Comment expliquer le somnambulisme ?

C'est un phénomène qui touche environ un enfant sur quatre, et puis seulement de 1% à 4% de la population adulte: le somnambulisme. Ce trouble du sommeil de quelques minutes survient dans la phase de sommeil lent et profond et se caractérise par un état de sommeil incomplet.
par
Clement
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Le somnambulisme peut se manifester de différentes manières: le sujet peut par exemple se limiter à marcher, rester assis et s'agiter dans son lit, ou effectuer des mouvements plus complexes, comme allumer une télévision voire se préparer un repas. Avec des conséquences qui peuvent être dramatiques. Car si le somnambulisme est bénin en soi, il peut ponctuellement amener le somnambule à se blesser, s'il sort de son habitation par exemple. Ce fut notamment le cas en février 2016, lorsqu'un adolescent français a dû être hospitalisé dans un état grave après être tombé d'un toit.

Heureusement, ce genre d'événements dramatiques reste relativement rare. Même si une étude publiée dans la revue Sleep en 2013 prouve que les blessures liées au somnambulisme sont assez fréquentes. Cette étude, réalisée sur 100 personnes par Yves Dauvilliers, le directeur du laboratoire du sommeil à l'hôpital Gui-de-Chauliac à Montpellier, montre que 58% de ses patients ont eu un épisode violent durant leur épisode de somnambulisme. Dans 17% des cas, l'intégrité physique du patient ou de son compagnon aurait même été atteinte, que ce soit sous la forme d'ecchymoses, de saignement de nez, voire de factures. Si c'est également votre cas, il est conseillé de consulter un spécialiste.

Quelles sont les causes?

Mais que se passe-t-il dans le cerveau d'une personne atteinte de somnambulisme? Comme expliqué précédemment, le somnambule se trouve dans un état de sommeil incomplet en pleine nuit, ce qui le laisse dans un état de confusion totale par rapport à son environnement. Si les causes du somnambulisme ne sont pas encore totalement claires, cet état pourrait être la conséquence d'une mauvaise transition du sommeil profond vers un autre stade du sommeil. Durant sa phase «d'éveil», le somnambule ne conserve pas sa capacité de mémorisation, ce qui explique pourquoi les somnambules ne se souviennent généralement pas de leurs virées nocturnes.

Toujours dans l'étude dirigée par Yves Dauvilliers, 59% des patients somnambules présentaient des signes comme le manque de sommeil, du stress, ou des symptômes dépressifs. Impossible par contre de savoir si ces signes sont des causes ou des conséquences du somnambulisme. Dans une moindre mesure, la consommation d'alcool, de drogue, ainsi que la pratique intense d'une activité physique en soirée augmenteraient également la fréquence et l'intensité des épisodes du somnambule.

Un phénomène héréditaire?

Une autre étude, basée sur 1.940 enfants et réalisée par une équipe de chercheurs canadiens, irlandais et russes, a, elle, montré que le phénomène était en partie héréditaire. Un enfant a ainsi trois fois plus de chances de devenir somnambule si l'un de ses parents l'est et sept fois plus si père et mère ont déjà développé ce trouble du sommeil, assurent les chercheurs.

Quoi qu'il en soit, Yves Dauvilliers plaide pour que le somnambulisme soit plus étudié. «Le somnambulisme est une condition sous-diagnostiquée qui peut être clairement associée à des conséquences diurnes et à des troubles d'humeur pouvant entraîner un impact majeur sur la qualité de vie», mettait-il en garde dans un article de l'Académie Américaine de la Médecine du Sommeil peu après la publication de son étude.

Faut-il réveiller un somnambule ?

Une légende urbaine raconte que réveiller une personne somnambule pourrait provoquer une crise cardiaque. Heureusement, il n'en est rien. Réveiller un somnambule est un peu comme réveiller une personne qui rêve. Mais ce n'est pas parce que cela ne représente aucun danger qu'il est conseillé de le faire. Une fois réveillé, le somnambule va se retrouver complètement désorienté, ce qui peut le rendre nerveux ou violent. Le plus sage est de simplement raccompagner la personne avec délicatesse vers son lit sans la réveiller. Si le somnambule devait se mettre en danger, il est alors évidemment conseillé de le réveiller, en l'appelant à voix haute.

Et si votre enfant est sujet à des épisodes fréquents, sécurisez un maximum les pièces de votre maison pour éviter qu'il ne se blesse. Fermez par exemple les fenêtres et les portes donnant vers l'extérieur, retirez les objets comme les jouets qui traînent au sol pour éviter que votre enfant ne trébuche, placez en sécurité les objets tranchants ou toxiques, et ne le laissez pas dormir dans le lit supérieur d'un lit superposé.

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