Les viandes in vitro ne sont peut-être pas la meilleure alternative à la viande traditionnelle

Pour éviter la souffrance animale et réduire la facture énergétique, la viande cultivée en laboratoire se présente comme une alternative séduisante. Mais les gains en matière de durabilité ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Selon un récent rapport, la viande in vitro présenterait, au contraire, des problèmes de durabilité.

par
ETX Daily Up
Temps de lecture 3 min.

Depuis quelques années, la viande fabriquée à partir de cellules d’animaux fait beaucoup parler d'elle. La technique consiste à prélever certains types de cellules pour les cultiver en laboratoire. Ses partisans affirment que la viande de culture peut répondre à la demande mondiale croissante de viande, qu'elle est plus saine et plus durable que l'élevage, et qu'elle est également meilleure pour le bien-être des animaux.

Les premières études ont confirmé ces affirmations. Par rapport à la production de viande conventionnelle en Europe, la viande de culture consomme 7 à 45% d'énergie en moins. Elle émet également moins de 78 à 96% de gaz à effet de serre. Elle demande 99% de terres et de 82 à 96% d'eau en moins. Sans compter les gains conséquents pour le bien-être animal. Les défenseurs de cette méthode affirment que le produit final est plus sûr que la viande conventionnelle. L'environnement de laboratoire entièrement contrôlé réduirait le risque de maladies d'origine alimentaire et éliminerait le besoin d'antibiotiques. Pourtant, selon le rapport Meet Atlas de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui a compilé les dernières données du secteur, ces prétendus avantages pourraient être exagérés.

Energie et agents pathogènes

Certaines études récentes montrent que la production de viande cellulaire est très énergivore. Si l'on prend en compte l'ensemble du cycle de vie du produit, l'énergie dépensée peut être plus élevée que celle de la production de viande conventionnelle, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre en comparaison avec l'élevage des animaux. Car le bétail émet du méthane, un puissant gaz à effet de serre, mais qui ne reste pas longtemps dans l'atmosphère. La culture cellulaire, en revanche, produit du dioxyde de carbone, qui persiste pendant des centaines d'années. Les avantages potentiels de la viande cultivée en termes d'émissions ne sont donc pas clairs.

Par ailleurs, les agents pathogènes constituent un autre problème potentiel. Pour l'instant, il est impossible de savoir avec certitude s'ils sont vraiment éliminés de la viande cultivée en laboratoire ou s'ils changent de nature. Difficile également de savoir si la masse musculaire développée in vitro présentera les mêmes qualités que celle qu'un animal développe avec le temps, sans être poussé par des stimulateurs de croissances, dont des hormones sexuelles. Et aucune méthode n'a encore été développée pour garantir que la viande cellulaire contient des micronutriments cruciaux, comme la vitamine B12 et le fer, qui sont spécifiques aux produits animaux. Selon le rapport, "un passage rapide de la viande conventionnelle à la viande cellulaire semble improbable dans un avenir proche".