Vendredi sur Mer revient métamorphosée avec un second album : «J’ai mis certaines peurs de côté»

Vendredi sur Mer, Charline Mignot de son vrai nom, voulait se renouveler après un premier album salué par la critique. La chanteuse française a décidé de diversifier son style musical et présente «Métamorphose», un second volet qui porte bien son nom. Il retrace l’évolution artistique et personnelle de l’artiste.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Vous sortiez «Premiers émois» en 2019 et on vous retrouve trois ans plus tard avec beaucoup plus d’assurance et de confiance en vous. Les choses ont évolué?

Vendredi sur Mer: «Énormément. Il y a eu un vide nommé le confinement qui m’a permis de me remettre en question. J’ai eu du temps pour réfléchir à ce que je voulais et j’ai pris des chemins que je n’avais pas encore empruntés. Ça a été une métamorphose personnelle et artistique. J’ai mis certaines peurs de côté et ça m’a mis en confiance dans ma vie quotidienne aussi!»

Votre premier album avait été super bien reçu, que vous est-il passé par la tête au moment de commencer le processus d’écriture du second?

«Je savais ce que je voulais. Pendant la tournée, j’ai réalisé qu’il me manquait du chant et quelque chose de plus brut, ça a été le point de départ. Je me suis donc tournée vers le milieu de la techno et j’ai rencontré Sam Tiba. Petit à petit, des personnes comme Myd et Owlle se sont greffées au projet et m’ont détachée de mon côté Vénus. Je voulais aller à l’inverse de ce que j’avais fait jusqu’alors, sans savoir où ça allait me mener. Ma métamorphose est venue de moi, mais aussi des autres autour de moi, je me suis découverte!»

Ce deuxième volet change beaucoup par rapport au premier. Aviez-vous peur du retour de votre public?

«Je ne changerais rien à cet album, mais je savais que j’allais perdre une partie de ma communauté. Je savais aussi que j’allais en gagner et c’est le jeu lorsque tu sors quelque chose. Je ne pouvais pas refaire la même chose que lors de «Premiers émois», parce que tout le monde se serait ennuyé, à commencer par moi. C’est sûr qu’il faut s’habituer à ce nouveau style, mais c’est le reflet de mes envies.»

Comment vous est venue l’idée du nom de l’album, «Métamorphose»?

«Ça a été compliqué de trouver un nom pour cet album. Pendant trois mois, j’ai laissé la question en suspens et j’ai même hésité à ne pas lui donner, parce que l’histoire que raconte l’album veut déjà tout dire. Mes équipes et mon entourage n’ont pas arrêté de parler de métamorphose et, comme il revenait souvent, j’ai fini par le choisir parce que c’était logique.»

Si on compare «Métamorphose» à votre premier album, force est de constater que vous êtes beaucoup plus dans le chant que dans le parler, comme c’était le cas avant. C’est une autre conséquence de cette prise de confiance en vous?

«Je voulais casser des barrières et me faire plaisir, donc j’ai décidé de plus chanter. Il y a quelque chose qui a changé et je me suis délesté des poids et des peurs que je pouvais ressentir, parce que je ne me sentais pas légitime. C’est aussi ce qui m’a aidé à prendre confiance!»

Sur «Comment tu vas finir», vous parlez de sexualité de façon très ouverte. Est-ce libérateur d’aborder ça sans détour, de façon aussi crue?

«Les femmes ne parlent pas souvent de ça dans le paysage musical actuel, donc je voulais briser cette forme de tabou et déconstruire l’image que les gens pouvaient avoir de moi. Beaucoup de gens m’envoient des messages pour me dire que ça leur donne envie de faire l’amour, donc ça me fait plaisir (rires).»

Certains textes sont d’ailleurs empreints d’une certaine forme de noirceur. Vous éprouviez le besoin de montrer aussi cette facette de votre personnalité?

«Cet album est très ancré dans le présent et spontané, à la limite de l’écriture automatique. Je ne voyais pas cet album si sombre, mais je réalise maintenant qu’il est sorti que c’est le cas, même s’il y a de la lumière. Pour un morceau comme ‘Si il est’, j’ai beaucoup pleuré et ça m’a permis d’évacuer, parce que je dis ce que je pense de moi et le regard que j’ai l’impression qu’on pose sur moi, ce que je n’avais jamais dit.»

En quelques lignes:

Vendredi sur mer a osé oser, et s’est redécouverte musicalement sur ce deuxième album. «Métamorphose» porte bien son nom et nous en apprend beaucoup sur la chanteuse qui était restée jusqu’alors très mystique. La patte techno pourra surprendre les fans qui avaient aimé «Premiers émois», mais apporte une vraie plus-value à la démarche de la jeune femme de 27 ans. Le disque contient quelques pépites qui ne tarderont pas à intégrer vos playlists. 4/5