Pixar revient avec «Turning Red», un nouveau film d’animation fascinant

Ce que le studio d’animation Pixar préfère par-dessus tout, c’est repousser ses limites. Il n’en va pas autrement pour son dernier film ‘Turning Red’ (Alerte Rouge). Mei, le personnage principal ici, a 13 ans, vit à Toronto et a des origines chinoises. Et elle découvre qu’elle se transforme en panda roux géant en cas d’émotion forte. Pour les créateurs, c’était le moment idéal pour explorer, hormis la puberté, les merveilles du cinéma d’animation asiatique, et en particulier de l’anime japonais.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

‘Turning Red’ est le premier vrai Pixar sur l’adolescence. Avez-vous su rapidement comment aborder ces années difficiles dans un film d’animation?

Patty Khim (animateur): «Au moment d’entamer le film, nous avons tous reçu pour mission de nous remémorer cette période de notre vie, si bizarre et chaotique, et effrayante aussi parfois. Mais c’est logique, c’est une période où tout change, le corps aussi. C’est ce que nous voulions montrer avec le personnage de Mei. Elle ne devait surtout pas être trop parfaite et sûre d’elle.»

Aaron Hartline (animateur): «C’est pourquoi ce grand panda est aussi la métaphore idéale de l’ado qui ne se sent pas bien dans son corps, avec ses vibrisses tordues, son odeur bizarre et sa terrible maladresse.»

Mei est une grande fan d’anime (dessins animés japonais) et le film est un croisement entre l’animation occidentale et orientale. Comment avez-vous trouvé le bon équilibre?

Aaron : «Nous y avons longuement réfléchi. Il ne fallait pas que ce soit une grosse animation bruyante et agressive. Il importait de choisir les moments justes. Au bout du compte, c’est l’histoire qui nous dictait l’approche à adopter. Au début du film surtout, nous exagérons un peu pour que le spectateur s’habitue à ce monde et à ce style uniques. Mais au cours de l’histoire, il nous arrive de baisser le ton pour donner plus de place à l’émotion.»

Patty : «Dans ce film, en fait, nous faisons souvent des choses que soi-disant on ne peut pas faire chez Pixar. Comme placer des personnages en plein milieu de l’écran, le visage face caméra. Ou les montrer en très gros plan, jusqu’à ce qu’on voie la panique dans leurs yeux et les gouttes de sueur sur leur front. Ce style s’accorde avec l’énergie que dégage Mei et que ‘Turning Red’ veut dégager dans son ensemble.»

L’anime est extrêmement populaire en ce moment, chez nous aussi. Comment l’expliquez-vous?

Patty : «Pour nous préparer, nous avons vu énormément d’anime, et ce qui m’a frappé, c’est à quel point ces films d’animation sont audacieux. Non seulement pour leur conception et dessins, mais aussi pour les thèmes qu’ils abordent. C’est excitant à voir. Ils aiment explorer les limites, et ça, c’est très attrayant.»

Vous avez aussi observé de vrais pandas roux au zoo, pour voir leurs comportements. Je vais parfois à Planckendael, où il y a aussi un panda roux, mais je n’ai jamais vu bouger l’animal. Comment avez-vous fait?

Patty : «Ce sont des bébêtes très paresseuses, c’est vrai.» (rires)

Aaron : «Mais il y a un secret. Vous devez faire en sorte d’être là quand ils reçoivent à manger. Alors, ils s’activent. Ils ne faisaient pas tout ce que nous voulions, mais nous pouvions voir au moins comment ils se comportaient entre eux. Nous avons aussi visionné des vidéos sur internet.»

Patty : «Ce sont vraiment des créatures marrantes aussi. Quand ils prennent peur, les pandas roux se dressent sur leurs pattes arrière, lèvent leurs pattes avant dans les airs et restent dans cette position. Trop mignon.»

‘Turning Red’ ne sort pas en salles mais sur Disney+ uniquement. Êtes-vous déçus?

Aaron : «Nous avons fait ce film pour le cinéma. Nous n’allons pas le nier. Et ce serait formidable pour nous si les gens pouvaient le voir en salles. J’espère secrètement qu’un exploitant de salles aura l’idée de programmer le trio ‘Soul’, ‘Luca’ et ‘Turning Red’ [les trois Pixar qui ne sont pas sortis en salles, ndlr]. Mais le plus important en fin de compte, c’est que les gens puissent voir le film et l’apprécier.»