Êtes-vous victime du syndrome du grand coquelicot?

Le nom ne vous dit peut-être rien, mais vous en êtes peut-être victime. Que se cache-t-il derrière le syndrome du grand coquelicot, un syndrome qui semble toucher davantage les femmes? On vous l’explique!

par
Eléonore Janne d’Othée
Temps de lecture 3 min.

Le coquelicot est une fleur jolie et délicate. Mais pourtant le syndrome du grand coquelicot n’a rien de positif.

Qu’est-ce que c’est? En bref, le syndrome du grand coquelicot désigne un système de jalousie et de critique dans le milieu professionnel. La réussite d’une personne va susciter chez les autres un sentiment d’infériorité et d’insécurité, ce qui va les pousser à critiquer voire parfois les harceler. Ces personnes qui réussissent peuvent donc en payer le prix fort.

Pourquoi le coquelicot?

«Cela vient à l’origine des personnes qui ont fait fortune et qui se sentent au-dessus des autres. On a alors l’image du coquelicot, qui a une tige plus haute que les autres, et qu’on coupe pour rester harmonieux. Tous à la même hauteur», explique Catherine Bonneville-Morawski, directrice d’Eragina, cabinet de conseils en mixité et développement des carrières des femmes.

C’est donc le fait de chercher à nuire aux grands coquelicots, qui réussissent mieux que les autres. Il faut alors les couper dans leurs élans afin d’être à leurs niveaux. Et ils le font notamment à travers les critiques.

Rivalité féminine

Au Canada, la chercheuse Rumeet Billan a mené une étude : «Le plus grand des coquelicots – Les femmes qui réussissent paient un prix élevé pour leur succès». Il en ressort que ce syndrome touche davantage les femmes. Dans cette étude menée en 2018, 87,3% des 1 501 femmes sondées travaillant en entreprise avaient l’impression «que leurs réalisations ont été sapées par d’autres personnes sur leur lieu de travail».

Au-delà du simple fait d’être sapé, une solide majorité – plus de 80% – a déclaré avoir fait l’objet d’hostilité en raison de leur réussite professionnelle.

Selon Rumeet Billan, les femmes sont souvent les premières à «couper» les coquelicots féminins qui dépassent, le succès des unes révélerait les insécurités des autres. Il existe donc une réelle rivalité féminine. Comme l’explique l’étude «les autres agiraient ainsi par jalousie, envie, sexisme, misogynie internalisée (= la misogynie des femmes envers les autres femmes), à cause de leur manque de confiance en elles/eux, et des stéréotypes de genre».

Et cette rivalité se retrouve dans tous les domaines: à l’école, en entreprise, en politique, sur les réseaux sociaux, dans le sport, la musique…

Conséquences

Le bien-être et la santé mentale peuvent donc être mis à l’épreuve chez les personnes qui subissent ce syndrome du grand coquelicot. Le harcèlement, les critiques constantes dont elles peuvent faire l’objet va avoir un impact important sur leur estime de soi et leur confiance en soi. Cela peut même provoquer un syndrome de l’imposteur, causer des insomnies et mener à la dépression.

Si l’on en croit l’étude, plus de 6 femmes sur 10 ont avoué avoir vécu une perte d’estime, plus de la moitié d’entre elles ne partagent plus leurs réussites autour d’elles.

Comment s’en défaire?

Certes, c’est plus facile à dire qu’à faire mais il ne faut pas se sentir coupable d’être forte et douée dans une matière ou dans un domaine en particulier. Si vous réussissez, c’est que vous le méritez. Éloignez vous le plus possible des personnes toxiques et entourez vous de personnes bienveillantes qui vous soutiendront et vous diront à quel point elles sont fières de vous. N’hésitez pas non plus à en parler à un référant, un supérieur ou même un responsable des ressources humaines.

Et surtout, n’ayez pas peur d’être le plus grand des coquelicots.

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