C’est quoi le bonheur ? Cartouche tente de répondre à cette question incroyablement subjective

Dans le livre «Le Bruit du Bonheur», la journaliste Aurélie Godefroy et l’humoriste-danseur-metteur en scène Cartouche abordent la question du bonheur.

par
Lucie Hage
Temps de lecture 4 min.

Qu’ont en commun Christophe Michalak, Najat Vallaud Belkacem et Booder? Ils ont couché sur papier leur vision très personnelle du bonheur dans le livre: «Le Bruit du Bonheur», de la journaliste Aurélie Godefroy et l’humoriste-danseur-metteur en scène Cartouche. Ces derniers ont rassemblé 26 personnalités célèbres et autant de quidam dans un recueil qui se déguste comme un ballotin de pralines. Et si vous vous posiez la question? Un carnet d’exercices a été prévu pour vous à la fin du livre!

Pourquoi écrire un livre sur le bonheur?

«L’idée m’est venue suite à mon spectacle: ‘Demain, je me lève de bonheur’. Non pas parce que j’y traite ce sujet en particulier mais parce que ce spectacle a suscité énormément de réactions et a ouvert inlassablement les mêmes discussions passionnantes: mon public se demande s’il est heureux et me partage son avis. Je me suis dit qu’il y avait là une porte ouverte, un débat sain, une question incroyablement subjective et finalement cruciale: ‘C’est quoi le bonheur’.»

Si le bonheur est subjectif, avez-vous quand même su dégager un fil conducteur dans les réponses que toutes ces personnes vous ont données?

«Oui, on retrouve beaucoup le temps passé en famille ou entre amis. Très peu le boulot, ce qui m’a assez fort étonné. On a des personnalités connues mais aussi des personnes ordinaires qui n’ont pas un métier glamour ou médiatique et finalement, on retrouve sensiblement les mêmes petits bonheurs.»

S’arrêter et se poser la question du bonheur: un premier pas pour l’atteindre?

«Exact, le premier pas est de réfléchir aux différents domaines de sa vie et de se demander si cela nous rend heureux. On a quelques personnes à qui on a envoyé les questions qui nous ont dit qu’elles n’y arrivaient pas. Elles n’ont finalement pas répondu. Cela peut être difficile d’ouvrir la boîte de Pandore et de se poser les vraies questions. Le bonheur est une chose très personnelle et parfois on imagine que telle ou telle personne est très heureuse alors que ce n’est pas forcément le cas. Il faut être actif dans sa recherche du bonheur, changer les choses qui ne vont pas au lieu de simplement se plaindre. Et cela dure toute la vie car notre bonheur dépend de facteurs variés qui évoluent au fil des jours et même au fil des heures.»

Il y a des gens faits pour le bonheur et d’autres moins?

«Je pense que le bonheur est un état d’esprit, une gymnastique. Et certains la pratiquent plus que d’autres en effet. Par exemple, si la pluie et le ciel gris vous rendent malheureux, vous pouvez essayer de la voir comme quelque chose de positif, essentiel pour la nature. Les dégradés de gris sont beaux à leur façon. Et si cela ne vous convient vraiment pas, envisagez donc de partir habiter là où le ciel est toujours bleu. Il y a de nouveau cette question de l’action, de choix, d’étapes vers le bonheur.»

Notre culture freine-t-elle notre accès au bonheur? Comme si le bonheur des uns s’arrêtait là où commence le malheur des autres?

«C’est vrai qu’on a eu l’habitude qu’on nous inculque la valeur du travail comme valeur ultime. Comme si pour être heureux on devait surtout en chier, travailler dur, faire des concessions… D’un autre côté, on nous propose aujourd’hui d’être heureux mais en même temps de ne pas trop le montrer. Et en même temps, j’ai lu très récemment qu’une étude avait dévoilé une proportion énorme de gens heureux: 70% des Français disent être heureux. Cette étude a été menée après le début de la crise de la Covid.»

La Covid aurait rendu les gens plus heureux?

«C’est ce que démontrerait cette étude. On ne peut nier qu’il en a rendu certains plus malheureux mais la plupart des gens ont peut-être procédé à des rééquilibrages nécessaires à un retour au bonheur. Nous nous sommes retrouvés avec nous-mêmes, nous nous sommes arrêtés et nous nous sommes, peut-être, posés les bonnes questions, c’est-à-dire, est-ce que mon travail me rend vraiment heureux? Mon couple? Ma vie? Ce qui a aussi peut-être joué, c’est qu’on a eu pour beaucoup plus de temps pour nous, pour lire, discuter, se détendre.»

Dans les réponses publiées, avez-vous remarqué une vision fort différente du bonheur entre les hommes et les femmes?

«Oui, on sent les femmes plus connectées à la spiritualité, à l’intuition et aussi au fait de faire plaisir aux autres mais aussi à elle-même. Elles ont tendance à trouver des outils pour soutenir leur bien-être comme le yoga, les activités créatives… Les garçons sont plus terre à terre mais ceux qui ont une activité artistique ont également cette ouverture plus fine au monde et aux autres.»

«Le Bruit du Bonheur», d’Aurélie Godefroy et Cartouche, éditions Leduc, 223 pages, 24,90€