De plus en plus de Belges échangent leur maison pour trouver du dépaysement aux quatre coins du pays

De plus en plus de Belges échangent leur habitation pour trouver du dépaysement aux quatre coins du pays. Un concept économique et écologique qui a énormément d’avantages au niveau organisationnel mais aussi humain. C’est ce que nous ont expliqué trois familles habituées à échanger.

par
Lucie Hage
Temps de lecture 5 min.

Ces trois familles utilisent un site internet qui met en contact les personnes qui désirent échanger via un mécanisme de triangulation. Lorsque la famille accueille chez elle, elle engrange des points qui peuvent être ensuite utilisés pour passer du temps dans une autre habitation mais pas forcément celle des gens qui sont venus chez eux. Cette plateforme fonctionne avec un système d’abonnement. En contrepartie, vous avez droit à une assurance annulation et une couverture des éventuels dommages et vols. Il existe aussi des groupes Facebook d’échanges de maison (un peu plus «freestyle»!).

«Dans la peau d’une autre famille»

Pia et sa petite famille habitent à Hoeilaart dans une maison confortable, proche de la forêt de Soignes. Ils ont déjà effectué 64 échanges et pour eux la destination n’est pas un critère essentiel: «On peut être dépaysé tout en étant à une demi-heure de chez soi. Quand on échange, on découvre un nouveau lieu de vie et c’est comme si on était pour quelques jours dans la peau d’une autre famille. Nous avons un très bon souvenir d’une maison dans une toute petite bourgade flamande près d’Anvers: Kasterlee. On a été très étonnés du cadre hyper nature. La maison était super bien aménagée et il y avait un jacuzzi dont on a bien profité!» Pia note également l’avantage de pouvoir partir en dernière minute: «On regarde sur le site et on peut déjà partir le lendemain. Quand notre maison est demandée pour un échange, on choisit un endroit pour nous et on part à l’aventure. Nous avons été à Gand, à Courtrai, à Leuven…».

«Très souvent en week-end durant le confinement»

La mère de famille nous confie également que les échanges ont été particulièrement intenses pendant le confinement où ils partaient souvent en long week-end. Un mode d’hébergement zéro souci puisqu’il n’y pas d’échange d’argent, donc pas d’histoires de remboursement en cas d’annulation (cas qui n’est cependant jamais arrivé à Pia en 64 échanges). Pia nous explique pratiquer aussi, depuis peu, le concept de «chambre d’hospitalité»: «Certaines personnes désirent passer juste une nuit chez nous car ils sont à Bruxelles pour le travail ou bien ils désirent se reposer durant une étape au milieu d’une longue route. C’est très chouette parce que du coup, nous sommes à la maison avec la ou les personnes que nous hébergeons dans la chambre d’amis, ce qui permet donc de faire connaissance. Et bien sûr, nous engrangeons des points!».

«Beaucoup d’humanité»

Diane et sa famille habitent à Bruxelles et ont également une maison à Ittre et dans le Gard en France. Les trois sont sur le site d’échanges de maisons. Cette maman dont les enfants sont à présent de jeunes adultes, compte près de 200 échanges à son actif. Si d’habitude elle voyage surtout à l’étranger (France, Espagne, Canada, Ibiza…), elle a posé ses valises en Belgique plus souvent qu’à l’accoutumée depuis la crise Covid: «Nous avons été à Knokke, à Liège, à Nieuport, à Haarschot dans le Brabant flamand où nous avons fait de magnifiques balades à vélo.» Ce qui la touche le plus lorsqu’on lui demande ses meilleurs souvenirs, c’est le contact avec les propriétaires: «Quand on échange, on ressent beaucoup de chaleur et d’humanité et en cette période c’est d’autant plus agréable et important. À Nieuport, Aurélie la propriétaire nous avait laissé un gentil petit mot et des petits cadeaux. Il y a un chouette contact qui se crée avec l’autre famille par téléphone, mail ou WhatsApp. Nous échangeons à propos de détails pratiques: où se trouve le grille-pain? Comment utiliser le feu ouvert? Où se trouve le matériel pour regonfler les pneus de leurs vélos… On reçoit souvent aussi de précieux conseils pour découvrir la région.» Diane insiste sur le fait qu’elle n’a jamais eu de mauvaises expériences en 22 ans d’échanges.

«Les enfants s’éclatent avec les jeux des autres»

Marc habite Forest et échange sa maison depuis 15 ans. Lui, son épouse et ses deux enfants ont déjà échangé 51 fois: «Nous avons été en Italie, au Portugal, en Californie… Dans des maisons super et tout ça à moindre coût grâce au système d’échange.» Comme les deux autres familles, depuis le premier confinement, ils visitent surtout la Belgique: «Nous avons été à Bruges, Gand, Florennes, Verviers, Knokke…» Et comme les deux autres familles, ils ont des enfants et ces derniers adorent le concept: «Les enfants s’éclatent avec les jeux des autres. Ils acceptent facilement de prêter les leurs aux familles qui viennent chez nous. C’est du donnant donnant. Le respect est une des valeurs que nous partageons tous dans ce type d’échange et donc on fait attention à ne pas casser ni perdre et avant de repartir on range bien tous les jeux. Et puis quand ils étaient bébés, c’était très pratique d’avoir tout le matériel de puériculture à disposition.» Une maison qui vit plutôt qu’un hôtel ou un appartement froid et sans âme, c’est ce que viennent chercher Pia, Diane et Marc. Et ils ne sont pas les seuls car rien que pour Bruxelles, 3.500 nuitées ont été échangées cette année, via la plateforme internet, sans compter donc les échanges organisés sur les groupes Facebook.