Eddie Redmayne pour ‘The Good Nurse’: «Je n’avais pas envie de rencontrer l’homme que je joue»

De ‘The Danish Girl’ et ‘The Theory of Everything’ (Oscar!) à ‘Fantastic Beasts and Where to Find Them’, l’acteur britannique Eddie Redmayne s’est généralement montré de son côté le plus doux. Dans le thriller dramatique basé sur des faits réels ‘The Good Nurse’, il apparaît à nouveau doux comme un agneau, jusqu’à ce qu’on découvre que derrière l’infirmier attentionné qu’il joue se cache un tueur.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

Aviez-vous déjà entendu parler de l’affaire Charles Cullen, votre personnage?

Eddie Redmayne: «Non, je ne savais rien à ce sujet. Je n’ai découvert ce qu’il avait sur la conscience qu’en lisant le scénario. Personne ne m’avait dit de quoi il s’agissait exactement, seulement que cela valait la peine de le lire. Et plus j’avançais dans l’histoire, plus j’étais choqué. Mais la raison principale pour laquelle ‘The Good Nurse’ m’intriguait en tant que film, c’est qu’il a tant de côtés différents.»

Que voulez-vous dire?

«On ne peut le réduire comme ça à un seul genre spécifique. D’un côté, c’est une histoire héroïque sur une vraie superhéroïne vivante, Amy Loughren, la collègue de Charles Cullen qui est jouée par Jessica Chastain. C’est quelqu’un qui, contre toute attente, réussit là où le système échoue parce qu’il est détraqué et déficient. Mais j’étais aussi fasciné par Charles Cullen en tant que figure, avec tout ce qui se passait dans sa tête.»

Il vit toujours. L’avez-vous rencontré?

«Non. Je n’aurais pas pu, je crois. Et je ne sais pas non plus si j’en avais envie. Charles Graeber, qui a écrit le livre éponyme dont s’inspire le film, a pu cependant lui rendre visite à plusieurs reprises. À travers lui, j’ai donc pu avoir des détails spécifiques. Ce livre contient tous les bouts de contexte que vous pourriez espérer en tant qu’acteur, des informations de base aux rapports psychologiques. Je ne me sentais pas tout à fait à l’aise pour jouer ce personnage -ce qui est toujours bon signe- mais je savais en revanche que j’avais quelque chose sur quoi me baser. Je pouvais aussi m’adresser à Amy Loughren avec mes questions. Elle était un peu mes yeux et mes oreilles. Il me semblait plus approprié de parler avec elle plutôt que d’aller m’asseoir avec Charles Cullen.»

C’est la première fois que vous jouiez avec Jessica Chastain. Quels souvenirs en gardez-vous?

«Jessica est formidable. Une vraie camarade. En fait, ce film était bizarrement beaucoup plus dur pour elle que pour moi. Elle joue une personne souffrant d’arythmie cardiaque et il y a constamment tant de choses en jeu pour elle. Elle courait aussi tout le temps sur le plateau pour que son cœur batte plus vite, pour être prête quand les caméras tournaient. Et souvent, il y avait juste à ce moment-là un problème technique, elle devait donc recommencer depuis le début. (rires) C’était particulièrement intense pour elle. Mais elle a cette capacité incroyable de contenir toute cette tension pour la laisser jaillir ensuite à l’écran.»

‘The Good Nurse’ est diffusé par Netflix. Regrettez-vous quelque part qu’on ne puisse voir le film en salles?

«En réalité, peu m’importe. Mon amour de la comédie vient certainement du théâtre et du cinéma. Depuis la Covid, je suis déjà souvent allé au cinéma et au théâtre et c’est une sensation formidable de voir, en compagnie de beaucoup d’autres personnes, une pièce de théâtre ou un film et de réagir ensemble. J’ai déjà vu ‘The Good Nurse’ sur un grand écran aussi, et c’est toujours spécial quand un grand public partage collectivement des émotions. Mais il ne fait aucun doute que des films comme celui-ci ont besoin du soutien de plateformes de streaming. Sinon, on risque souvent de ne pas pouvoir les voir du tout. C’est un fait que Netflix a une portée énorme, et en tant que créateurs, nous voulons que le plus de gens possible puisse découvrir le film. J’ai déjà travaillé avec Netflix auparavant, pour ‘The Trial of the Chicago Seven’, et j’ai beaucoup d’admiration pour ce qu’ils font.»

Qu’en a-t-on pensé?

Jeffrey Dahmer, Ted Bundy, John Wayne Gacy, voilà le genre de personnages patibulaires dont vous connaissez peut-être le nom en tant que tueurs en série. Pour les spécialistes, toutefois, le plus meurtrier de tous est un homme dont peu de gens ont entendu parler. Pendant 15 ans, Charles Cullen frappa avec la régularité d’une horloge, faisant peut-être jusqu’à 400 victimes. Et tout ce temps, il ne resta même pas sous le radar. À chaque fois, ses employeurs avaient de gros soupçons, à chaque fois il s’en tira avec une lettre de licenciement. Cullen travaillait comme infirmier et les directions des hôpitaux où il liquidait des patients, craignaient d’abord pour leur propre réputation. De quoi faire un drame terrifiant, et c’est exactement ce que propose ‘The Good Nurse’. Le réalisateur Tobias Lindholm choisit de s’en tenir aux faits et de s’appuyer totalement sur le talent de ses interprètes Eddie Redmayne et Jessica Chastain. Un coup dans le mille, car ceux-ci mettent brillamment en lumière l’(in) humanité de toute la situation.

‘The Good Nurse’ est disponible sur Netflix.