Christian Bale sur son rôle dans ‘Amsterdam’: «Il y a des éléments de mon propre fils dans ce personnage»

«Il m’intimide», dit Joaquin Phoenix. Pour Michael Keaton, c’est un acteur monstrueux. Sam Rockwell le décrit comme «the method psycho actor guy». Christian Bale est très estimé par ses collègues. À juste titre, car l’acteur britannique atteint des sommets inégalés dans presque tous ses rôles. La trilogie ‘Batman’, ‘American Psycho’, ‘Vice’, sa liste d’interprétations magistrales est interminable. Elle se rallonge encore avec le sombre thriller ‘The Pale Blue Eye’ (Netflix) et surtout l’étrange comédie dramatique ‘Amsterdam’ (Disney+).

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

‘Amsterdam’ se passe pour une petite partie seulement dans la capitale néerlandaise. Comment interprétez-vous ce titre?

Christian Bale: «C’est l’endroit où les personnages de Margot Robbie, JD Washington et moi-même se sont sentis totalement dans leur élément, où ils ont pu être qui ils voulaient être. Ils y ont conclu un pact: ils feraient tout l’un pour l’autre. C’est une amitié solide dont on voudrait bien volontiers. Amsterdam est aussi l’endroit où ils se sont découverts eux-mêmes et ont pu guérir des horreurs qu’ils ont vues pendant la guerre.»

Est-il possible de se le représenter de manière concrète?

«Certainement. C’est toute expérience où vous êtes obsédé à l’extrême par quelque chose de positif, quelque chose de sain dans votre vie. Le sentiment délicieux que cela vous procure. Je l’ai déjà vécu sur un tournage, en réalisant que je participais à une chose non seulement amusante, mais importante. Me balader à moto me donne aussi ce sentiment. Je trouve ça génial. Et être avec ma famille.»

Votre personnage, Burt Berendsen, est singulier, et pas seulement du fait que la Première Guerre mondiale lui a coûté un œil. Comment l’avez-vous créé?

«Cela fait déjà six ans que je travaille avec David O. Russell [le réalisateur, Ndlr.] sur ce film. J’ai donc eu tout le temps de me représenter ce personnage. Il a mûri peu à peu dans ma tête. Ses blessures physiques étaient importantes évidemment, mais aussi ses cicatrices mentales et émotionnelles. J’y ai mis aussi quelques façons de faire de mon propre fils. Il m’est arrivé aussi de suivre un inconnu dans la rue, trouvant qu’il ressemblait beaucoup à ce personnage. Et j’ai visionné quelques épisodes de ‘Columbo’. Vous mélangez tout ça au point que vous ne savez plus d’où vient exactement l’inspiration.»

Avec un seul œil, on n’a pas la perception de la profondeur. Comment joue-t-on cela?

«C’est simple: en portant une lentille opaque. (rires) Cela m’a énormément aidé à me mettre dans la peau de Burt, car je ne voyais rien de ce qui se passait sur mon côté droit. La moitié du monde disparaissait. Je me cognais tout le temps partout. Je me souviens d’un jour où nous avions laissé la lentille trop longtemps en place tant nous étions absorbés par la scène. Le technicien responsable m’a raconté après que c’était comme si du blanc d’œuf avait poussé de mon œil autour de la lentille pour l’englober dans mon globe oculaire. Après, pendant une journée, je n’ai plus porté de lentille, et cela faisait très bizarre.»

C’est votre troisième film avec David O. Russell, après ‘The Fighter’ et ‘American Hustle’. Qu’est-ce qui vous plaît tant chez lui?

«David est un réalisateur unique. Il est incroyablement reconnaissant de pouvoir faire ce qu’il fait. À chaque film, il donne tout ce qu’il a en lui. Et il attend cela de ses acteurs aussi. Vous devez faire en sorte de connaître votre personnage sur le bout des doigts, car David va essayer de vous prendre à contre-pied avec de nouveaux dialogues ou des scènes qui, d’un coup, changent profondément. Expérimenter, c’est ce qu’il préfère par-dessus tout et, personnellement, j’aime beaucoup ça aussi.»

Vous avez la réputation d’aimer vous fondre complètement dans un rôle. Avez-vous consciemment décidé un jour d’adopter cette approche?

«Je pense que cela a déjà commencé quand Spielberg m’a donné le rôle dans ‘L’Empire du Soleil’. J’avais 12 ans à l’époque, et ce n’était pas un personnage traditionnel pour quelqu’un de mon âge. C’était un rôle avec un contenu et une profondeur, et c’est devenu mon critère. Sinon, j’avais l’impression de ne pas faire mon job convenablement. Avec des personnages comme Batman, cela signifiait que je devais avoir l’air capable, avec des films comme ‘The Machinist’, je devais avoir l’air complètement amorphe. J’aime me lancer des défis. Je ne trouve pas ça chouette non plus quand je me vois dans un film et que je me dis ‘Allez mon vieux, tu peux faire mieux que ça!’ Ne pas être moi-même, c’est justement toute la question.»

AMSTERDAM

«Presque tout est vrai», annonce ‘Amsterdam’. Ahurissant, mais ce n’est certainement pas la seule chose qui vous laissera pantois durant les deux heures à venir. Hormis le contexte historique (une tentative de coup d’État de l’extrême droite aux USA dans les années 1930), il y a aussi le style et le ton du film proprement dit. Thriller, farce, drame, romance, mystère, fantastique, le réalisateur David O. Russell vous sert un buffet si varié que vous avez à peine le temps de goûter à tout. Les acteurs talentueux gèrent bien la chose, mais un peu plus de maîtrise n’aurait pas nuit au film.

3/5

‘Amsterdam’ est disponible sur Disney+. ‘The Pale Blue Eye’ est diffusé sur Netflix.

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