Un expert milite pour sauver les pollinisateurs sauvages

Les pollinisateurs sauvages sont en danger. Pourtant, ceux-ci sont essentiels au maintien de l’agriculture et des écosystèmes dans nos régions. Le projet Interreg SAPOLL a eu pour ambition de mettre sur pied un plan d’action transfrontalier en faveur des pollinisateurs sauvages, mais aussi de mobiliser la population au travers des multiples aspects liés à cette problématique. Le gestionnaire de ce projet transfrontalier initié en 2016, Maxime Drossart, nous en dit plus à ce propos.

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La pollinisation, c’est ce phénomène indispensable à la reproduction des plantes à fleurs qui implique le transfert de pollen des étamines jusqu’au pistil. Si le vent constitue un acteur important à la pollinisation de certaines plantes (ex: graminées), certains assurent aussi une part importante de ce processus! Dans nos régions, il s’agit principalement des abeilles, des syrphes et des papillons. Sans eux, on ne pourrait pas savourer 80% des plantes destinées à l’alimentation humaine. Nous serions par exemple privés de pommes, de cerises, ou encore de carottes et d’oignons.

Toutefois, bon nombre d’insectes pollinisateurs sont en danger et dans ce contexte, il existe un projet transfrontalier afin de contribuer à leur conservation. Il s’agit du projet SAPOLL (SAuvons nos POLLinisateurs), qui a été lancé le 1er avril 2016 pour une durée de quatre années et regroupant huit partenaires français, wallons et flamands d’horizons divers (universités, associations, organismes publics) dont l’Université de Mons, Natagora et l’Université de Liège (Gembloux Agro-Bio Tech) en Wallonie. Disposant d’un budget de près de 2,4 millions €, le projet est financé par le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) ainsi que par la Région wallonne pour les partenaires wallons.

«Le projet est transfrontalier puisqu’il concerne trois versants que sont la Flandre, la Wallonie et le nord de la France, qui partagent une faune pollinisatrice similaire», explique Maxime Drossart, gestionnaire du projet. «Le fait de collaborer au-delà des frontières nous a permis de lancer une certaine dynamique. On observe que, désormais, la France et la Belgique souhaitent mettre en place des stratégies nationales, ce qui montre bien que notre initiative avait tout son sens.» Aller au-delà des frontières permet également un partage des compétences et une homogénéisation des connaissances sur les pollinisateurs, ce qui permet de prioriser les actions à entreprendre.

Un processus en danger

La pollinisation est un mécanisme naturel menacé par de nombreux facteurs: «L’agriculture est devenue très intensive dans nos régions et se fait désormais différemment, notamment à cause des pesticides et des engrais azotés. Cela a fortement réduit les ressources florales fournissant le pollen et le nectar. C’est sans compter sur l’émergence des maladies, ou les changements climatiques, qui ont un impact d’un point de vue plus global et qui risquent de fortement affecter certains habitats à l’échelle locale, l’urbanisation et la fragmentation des paysages, qui réduisent les zones d’habitat de nos pollinisateurs», précise le zoologiste. La Liste Rouge des abeilles de Belgique indique que, sur les quelque 400 espèces d’abeilles recensées dans notre pays, plus de la moitié est menacée, en passe de l’être, voire éteinte à l’échelle nationale.

De prime à bord, on se dit donc qu’il est difficile d’agir de façon locale, face à ces enjeux immenses. Pourtant, les solutions sont nombreuses et assez simples à mettre en place, puisqu’il suffit de laisser la nature faire son travail. «On peut facilement respecter la spontanéité de la vie sauvage, notamment en laissant une partie de son jardin en jachère afin de donner un endroit qui offre le gîte et le couvert aux insectes. En outre, certaines plantes aromatiques, horticoles ou grimpantes sont particulièrement appréciées par les pollinisateurs sauvages mais aussi par les jardiniers», détaille Maxime Drossart.

Une communication à plusieurs niveaux

Le projet SAPOLL se décline en trois axes principaux. Le premier, c’est celui de la sensibilisation du grand public: depuis 2016, des actions de communication, de sensibilisation et de sciences participatives sont menées afin d’avertir un public aussi large que possible à la problématique du déclin des pollinisateurs sauvages. Une exposition itinérante a également transité un peu partout en Wallonie et en Flandre.

En second lieu, le projet vise à former et mobiliser des réseaux d’observateurs. La Belgique étant un pays fondamentalement naturaliste, il faut former les curieux et interconnecter ceux-ci au-delà des frontières, via des groupes de travail et des formations.

Enfin, un suivi scientifique des pollinisateurs sauvages sur l’ensemble du territoire transfrontalier est essentiel et permet d’améliorer les connaissances à l’échelle locale. Jusqu’à présent, une base de données transfrontalière a été créée, unie par une convention entre membres du projet.

Derrière ces trois grands axes, le Plan d’action transfrontalier se décline en 35 actions associées à dix types d’acteurs et sept types d’espaces afin de permettre à chacun d’agir à son échelle et avec ses moyens. Après une phase de consultation entre 2016 et 2018, le projet est donc passé à l’action en 2019 sur une durée de 10 ans, puisqu’il s’agira de faire le bilan à l’horizon 2029.