‘Bardo’, la quête sprirituelle d’Alejandro Iñárritu: «J’aimerais vivre ma mort consciemment»

Sous-titré ‘Fausse chronique de quelques vérités’, ‘Bardo’ annonce bien la couleur. Le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu nous entraîne en effet loin du cinéma classique. Mais on pouvait s’y attendre de la part de celui qui a ‘Babel’, ‘Birdman’ et ‘The Revenant’ à son actif.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 2 min.

Vous avez commencé à rassembler des idées pour ‘Bardo’ il y a 5ans déjà. Vous rappelez-vous de votre première trouvaille?

Alejandro González Iñárritu: «Une ombre qui essaie de voler, l’image sur laquelle débute le film. C’est un rêve récurrent que je fais. Il me laisse toujours un sentiment de plaisir et d’angoisse à la fois, car j’ai l’impression que je vole très près du sol et que je vais m’écraser à la moindre erreur.»

La mort est un thème important dans le film. Elle vous préoccupe beaucoup?

«J’aurai bientôt 60ans, on y pense donc automatiquement plus souvent. C’est certainement une des raisons pour lesquelles j’ai voulu faire un film plus introspectif. J’aimerais vivre ma mort consciemment. C’est important. J’ai toujours essayé d’être présent dans ma vie et je regrette les moments où je n’y suis pas parvenu. La vie passe, et on se demande où on était. Nous avons de toute façon l’habitude d’être à moitié en train de rêver, avec nos pensées dans l’avenir ou dans le passé.»

‘Bardo’ parle aussi de ce qu’on utilise pour construire son identité. Qu’est-ce qui, pour vous, compte le plus?

«C’est très simple: ma famille. Tant ma propre famille que mes aïeux. Ma tribu, en quelque sorte. C’est finalement la seule chose qui compte. Le nationalisme, la religion, ce sont autant d’inventions, des histoires avec lesquelles nous nous créons une illusion d’importance et de pouvoir. Mais nous savons que ce sont des mensonges.»

BARDO

Soyons clairs: ce n’est manifestement pas le but que vous compreniez réellement ‘Bardo’. C’est un film issu du subconscient, une errance du réalisateur Alejandro González Iñárritu à travers ses propres souvenirs, fantasmes, rêves et hallucinations, filtrés par un personnage principal fictif. Disons un trip sans champignons ou pilules, aussi surprenant et bizarre, qu’unique et particulier. ‘Bardo’ est un monde auquel on peut goûter plusieurs fois ou en plusieurs bouchées. Tous les ingrédients qu’Iñárritu incorpore dans son menu mexicain ne sont pas aussi réussis. Mais on se ressert volontiers une deuxième portion.

3/5

‘Bardo’ est diffusé à partir du vendredi 16 décembre sur Netflix.

Retrouvez toute l’actu sur metrotime.be