La création de pluie artificielle peut-elle résoudre les problèmes de sécheresse partout dans le monde?

Dans un contexte de sécheresse globalisée, de nombreux pays font appel à l'ensemencement des nuages, une méthode qui permet de créer de la pluie artificielle. La Chine et les Emirats Arabes Unis ont tous deux des programmes très développés. Mais le monde de la science peine à se prononcer sur l’efficacité de cette méthode et ses dangers...

par
ETX Daily Up Studio
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Alors que la sécheresse fait rage depuis le début de l’année partout dans le monde, l’été 2022 marque un tournant au niveau des dégâts liés au réchauffement climatique. De nombreuses régions du monde attendent avec impatience les précipitations - au bon vouloir de la météo. Et quand elles n'arrivent pas, les pays prennent le problème à bras le corps en créant des pluies artificielles.

Cette pratique s’appelle l’ensemencement de nuages. Elle consiste à “modifier la structure d’un nuage de façon à accroître les possibilités de précipitations”, selon les ressources de Parlons sciences. En injectant des particules d’iodure d’argent dans les nuages, celles-ci forment des noyaux de condensation additionnels et accélèrent la formation de molécules d’eau. Lorsque les gouttes d’eau sont assez lourdes, elles peuvent tomber sous forme de pluie ou de glace.

Deux méthodes

Il existe deux façons de créer ces précipitations. La première consiste à utiliser d’énormes canons qui vaporisent les particules vers les nuages ; la seconde repose dans l’usage d’avions qui déversent les particules d’iodure d’argent en passant au-dessus des nuages.

La première utilisation de cette méthode a été constatée dans la région de New York pour lutter contre la sécheresse au milieu des années 1940, avant de se répandre dans le reste du monde. La Chine, la Russie, les Emirats Arabes Unis… tous pratiquent l’ensemencement

Les programmes d’ensemencement se sont développés dans de nombreux pays d’Afrique du Nord, comme le Maroc et au Moyen-Orient, comme aux Emirats Arabes Unis (EAU).

Les EAU largement devant

Selon le New York Times, les EAU sont le “leader incontesté” de la région, puisque “dès les années 1990, la famille dirigeante du pays a reconnu que le maintien d'un approvisionnement abondant en eau serait aussi important que les énormes réserves de pétrole et de gaz” pour conserver sa puissance financière dans le monde. Neuf pilotes sont prêts 24h/24 au décollage si la météo parait prometteuse, rapporte le journal américain. Le gouvernement a dépensé des centaines de millions de dollars dans ce programme.

De l’autre côté de l’océan Indien, la Chine fait aussi figure de chef de file des programmes les plus audacieux en matière d’ensemencement de nuages. Depuis une décennie, cette méthode est utilisée en amont des grands rendez-vous, afin de garantir une météo cordiale lors de cesdits évènements. En 2008, cette technique a été utilisée au-dessus de Pékin avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques afin d'éviter la pluie. Ou plus récemment à l’occasion du 70e anniversaire de la République populaire de Chine (en 2019).

En décembre 2020, le pays a annoncé développer massivement son programme pour qu’à l’horizon 2035, cette méthode permette de restaurer les écosystèmes naturels, notamment en faveur de la production agricole - et donc de l’économie.

Au mois d’août 2022, la télévision chinoise CCTV montrait les images des manœuvres d'ensemencement à l'aide d'aéronefs et de lancements de projectiles depuis le sol, pour faire face à une sécheresse inédite le long du fleuve Yangtsé.

Un procédé encore débattu

Cette façon de procéder pose de nombreuses questions économiques et environnementales. Si selon l’organisme d’apprentissage ce procédé “a fait la preuve de son efficacité” - puisqu'il pourrait accroître la quantité de précipitations de 10 à 15 % -, de nombreux scientifiques interrogés soulignent le manque de documentation et la difficulté d'évaluer précisément les effets de l’ensemencement.

Le quotidien new-yorkais précise d’ailleurs qu’Israël a arrêté son programme en 2021 pour des raisons économiques et un manque d'efficacité.

L’autre point saillant de l’ensemencement de nuages est l’utilisation d’iodure d’argent comme potentiel produit contaminant les sols. A ce jour, aucune étude ne permet de statuer sur les conséquences de l'utilisation de ce composé. Certains scientifiques maintiennent que les quantités d'iodure d'argent émises lors de l'ensemencement sont trop faibles pour avoir des conséquences négatives sur la biodiversité. D'autres rappellent la toxicité selon les taux de présence de ce composé.