Vitalic fête ses 20 ans de carrière avec « Dissidaence »

Depuis maintenant 20 ans, Vitalic est un nom indéboulonnable de la scène électro. Son style caractéristique lui a permis de voyager à travers le monde pour jouer dans les endroits les plus prestigieux. Le DJ français sort un cinquième album en deux volets, dont la première partie est disponible depuis peu.

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par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

À quand remonte votre coup de foudre avec la musique électronique?

«J’ai grandi avec des sons de synthé et c’est ce que je préférais, donc ça a toujours fait partie de mon identité musicale. Mon plus vieux souvenir et mon coup de foudre avec l’électro, c’est sans doute d’écouter Equinoxe de Jean-Michel Jarre sur le tourne-disque de mes parents. Je trouvais ce disque flippant et sombre.»

Est-ce que vous avez toujours vu la musique comme quelque chose de fun et pour se faire plaisir, même quand les choses sont devenues beaucoup plus sérieuses?

«Je fais toujours les choses sans me poser trop de questions, mais toujours avec beaucoup de sérieux. Je ne pense pas en permanence à ma musique, mais lorsque c’est le cas je suis à fond. J’ai un petit peu de mal à conceptualiser le fait que je suis un musicien à part entière. Je suis simplement dans la réalisation de mon métier.»

Votre précédent album «Voyager» explorait un son très disco. Cette fois-ci, qu’est-ce qui relie et qu’est-ce qui donne une homogénéité à cet album, si c’est le cas?

«Ce qui relie les morceaux dans la production, c’est un mélange entre l’EBM, le post-punk et la techno. Il y a aussi un concept qui ressort, c’est celui de la frustration de l’artiste et du public, qui a été exacerbée pendant les confinements. L’interdiction de danser, de se rassembler, de voir ses proches, je ne l’aborde pas frontalement, mais cela reste présent, au même titre que le thème de l’isolement.»

Est-ce qu’on peut considérer que l’écriture de cet album a été comme un refuge pour vous durant le confinement?

«Lors du premier confinement, je n’ai rien produit et j’ai profité du moment. Je suis ensuite rentré dans un processus créatif lors du second. Je n’avais pas le droit de sortir, et j’ai donc commencé à ne faire que cela, de 7h du matin à 1h du matin. C’était vraiment un tunnel, et je n’en ai jamais vécu un aussi long.»

Est-ce que la dissidence est un des concepts qui incarne le mieux la rave?

«Ça colle avec le fait qu’il peut être illégal de se rassembler pour danser. Je pense aux gamins qui ont bravé les interdits pour faire la fête. Je ne me pose pas en arbitre, je ne fais que raconter. Ça m’ennuie de rentrer dans un débat politique parce que ma musique ne l’est pas. Dans ma jeunesse, c’était illégal de faire des raves et un lien existe entre cela et ce que mes gamins ont vécu cette année.»

Le show d’électro ne réside pas seulement dans la musique que l’on joue. Comment se prépare-t-on à ça en tant qu’artiste?

«On se prépare beaucoup car c’est un gros morceau! Il faut gérer une multitude de choses dont on n’est pas conscient en tant que spectateur. C’est un des aspects que je préfère dans mon métier, parce que c’est une montagne de choses à faire mais c’est ultra enrichissant. Transcrire un concept en show, c’est quelque chose de très gratifiant.»

Vous allez entamer une tournée anniversaire pour votre 20e année de carrière, est-ce que le temps qui passe est quelque chose qui vous fait peur?

«À 20 ans, je n’aurais jamais cru que je serais encore là, mais je n’ai pas vu passer ces années. Il y a des moments de monotonie, mais c’est normal quand ça fait deux ans que tu tournes avec le même show. Lorsque je suis en train de me répéter, je n’hésite pas à sortir certains sons de mes concerts, ou de me lancer sur de nouveaux projets, sinon cela devient ronronnant.»

Est-ce qu’il vous arrive encore d’aller vous-même sur un dancefloor?

«Évidemment, dès que je peux je suis dehors. Ce n’est pas uniquement des soirées électro, mais je ne suis vraiment pas casanier, j’adore danser. Il y a des moments où l’électro me plaît plus qu’à d’autres, j’ai par exemple beaucoup de mal avec l’accélération du tempo à l’heure actuelle, mais je trouve toujours des soirées qui me plaisent.»

En quelques lignes

Les confinements ont permis à Vitalic de mettre en musique la frustration et l’isolement qu’il a pu ressentir lors de ces périodes difficiles. En ressortent des morceaux tantôt violents, tantôt dansants, mais toujours plus bruts que par le passé. La patte inimitable du DJ se renouvelle pour proposer quelque chose de rafraîchissant, pour un public de connaisseurs. De son propre aveu, l’album est taillé pour le dancefloor et sera notamment à savourer lors du concert à l’Ancienne Belgique.