«The Ultimate David Bowie Tribute» : Un spectacle qui «torche»

Si David Bowie était toujours vivant, à quoi ressemblerait aujourd’hui son concert? C’est ce qu’ont voulu imaginer les créateurs du spectacle «Heroes/Bowie/Berlin 1976-80: The Ultimate David Bowie Tribute». Et si on s’en tient à leur show, Bowie, qui aurait eu 75 ans en janvier dernier, enverrait encore du lourd à l’heure actuelle!

par
Maïté Hamouchi
Temps de lecture 5 min.

Nous sommes en juin 2022 dans la magnifique ville de Québec quand nous assistons au spectacle «Heroes/Bowie/Berlin 1976-80». Quelques heures auparavant, nous rencontrons le metteur en scène et producteur Claude Larivée et son équipe. Il nous explique sa vision et décrit ce à quoi nous allons assister. «Ce n’est pas un ‘simple’ concert hommage», insiste-t-il. «Souvent, les spectacles hommage sont assez dépouillés: un chanteur, les musiciens, et c’est tout. Nous, on voulait faire un hommage avec un grand H.» Et de fait… Dès le début du spectacle, nous comprenons que nous allons assister à une grande production avec une conception lumière incroyable et des montages vidéo imposants. «Ce que l’on propose est une véritable création», continue-t-il. «. Si Bowie, aujourd’hui, était en tournée et revisitait une partie de son répertoire, on pense que son spectacle serait proche visuellement du nôtre. On a fait beaucoup de recherches et on a utilisé son univers.»

Au cœur de Berlin

En réalité, c’est dans une époque bien déterminée que nous plongent les créateurs de ce spectacle multimédia. Comme son nom l’indique, «Heroes/Bowie/Berlin 1976-80» fait référence à l’époque berlinoise du chanteur. «À cette période, David Bowie quitte Los Angeles, où il boit du lait, fume ses cigarettes et prend de la coke, pour se refaire une santé à Berlin, qui était pourtant la capitale de la cocaïne», s’amuse à nous raconter Claude, qui est à l’origine de ce projet. «À Berlin, il fait ses propres chefs-d’œuvre, et il réalise aussi les plus grands d’Iggy Pop!»

Durant 1h30, le spectateur découvre alors non seulement, à travers des archives sur la ville, le Berlin de la fin des années 70 mais également de grands morceaux tels que «Station to Station», «Low», «Heroes», «Lodger», «Scary Monters». «Sans oublier quelques surprises connues du grand public», insiste Claude.

Trois femmes, trois Bowie

Pour interpréter ces chefs-d’œuvre, il fallait trouver la perle rare. Il faut dire que ce n’est pas facile d’égaler vocalement le grand Bowie. «On ne voulait pas d’un homme qui reproduisait Bowie», explique le producteur. «Je me disais que si c’était un homme, tout le monde allait le comparer. Pourtant, il n’aurait d’office pas la même gueule, la même voix, la même gestuelle.» Claude et son équipe ont donc tout simplement choisi de travailler avec des femmes. «Il avait un physique assez androgyne. Plusieurs grandes actrices et mannequins, comme Kate Moss par exemple, ont porté des costumes originaux de Bowie, et ça fonctionnait. Ça tombait donc sous le sens de travailler avec des femmes.»

Pour le producteur, cette décision rend le matériel encore plus accessible. «Les gens qui ne connaissent pas Bowie, découvrent, avec ce spectacle, un univers passionnant. L’écriture des chansons est tellement forte qu’à la première écoute, ça fonctionne!»

Trois femmes se succèdent donc sur la scène pour interpréter, ensemble ou séparément, les chansons de cette époque berlinoise. «Vocalement, le registre de Bowie est étendu. Avoir trois femmes pour l’interpréter nous permettait d’aller à différents endroits. Mais ce n’est pas juste une question de registre. Il y avait, à l’époque, trois Bowie. Il était, par exemple, capable d’avoir un côté un peu plus crooner ou plus punk.»

De haute fidélité

En effet, Bowie était pluriel. Dans un même morceau, il pouvait jouer plusieurs personnages qui se répondaient au travers les couplets et les refrains. «Si on avait pris qu’un seul chanteur, on serait resté sur notre faim», nous explique, à son tour, la chorégraphe Maud Saint-Germain, qui a passé des heures à visionner des archives de cette époque berlinoise. «On ne voulait pas faire de l’imitation ou de la caricature», se souvient-elle. «L’idée était plutôt de s’inspirer de sa gestuelle. J’ai fait beaucoup de recherches, regardé de nombreuses photos et visionné les vidéos de ses interviews. J’ai étudié sa manière de bouger les mains. C’était un homme très élégant et gracieux. Chacun de ses gestes sur scène était réfléchi. On a échangé nos idées, Claude et moi. Je voulais plonger les chanteuses dans une histoire, dans une époque aussi car on ne bougeait pas à ce moment-là comme on bouge aujourd’hui. Parfois, on ne travaillait que la démarche mais le but était qu’elles gardent aussi leur propre signature.»

À l’inverse, au niveau musical, les créateurs ont choisi de rester hautement fidèles aux sons originaux, contrairement à ce que faisait Bowie lui-même lors de ses concerts… «On a imaginé Bowie voulant proposer un concert avec les arrangements originaux, ce qu’il ne faisait jamais à l’époque. On voulait faire plaisir aux grands fans de Bowie mais aussi montrer à ceux qui le connaissent moins tout le potentiel de son répertoire», nous explique le directeur musical et chef d’orchestre, Daniel Lacoste, qui a donc recherché les sons et les arrangements originaux.

En tout, «Heroes/Bowie/Berlin 1976-80: The Ultimate David Bowie Tribute», ce sont trois chanteuses, huit musiciens, trois choristes, 26 morceaux pour 26 tableaux, dont quatre pièces instrumentales. C’est du grand spectacle et un véritable moment de cinéma. «Ça torche!», comme on dit à Québec. Et ça tombe bien car ce spectacle venu tout droit du Canada sera, chez nous, le jeudi 10 novembre à Forest National !