Quels sont les préservatifs et lubrifiants les plus naturels?

Les préservatifs et les lubrifiants classiques sont composés de nombreux ingrédients issus entre autres de la pétrochimie. Il n’y a aucune obligation légale de mentionner ces derniers. Et si on se tournait vers des produits plus «transparents»?

par
Lucie Hage
Temps de lecture 4 min.

Attention, bien évidemment, il n’est pas question de décourager l’emploi des préservatifs, peu importe la marque. Les ingrédients présents, même s’ils peuvent être pour quelques-uns controversés, seront loin de vous causer autant de dégâts qu’une infection sexuellement transmissible ou une grossesse non désirée. Il ne faut jamais hésiter à utiliser un préservatif pour se protéger, quelle que soit la marque. Il est juste question de se diriger, si l’on en a envie, vers des produits plus naturels car après tout, nous plaçons cet accessoire au plus profond de notre intimité.

Aucune obligation de mention d’ingrédients

Comme pour la plupart des produits non alimentaires, les fabricants n’ont aucune obligation de mentionner les composants du produit, comme l’explique la Suissesse Gabrielle Lods, diplômée en génie chimique et qui a créé une marque de préservatifs naturels il y a quatre ans: «Le préservatif est un dispositif médical de classe 2. Tout comme pour les tampons ou les couches pour bébé. Il n’y a aucune obligation de transparence sur les ingrédients pour ce type de produits. Un comble quand on sait qu’ils sont placés dans des endroits très intimes et sensibles.» Et si nous entendons parler depuis peu des composants problématiques dans les protections hygiéniques ou les couches pour bébés, il est vrai que le petit bout de caoutchouc se fait, lui, assez discret.

Vous prendrez bien un peu de pétrochimie?

«J’ai eu l’idée de créer ma marque quand je réfléchissais avec des amis aux crasses qu’il y a dans les protections hygiéniques. On a ensuite pensé au préservatif et là j’ai réalisé qu’on n’en entendait pas parler du tout et puis qu’il n’y avait aucune alternative naturelle.» La jeune femme a d’ailleurs eu beaucoup de difficultés à trouver une usine, car toutes refusaient d’autoriser ensuite la publication des ingrédients. Mais l’entrepreneure est particulièrement déterminée et a donc fini par trouver l’usine idéale. Vous pouvez donc bien découvrir tous les composants utilisés dans leurs préservatifs sur le site de sa marque Green Condom Club. En résumé: du latex 100% naturel, travaillé avec des produits sains. «La plupart des préservatifs sont composés de latex synthétique ou d’autres composants issus de la pétrochimie. Et quand bien même le latex est d’origine naturelle, sa texture est travaillée avec de nombreux adjuvants douteux. Nous avons enlevé les ingrédients soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens et nous utilisons des agents naturels comme par exemple l’acide laurique qui provient de l’huile de coco.»

Produits parfumés à éviter

Comme pour tous les produits de consommation, comme les bougies ou encore les poudres à lessiver, au plus il y a de parfums, de couleur, de jeux de texture, de superlatifs et de gadgets, au plus il y a de risques d’être en présence de composés allergisants ou même dangereux. Selon la chimiste, chez certaines marques, on peut trouver par exemple du benzocaïne, un retardateur d’éjaculation qui pourrait provoquer une maladie du sang ou encore le nonoxynol-9, un spermicide reconnu comme perturbateur endocrinien qui serait en plus toxique pour la flore vaginale.

D’autres marques plus naturelles:

Fair Squarre : marque allemande qui produit en Allemagne, labellisée vegan (sans caséine de bœuf) et non testée sur les animaux. Le latex naturel est labellisé Fairtrade et les huiles naturelles utilisées dans leurs produits (préservatifs mais aussi lubrifiants et huiles de massage) sont en plus certifiées bio. Par contre, pas de transparence sur la totalité des composants des préservatifs.

Einhorn : ça veut dire licorne en allemand! Elles ont un look d’enfer ces capotes labellisées Fairtrade, exemptes en principe de produits douteux et composées de latex naturel. Mais de nouveau, pas de transparence sur la totalité des composants, on doit donc les croire sur parole.

Sinon, il reste… la vessie de porc. Jésus a peut-être utilisé le préservatif car des traces de son existence remontant à plus de 3.000 ans ont été découvertes. Il n’était évidemment pas question de latex mais de vessies d’animaux (moutons, veaux…). Les Chinois, plus raffinés, utilisaient, eux, du papier de soie huilé. Au 19e siècle, un médecin anglais commercialise ce qu’il nomme le «condom». À Paris, on l’appellera plus volontiers le «gant de dames». Au milieu du 19e, on commence à utiliser le latex pour concevoir des préservatifs… lavables. Une idée peut-être pour les aficionados du zéro déchet?