‘Copenhagen Cowboy’ : la série Netflix complètement dingue de Nicolas Winding Refn

Unique. S’il y a un mot qui caractérise le cinéaste danois Nicolas Winding Refn, c’est bien celui-là. Le thriller ‘Pusher’ (avec un jeune Mads Mikkelsen dans le rôle principal) était déjà un premier film comme nul autre, et des films tels ‘Bronson’, ‘Drive’ et ‘The Neon Demon’ n’ont fait que souligner davantage cette originalité. Et cela vaut doublement pour ‘Copenhagen Cowboy’, l’étonnante nouvelle série Netflix de Refn sur une héroïne silencieuse qui se retrouve mêlée à la pègre de la capitale danoise.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Que répondez-vous si je qualifie ‘Copenhagen Cowboy’ de surréalisme féministe?

Nicolas Winding Refn : (rires) «C’est très bien. Chacun peut décrire la série comme il veut. Il est certain que les femmes occupent une place centrale dans ‘Copenhagen Cowboy’. Et j’en suis très heureux.»

Le personnage principal, Miu, ressemble tout de même à bien des égards aux héros masculins de vos films précédents. Quelle est la différence majeure?

«Je la vois comme une évolution de ces personnages antérieurs. Miu est en effet une version féminine du rôle que jouaient Mads Mikkelsen dans ‘Valhalla Rising’ et Ryan Gosling dans ‘Drive’ et Vithaya Pansingarm dans ‘Only God Forgives’. Mais ça va plus loin. Je veux créer tout un univers avec ce genre de personnages. Mes propres super-héros et super-méchants, en quelque sorte. Ceci est une nouvelle étape dans cette voie.»

Qu’est-ce qui vous attire exactement dans ce type de caractère stoïque et taiseux?

«Je suppose que c’est lié au fait que je ne suis pas très loquace moi-même. J’aime les personnages silencieux, cela met davantage leur physique en lumière. Et j’aime peut-être aussi les personnages qui ont un petit côté étrange et imprévisible tout simplement.»

Vous avez donné le rôle de la super-méchante Rakel à votre propre fille Lola. Pourquoi?

«Je n’ai inventé ce personnage que très tard. Nous étions déjà en train de tourner et j’ai réalisé que le personnage de Miu avait besoin d’un pôle opposé. Nous avions déjà tourné des scènes où l’on voyait un cercueil, et j’ai imaginé que Rakel serait peut-être enfermée dedans, vu qu’elle est une enfant à problèmes qui a causé beaucoup de malheur. Nous avons tout de suite cherché une actrice, mais nous ne trouvions personne avec qui ça collait. J’ai alors pensé à Lola.»

Comment était-ce de l’avoir devant votre caméra?

«Je peux vous assurer que j’étais nerveux. Si ça n’avait pas marché, notre Noël aurait été bien gâché. (rires) Je lui ai fait faire une audition sans qu’elle le sache. Elle était en train d’étudier pour ses examens, et je lui ai demandé de lire un bout de dialogue, soi-disant pour voir si ça sonnait bien. Après quelque insistance, elle l’a fait, et c’était parfait. Quelques jours plus tard, je lui ai proposé le rôle. Elle a dit ‘OK, mais pas maintenant, je dois d’abord passer mes examens’.(rires)

‘Copenhagen Cowboy’ est votre premier tournage au Danemark depuis ‘Pusher III’ en 2005. Qu’est-ce qui vous a donné cette envie de retourner dans votre pays natal?

«Ce n’était pas le but, en fait. J’avais prévu de tourner cette série-là aussi à l’étranger, car je me sens mieux dans ma peau en tant qu’étranger. Mais avec la crise du covid, nous nous sommes retrouvés coincés au Danemark, et personne ne savait ce que nous réserverait l’avenir. Alors je me suis dit ‘Et si je faisais ce projet maintenant et le situais ici, dans mon propre pays?’ Je ne voulais pas revenir sur mon passé, mais appliquer en revanche à une nouvelle histoire danoise tout ce que j’avais appris depuis ce dernier ‘Pusher’.»

Les cochons jouent un rôle frappant dans la série. Un penchant pour ces bêtes?

(rires) «Je me suis demandé quel animal était typiquement danois, et la réponse est incontestablement les cochons. Ils sont essentiels dans le paysage danois. Dans mon imaginaire, Hans Christian Andersen était très fan des cochons.»

Ils sont plus dangereux que ce que la plupart des gens imaginent...

«Exactement. On entend souvent dire que les cochons sont très intelligents et beaucoup plus raffinés qu’on ne les présente. C’est bien possible, mais je sais qu’ils dévorent surtout tout ce qu’ils trouvent sur leur passage. Rien ne les rebute. Et s’ils sont bien préparés, ils sont délicieux. Voilà leurs trois grands atouts, en ce qui me concerne.» (rires)

COPENHAGEN COWBOY

Où est-ce que le réalisateur danois Nicolas Winding Refn veut en venir exactement avec sa série ‘Copenhagen Cowboy’ en six épisodes? Honnêtement, votre réponse vaut la mienne. Il n’empêche que la première saison de cette série Netflix est déjà très esthétique, prend le spectateur constamment à contre-pied et présente une foule de scènes tellement dingues qu’on reste scotché. Le personnage central, Miu, est une jeune femme frêle et mutique, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Elle se retrouve dans un clan de criminels serbes à Copenhague, dirigé par un macho et sa terrible mère. Il y a aussi un tueur en série à l’œuvre. ‘Copenhagen Cowboy’ mise davantage sur l’ambiance que la logique, mais si vous arrivez à passer outre, cette série pourrait vous procurer beaucoup de plaisir.

‘Copenhagen Cowboy’ est disponible sur Netflix.

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