Comment lutter contre le trafic d’animaux sauvages qui prospère en ligne ?

Le trafic d’animaux sauvages prospère en ligne. Ce canal de vente alimente une demande importante d’animaux exotiques comme animaux de compagnie en Europe. Des solutions technologiques peuvent pourtant réduire cette cybercriminalité.

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Selon un rapport des ONG WWF et Traffic, le commerce en ligne de reptiles et d’oiseaux rares et protégés en Belgique et aux Pays-Bas reste une réalité. Le rapport de 2020 intitulé «Mettre un terme au trafic d’espèces sauvages sur Internet dans l’UE – Le commerce en ligne de reptiles et d’oiseaux en Belgique et aux Pays-Bas», a analysé les annonces de vente en ligne sur 26 espèces de reptiles et d’oiseaux et deux genres de reptiles protégés par la réglementation de l’UE. Les annonces ont été principalement trouvées sur les médias sociaux (25%) et les sites web spécialisés dans la faune sauvage (50%). Les chercheurs ont identifié 106 annonces suspectes issues de 65 vendeurs différents, dont certains avaient des antécédents dans le trafic d’animaux sauvages.

Les espèces d’oiseaux les plus fréquemment rencontrées étaient l’Ara hyacinthe et l’Ara à gorge bleue, tous deux originaires d’Amérique latine. Concernant les reptiles, les enquêteurs ont trouvé des geckos nains turquoises, que l’on ne trouve que dans une toute petite partie de la Tanzanie, et le lézard crocodile chinois, originaire de Chine et du Vietnam. Ces animaux sont tous considérés comme menacés d’extinction dans la nature. La plupart des annonces ne fournissaient pas d’informations adéquates prouvant que les reptiles et les oiseaux à vendre étaient d’origine légale, comme des documents CITES ou un marquage approprié.

«Le trafic en ligne d’espèces sauvages menace des milliers d’espèces et risque de propager des maladies zoonotiques, qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur notre société», souligne Emilie Van der Henst, responsable du projet européen sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages et une des auteures du rapport. Un argument qui résonne en chacun depuis l’apparition de la Covid-19. «Tout le monde, des particuliers aux gouvernements en passant par le secteur privé, peut contribuer à freiner le trafic sur Internet en s’assurant que les publications en ligne sont légales et que toute activité illégale est signalée.»

Des solutions existent

Un autre rapport met en lumière des solutions technologiques potentielles pour lutter contre ce trafic illégal. Selon les deux ONG, des logiciels peuvent aider à surveiller et à détecter les activités suspectes liées au commerce des espèces sauvages en ligne. Cela permettrait d’éviter d’avoir recours à la collecte manuelle de données, qui prend du temps et demande beaucoup de travail. «Le principal défi lié à l’adoption de telles approches n’est pas le développement de nouveaux outils, mais le perfectionnement des outils existants et la collecte d’ensembles de données critiques pour mettre au point des moyens extensibles, fiables, systématiques et reproductibles de détecter automatiquement la cybercriminalité liée aux espèces sauvages», souligne le rapport remis au WWF et à Traffic.

«Les dernières technologies peuvent changer la donne dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages en ligne», souligne Florian Debève, chargé de projet européen sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages et auteur du rapport sur les technologies. «Mais elles nécessiteront un degré élevé de collaboration et de coordination entre les parties prenantes, notamment la police, les douanes, les universités, les ONG et les grandes sociétés technologiques.»

Le trafic d’espèces sauvages, un danger pour l’homme

La criminalité liée aux espèces sauvages augmente le risque de transmission de maladies telles que le nouveau coronavirus, causées par des agents pathogènes se propageant de l’animal à l’homme, selon un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son rapport annuel sur la criminalité. «Sans l’interférence humaine par la déforestation, la capture, l’abattage, le trafic et la consommation d’animaux sauvages, l’évolution et la transmission du coronavirus auraient été hautement improbables», souligne ce rapport. Environ 75% des nouvelles maladies infectieuses qui ont affecté l’homme au cours des trois dernières décennies proviennent des animaux. Le potentiel de transmission est accru quand ils sont braconnés à grande échelle et commercialisés de manière clandestine, hors de tout contrôle sanitaire.