Brian Cox, perfide patriarche dans ‘Succession’, la série phénoménale diffusée sur Betv

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

Brian Cox est depuis des années un des acteurs les plus respectés au monde, une vraie bête de théâtre, nourrie de Shakespeare, et un second couteau apprécié au cinéma (‘Braveheart’, ‘The Bourne Identity’, ‘Zodiac’). L’Ecossais a aussi été le premier à incarner le docteur Hannibal Lecter (dans ‘Manhunter’). Mais il n’avait sans doute jamais imaginé qu’il vivrait son plus grand succès à 70 ans passés, dans le rôle du puissant et redoutable magnat de la presse Logan Roy dans la série de HBO ‘Succession’. La troisième saison démarre et Metro a rencontré l’acteur.

Logan Roy a-t-il encore des secrets pour vous, ou le connaissez-vous par cœur depuis le temps?

Brian Cox : «Il me surprend encore constamment. Tout comme je continue à me surprendre aussi. Cela n’a rien d’étonnant, car ‘Succession’ est une série à l’écriture exceptionnelle et c’est typique des scénarios exceptionnels qu’on ne sait pas vers où ça va. En tant qu’acteur, je ne veux pas le savoir non plus. Tout doit rester spontané. C’est ce qui me donne à moi aussi le plus de plaisir.»

Logan dit très peu en fait. Je me trompe peut-être?

«Non, c’est vrai. Logan est très réservé et secret. Ce qu’on voit, c’est une façade. Il a aussi des enfants difficiles qui se comportent en traîtres. Et ce n’est pas un idiot. Il sait ce qui se passe, mais ne s’en fait pas. Au début de la première saison, il a une attaque et il ne veut pas en risquer une deuxième. Cette attaque lui a appris à garder ses distances. Il fait encore des crises de colère, mais il les utilise plutôt pour manipuler son monde. Il est bien plus rusé que tout le monde pense, même le spectateur.»

Vous avez déjà joué de vrais psychopathes dans votre carrière. Logan a-t-il des côtés psychopathes?

«Selon moi, nous avons tous plus ou moins des côtés psychopathes. Logan aussi, c’est certain, mais on arrive finalement à la question classique: c’est sa nature ou son éducation? Dans la première saison, il y a une scène où il fait des longueurs dans la piscine et on voit des cicatrices sur son dos. Il a donc manifestement été maltraité dans son enfance. Sur ce plan, il me fait penser à Donald Trump qui, à mon avis, est incontestablement un enfant maltraité. C’est pour ça que cet homme se comporte ainsi. Mais je trouve magnifique que la série ne montre que ce seul détail, car Logan est beaucoup plus que ça.»

Il est à la tête d’un empire médiatique. Est-ce important?

«Très important. En tant que Britannique, j’ai été choqué de voir à quel point les médias américains sont polarisés, tant à gauche qu’à droite. Il n’y est pas question du moindre débat. C’est un seul son de cloche permanent. Et Logan en profite. C’est ce qu’a fait aussi d’après moi Rupert Murdoch, l’homme derrière Fox News. On le dépeint généralement comme une figure de l’extrême droite, mais c’est d’abord un opportuniste qui y a vu le moyen de gagner beaucoup d’argent. Logan est exactement pareil. Il n’a pas d’opinion politique. Il considère tous les politiques comme des clowns. Pour lui, tout ça est un jeu. Un jeu sérieux, mais un jeu quand même, tout comme la vie. Ça, en revanche, ses enfants ne le comprennent pas.»

‘Succession’ n’est pas la première série sur des gens puissants et fortunés. Qu’est-ce qui la distingue de toutes les autres séries?

«Pour moi, ‘Succession’ fait partie de la tradition satirique. Mais Jesse [Armstrong, le concepteur, ndlr] va plus loin. Il utilise aussi le drame et la comédie et l’allégorie et fait de tous ces éléments une histoire passionnante. Et c’est ça qui compte. Beaucoup d’autres séries sur des gens riches ne vont pas au-delà de ce qui brille en surface. ‘Succession’ montre ça aussi, mais sait en même temps ce qu’il y a derrière. C’est pourquoi la série a tant de succès, car elle donne aux spectateurs le sentiment d’avoir bien plus accès aux coulisses et de voir ce qui se passe vraiment.»

Notre critique de Succession – saison 3 (BeTV):

Parmi tous les canaux et plateformes, avec leurs dizaines et dizaines de nouveaux titres à chaque fois, le spectateur peut se perdre facilement. Comment trouver dans toute cette jungle ce qui a encore une vraie saveur, les films et séries qui ne donnent pas le sentiment d’une perte de temps, même bien emballée? En se concentrant sur les vraies perles. Et ‘Succession’ en fait absolument partie. Ce que la richissime famille Roy -un père tout puissant, quatre enfants qui quémandent sa reconnaissance- vit depuis trois saisons déjà, est le croisement entre ‘Dallas’ et Shakespeare. Il y a certes cet univers fascinant, où l’argent n’a plus de fonction et où seul le pouvoir compte encore. Mais la série HBO est surtout aussi de l’excellent drame, aussi captivant et prenant qu’hilarant et divertissant. Les dialogues sont comme des scalpels, tantôt piquants, tantôt tranchants. Donnez-les à des acteurs aussi solides qu’ici, et vous aurez un classique instantané. À ne pas manquer! 5/5