Un séjour trois étoiles dans l’éco-hôtel «Les Sorbiers» qui a investi dans la durabilité

Cela fait longtemps déjà que l’écologie ne consiste plus uniquement à porter des chaussettes en laine, une longue barbe hyper isolante et des gros pulls afin de pouvoir baisser le thermostat. Dans notre société en mutation, même les marques les plus luxueuses sont acquises à la durabilité et on se méfie des produits qui contiennent moins de 90% d’ingrédients naturels. Si vous réservez un séjour dans l’hôtel écologique Les Sorbiers, ne vous attendez pas à des choses du genre matelas de paille, douche qui se coupe automatiquement après deux minutes et toilettes sèches, mais bien à un agréable confort trois étoiles. Metro l’a testé pour vous.

par
Nina Van Den Broek
Temps de lecture 6 min.

L’hôtel Les Sorbiers se situe en bord de Meuse, dans une commune de l’entité de Hastière, un endroit qualifié de «perle de la Haute-Meuse». Dans le même registre de slogans un peu pompeux, on dirait bien que Les Sorbiers a aussi trouvé le sien: «Plus qu’un hôtel». Mais, très vite, on se rend compte qu’il y a bien plus de vérités que de mensonges dans cette dénomination. Au sens littéral, vous y trouvez, bien répartis sur le grand domaine de 17 hectares, un hôtel et aussi un gîte, un espace dédié aux événements (professionnels), une jolie orangerie où les couples d’amoureux peuvent s’unir dans l’intimité, deux tentes de glamping et un restaurant. Nous y avons aussi découvert un potager, un verger, des ruches et différents endroits pour cueillir des baies. Et ils ne sont pas là pour décorer, mais s’inscrivent entièrement dans l’image durable de l’éco-hôtel Les Sorbiers.

Entrez dans le futur vert

Un – très, très – court instant, nous avons pensé que l’aspect écologique des Sorbiers se limitait à la demande dans la salle de bain de l’hôtel de ne pas laisser l’eau s’écouler pendant le brossage des dents et de fermer le chauffage quand on n’est pas dans la chambre. Lors de la visite détaillée des installations, nous avons toutefois rapidement constaté son investissement dans la durabilité. Quand le groupe Nouvelle Hôtellerie, association de cinq amis bruxellois, a acheté en 2018 le domaine en mauvais état, il a profité de la rénovation en profondeur pour en faire un endroit axé sur l’avenir. Une installation de biomasse a ainsi été érigée sur le domaine, qui chauffe tout avec des copeaux de bois, résidus d’une activité locale d’entretien du paysage. Les chaises colorées du bar et des chambres ont l’air d’avoir été achetées en masse chez le même fournisseur, mais sont en réalité des meubles de seconde main qui ont reçu une nouvelle vie après regarnissage.

De même, l’hôtel a délibérément choisi de ne pas proposer de cola de grandes marques, pourquoi en effet soutenir des multinationales si nous avons aussi un producteur de cola belge avec Ritchie? Idem pour le verre de jus d’orange au petit-déjeuner: mieux vaut boire du jus de pomme en provenance directe des pommiers du domaine qu’importer une montagne d’oranges. Et même si l’hôtel est un peu situé loin de toute civilisation, il n’y a pas que la voiture comme moyen de transport approprié pour y arriver. Pour les sportifs qui veulent venir avec leur petite reine, un garage à vélos couvert a été prévu. Et si vous préférez prendre le train à destination de la gare la plus proche, l’hôtel vient vous chercher sur demande avec sa navette. Y a-t-il encore quelque chose à faire pour votre service?

Pas de télécommande mais un marque-page

Quel que soit le moyen de transport privilégié, une fois que vous êtes arrivé(e) au domaine des Sorbiers, vous vous retrouvez dans une oasis de verdure et de calme. Au milieu de la Meuse, une île à la végétation abondante s’étend sur la longueur du domaine; elle ne procure pas seulement une vue magnifique, mais elle constitue aussi le tampon sonore idéal pour masquer les bruits de circulation routière sur l’autre rive. L’île d’Androssart, la plus grande des îles mosanes, est classée réserve naturelle. Il est possible de la visiter en compagnie d’un guide, et – qui sait – vous apercevrez peut-être un castor, un grèbe, un héron ou un cormoran. L’hôtel se compose de deux bâtiments: le Castel, une villa du 19e siècle qui respire la grandeur et a jadis servi de lieu de villégiature à la famille Boël, et le Palladio, une construction moins élégante des mutualités socialistes. Bien que ces bâtisses soient différentes en apparence à l’extérieur, les exploitants ont fait de leur mieux pour limiter cet effet à l’intérieur. Dans le Castel, chaque chambre a son style propre et, au Palladio, les chambres sont plus uniformes mais le Palladio ne cède rien en matière de propreté et de netteté au Castel. Les lits sont confortables, les sanitaires parfaits, le sol en bois est une bouffée d’air frais par rapport à la moquette fatiguée qui caractérise tant d’hôtels… Bref, rien ne manque pour parler d’un hôtel trois étoiles. Sauf une chose, car la grande absente des chambres est la télé. Et ce n’est pas un oubli, mais un choix délibéré, nous explique-t-on aux Sorbiers. «La personne qui vient ici pour regarder la télé n’est pas à la bonne adresse», telle est l’arrière-pensée de la démarche. Un raisonnement que nous pouvons suivre, car la nature environnante a tellement à offrir que rester devant le petit écran serait un péché. À la place, l’hôtel propose une échappée littéraire avant d’aller dormir: chaque chambre est en effet équipée de deux livres. Et si vous n’arrivez pas à la fin, mais que le livre vous intéresse, vous pouvez tout simplement l’emporter à la maison.

Un luxe discret à des prix démocratiques

Un restaurant est aussi associé aux Sorbiers et il porte le nom approprié d’«En face de l’île». Nicolas Valanchon, le chef aux fourneaux, a aussi travaillé dans la ville glamour de Paris. Et cela se goûte. Nicolas Valanchon concocte des plats raffinés avec les légumes frais de saison du potager et d’autres ingrédients bio locaux. Ils sont aussi séduisants que la décoration du restaurant, qui – nous a-t-on dit – a été conçue par un designer qui a aussi collaboré au dernier James Bond. La carte n’est pas très étendue, mais il y en a pour tous les goûts – y compris les végétariens. Après ce repas très soigné, nous nous attendions à une facture salée, mais elle était tout à fait raisonnable.

En plus de prôner l’écologie, l’hôtel a aussi un objectif social en ayant une offre pour chaque budget. Les prix des chambres varient de démocratiquement bas à un peu plus élevés, mais chaque chambre offre suffisamment de confort, copieux petit-déjeuner compris. Si vous commandez de l’eau, vous recevez de l’eau du robinet filtrée et vous ne devez pas – comme il se doit – débourser le moindre sou. En outre, la structure de l’entreprise est atypique: des 240 actionnaires des Sorbiers, aucun ne possède plus de 2% des actions, et les bénéfices sont investis dans de nouveaux projets. Et ils sont légion: l’hôtel veut utiliser une énergie 100% renouvelable, installer des bornes de chargement pour vélos électriques, réduire ses déchets à zéro, construire un atelier pour préparer ses propres confitures avec les fruits du jardin libre cueillette, développer une microbrasserie…

Séjourner aux Sorbiers n’est donc pas seulement bon pour recharger ses batteries au calme en Ardenne belge, mais est aussi un investissement dans un endroit comme il devrait en exister bien davantage. Les Sorbiers, c’est vraiment bien plus qu’un hôtel!

Réservations et infos sur https://www.lessorbiers.com/