité ».
par
Camille
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1. Une taxe kilométrique pour tous

Une taxe kilométrique existe déjà sur les routes du pays. Mais pour la FEB, elle doit être revue. L'organisation patronale plaide pour un élargissement du dispositif à tous les véhicules, alors qu'il ne s'applique pour le moment qu'aux poids-lourds. Elle devrait également être intelligente : comprenez varier en fonction de l'heure et du lieu d'utilisation du véhicule. «C'est le principe de l'utilisateur payeur : l'usager paye une contribution en fonction de son usage de l'infrastructure», souligne la FEB dans ses propositions pour une meilleure mobilité.

 

2. Budget mobilité plutôt que voiture de société

Ce dispositif vise à offrir une alternative à la voiture de société. Les employeurs s'y disent ouverts : 67% estiment qu'ils instaureront un tel budget à l'avenir, et 28% pourraient le faire dans les cinq ans. Concrètement, le travailleur pourra choisir de renoncer à sa voiture de société, et soit opter pour un modèle plus petit, soit pour une autre solution de transport. Par exemple, acheter un abonnement de train et un vélo pliant. Le principal avantage est que le travailleur choisit librement comment dépenser son argent, pour la solution qui lui convient le mieux, souligne la FEB. Elle insiste également pour que ce budget fasse l'objet d'un taux d'imposition unique, et pour qu'une partie soit exemptée d'impôts. Les employeurs y gagneraient également, puisqu'ils n'auraient plus à gérer les véhicules et abonnements de transport.

Le budget mobilité ne bannit pas le régime avantageux accordé aux voitures de société. Mais il doit permettre au travailleurs qui le souhaite «d'opter pour une alternative», note l'organisation patronale.

3. Relancer l'investissement

Les entreprises critiquent le manque d'investissement dans les infrastructures au cours des dernières années. Seuls 2% du PIB y sont désormais consacrés, contre 4,5% dans les années 80. Pour la FEB, il faut donc d'urgence réinvestir au profit de l'entretien et la mise à niveau de certains tunnels, viaducs, et autoroutes, même si d'autres voix plaident pour leur fermeture. D'autant plus que selon les économistes, chaque euro investi dans ces infrastructures génère 1,4€ d'activité économique.

Cela n'a rien de contradictoire avec le souhait de développer une mobilité plus efficace et plus durable, se défend pourtant l'organisation patronale. «A l'heure actuelle, les transports collectifs n'ont pas la capacité d'absorber les 80% de navetteurs qui se déplacent en voiture.» Il lui semble donc essentiel d'assurer la pérennité des infrastructures existantes.

Enfin, ces investissements doivent également concerner les infrastructures intermodales, afin de faciliter le passage d'un mode de transport à l'autre. Les gares pourraient ainsi devenir de véritables nœuds de correspondance, où se croiseraient passagers de trains et bus, cyclistes, automobilistes garés à proximité…

 

4. Bien coordonner la comodalité

«Chaque mode de transport doit être utilisé lorsqu'il est le plus indiqué», note l'enquête de la FEB. «Le train est adapté pour le transport de masse. Dans les zones moins densément peuplées, on lui préférera le train léger ou le bus.» Le défi pour y arriver est que les différentes autorités et société de transport s'accordent pour créer une offre structurée et coordonnée.

5. Une vision interfédérale

Le constat de la FEB est sans appel : le morcellement des compétences freine le développement d'une politique cohérente en matière de mobilité. Les trajets domicile-travail constituent une compétence fédérale alors que la politique des transports relève souvent du régional. «Ce paysage kafkaïen typiquement belge complique l'élaboration d'une politique cohérente, notamment dès qu'il s'agit d'assurer l'intermodalité», déplore la FEB. Pieter Timmermans, son administrateur délégué, appelle les différentes autorités à développer une «vision interfédérale» de ce dossier.

Principal exemple permettant de comprendre la nécessité d'une meilleure intégration : le RER, qui est bien plus qu'une infrastructure ferroviaire propre à Bruxelles. Il implique les autorités fédérales et régionales, mais aussi les communes situées tout le long du trajet. «On comprendra aisément qu'une vision partagée de la mobilité autour de Bruxelles est essentielle à un projet d'une telle envergure», note la FEB.

 

6. Innovations et big data

Notre société se montre fébrile à l'innovation, pointe l'enquête menée par la FEB. Elle appelle les autorités à entretenir une veille technologique, afin d'identifier au plus tôt les innovations à fort potentiel. Cela doit permettre d'adapter le cadre réglementaire, et permettre aux idées neuves de faire leur place le plus rapidement possible.

La FEB insiste également sur le besoin de collecte et de diffusion des big data. Cette masse de données générée en temps réel, notamment par les smartphone, peut fournir de précieuses informations sur les déplacements des personnes et des marchandises.

7. Motorisations et carburants alternatifs

Réduire les émissions de CO2 du secteur du transport ne sera pas simple, puisqu'il dépend encore à 97% du pétrole. La FEB plaide en faveur d'une fiscalité incitative au verdissement du parc automobile. Aujourd'hui, la déductibilité des frais de voiture est fonction du niveau d'émission de CO2, et peut atteindre 120% pour les véhicules électriques. «C'est une mesure positive», note la FEB. Elle plaide pour une plus grande utilisation de ce type d'incitant, tout en rappelant le besoin de ne pas trop grever le budget de l'Etat.

La Norvège est souvent mise en avant pour sa politique de promotion des véhicules propres. Après quelques années de déductions fiscales, le pays envisage une interdiction totale des ventes de voitures à moteurs thermiques à partir de 2025.

 

Chiffre du jour

800.000

400.000 véhicules de sociétés (mis à disposition d'un employé avec la possibilité d'en faire un usage privé) sont en circulation sur les routes belges. Cela représente 7,5% du parc automobile. Ces véhicules servent, notamment, aux trajets domicile travail, qui sont responsables des pics de fréquentation des routes (entre 7h30 et 9h30 et 16 et 19h).