«Moon Knight existe depuis 1975, mais je n’en avais jamais entendu parler», admet Oscar Isaac

Dans «Moon Knight», disponible sur Disney+, l’acteur Oscar Isaac donne une nouvelle chance à Marvel.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

Il y a six ans, l’acteur Oscar Isaac (‘Dune’, ‘Scenes from a Marriage’) se risquait pour la première fois dans l’univers Marvel, pour un rôle de méchant dans ‘X-Men: Apocalypse’. Le résultat n’était pas trop fameux. Le voilà de retour dans le monde des superhéros en tant que Steven Grant, le personnage principal de la nouvelle série hilarante ‘Moon Knight’. «Mon personnage ne sait pas, lui, qu’il est comique.»

‘Moon Knight’ alterne spectacle et moments extrêmement drôles. Un équilibre difficile à trouver?

OSCAR ISAAC : «Nous savions que nous devions nous y prendre de la bonne manière. Je pense que la série plaît du fait que les dialogues ne sont pas des répliques destinées à faire rire. Mon personnage ne sait même pas qu’il est drôle. Il a tout simplement une façon étrange d’aborder le monde. On voit qu’il veut vraiment établir le contact avec les autres, mais il n’a pas les outils pour le faire. On compatit donc avec lui, et ensuite, lorsque l’enfer se déchaîne, on comprend pourquoi il est terrifié.»

On vous connaît surtout en tant qu’acteur dramatique sérieux, mais dans ‘Moon Knight’ vous faites penser à des comiques physiques tels Peter Sellers et Buster Keaton. Êtes-vous familiarisé avec le genre?

«J’ai toujours aimé faire ça. Dans le passé, j’ai déjà joué beaucoup de rôles comiques aussi, mais c’était plutôt au théâtre ou dans des films qui n’ont pas atteint le grand public. C’est une des raisons pour lesquelles je voulais absolument faire ‘Moon Knight’. J’y ai vu l’occasion de créer un personnage comique inoubliable qui entraîne ensuite le spectateur dans une voie très étrange et très sombre. C’était formidable de jouer avec ça et d’en explorer vraiment les limites.»

Moon Knight n’est pas un héros de comics connu. En aviez-vous déjà entendu parler?

«Non. Dans le temps, je collectionnais les comics mais je ne connaissais absolument pas celui-là. Pourtant, Moon Knight existe depuis 1975. Quand j’ai commencé à me préparer, je me suis plongé dans son histoire et j’ai tout de suite vu la créativité de ce comics et ce qu’on pouvait faire avec ce personnage. On pouvait aussi se l’approprier.»

Moon Knight a plusieurs personnalités différentes, Steven Grant n’en est qu’une. Était-ce difficile de ne pas mélanger ces différentes identités?

«C’était un vrai défi, oui. Mais très amusant aussi. Au début, j’avais parfois un peu du mal à switcher entre les personnalités. Alors j’ai demandé de filmer uniquement les scènes autour de Steven Grant pendant une semaine, pour ensuite filmer une autre identité, la semaine suivante. Chaque personnalité devait être crédible en tant que telle. Au fur et à mesure que le tournage avançait, je devenais de plus en plus flexible aussi et je pouvais passer plus facilement d’une identité à l’autre.»

Ces identités sont aussi liées à un côté sérieux de l’histoire, car vous jouez en fait un homme atteint d’un trouble mental. Comment aborde-t-on dans une série comme ‘Moon Knight’ un sujet aussi sensible sans que cela ne se transforme en gag?

«En le prenant très au sérieux. Ce trouble occupe une place centrale dans l’histoire. Ce n’est pas un élément pour faire avancer l’intrigue ou un élément coloré du passé de mon personnage. Son traumatisme, ce qu’il a vécu enfant, est à la base de tout. C’est pourquoi il est bien de commencer sur un ton plus léger, honnête mais sans prétention. Il s’agit au bout du compte de la façon dont on survit à la maltraitance. Le terme médical est néanmoins trouble dissociatif de l’identité, mais c’est au fond un mécanisme de survie. Votre cerveau et votre imagination vous permettent de continuer à fonctionner, même si vous avez vécu des choses horribles. Je trouve ça incroyable en soi. ‘Moon Knight’ parle de quelqu’un qui apprend à être en paix avec ça.»

‘Moon Knight’, sera diffusé sur Disney+ depuis le 30 mars

Notre critique de Moon Knight

Appelons un chat un chat: rien de neuf depuis longtemps en ce qui concerne Marvel. La fabrique de superhéros a vraiment du mal à se réinventer un tant soit peu. Rien que pour cela, ’Moon Knight’ mérite déjà une standing ovation – et par extension Marvel pour avoir sorti ce personnage totalement inconnu d’un coin sombre de son écurie. Il s’agit, en gros, d’un égyptologue maladroit qui travaille au British Museum et découvre que ses rêves fous contiennent plus qu’une part de vérité. ‘Moon Knight’ se distingue à plus d’un titre de ses frères Marvel fatigués. Un des plus frappants étant le côté funny bone très bien développé et inattendu de l’acteur principal Oscar Isaac, tout comme l’humour absurde communicatif présent tout au long de la série. Mais le succès est certainement dû aussi au fait que les créateurs en général dosent bien le spectacle obligatoire. ‘Moon Knight’ comprend que les superhéros sont au fond des personnages grotesques, et cela le grandit. (rn) 4/5