Miles Kane sort un album de passionné: «Sans musique, je serais déprimé»

Cela faisait un moment que Miles Kane se faisait plutôt discret sur la scène musicale. Après «Coup de Grace», qui a connu un succès mitigé auprès des fans, le «lad» de Liverpool avait à cœur de revenir avec un disque aussi accompli que possible. Le Britannique s’est inspiré d’influences du label Motown pour livrer «Change the Show», un album indéniablement rétro, avec le vieillissement comme fil rouge.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Depuis la sortie de «Coup de Grace», vous vous êtes montré assez discret sur la scène musicale. Vous aviez besoin de prendre votre temps?

Miles Kane: «Effectivement, je me suis posé pour cet album. Pour écrire quelque chose de parfait, ou tout du moins que je trouve parfait, il faut beaucoup de préparation. Mais ça ne m’a pas empêché de prendre énormément de plaisir tout le long du processus. J’ai le sentiment que je n’aurais pas pu faire plus que ce que j’ai donné.»

On ressent donc beaucoup plus de maturité à travers «Coming of Age», est-ce que ça marque la fin du «lad» de Liverpool?

«Non, je ne pense pas. Il n’y a pas un «moi» du passé, du présent et du futur. Ce que j’ai vécu par le passé m’a permis d’être la personne à qui vous parlez aujourd’hui. Je ne veux pas qu’on me résume à ce que j’étais par le passé, mais cela fait indéniablement partie de moi. De la même façon, ce que je serai dans le futur dépend totalement de ce que je construis aujourd’hui.»

Vous avez commencé la musique à l’âge de 17 ans, ce qui veut dire que vous y avez consacré la moitié de votre vie. Est-ce que vous vous sentez plus vieux que ce que vous êtes à cause de toutes les expériences que vous avez vécu?

«À cause de tout le stress accumulé, j’ai certainement l’air plus vieux oui (rires). J’ai consacré plus de temps à la musique qu’à ma scolarité par exemple. Je ne sais pas ce que je ferais si je n’avais pas ça, sans musique, je serais déprimé. Une chose est sûre, c’est que je ne prends jamais rien pour acquis. Le fait que je sois encore dans le circuit, c’est tout ce qui compte, tant que j’ai des choses à offrir. J’ai plein de différents styles musicaux que je veux encore explorer.»

En parlant de nouveaux univers explorés, il y a une grosse influence Motown sur cet album…

«Oui, je pense que ça a toujours été présent dans ma musique, notamment sur les albums de «The Last Shadow Puppets» (NDLR: le supergroupe qu’il forme avec Alex Turner, le chanteur des Arctic Monkeys). Je n’avais jamais exploité cette influence avec mon projet en solo de façon aussi claire. Mais c’est rapidement devenu très clair que ça transparaîtrait lorsque l’on a commencé le processus d’écriture, et qu’on a essayé de moderniser tout ça.»

Comment fait-on pour moderniser une musique des années 60-70?

«Ça dépend ce que vous considérez comme moderne et ce que vous considérez comme rétro. À l’heure actuelle, si l’on n’a pas un côté plus électronique, c’est difficile de ne pas être considéré comme old school. Mais à mes yeux, c’est simplement du rock classique et c’est la forme la plus réelle de la musique, que je ne considère pas comme vieillotte.»

C’est au début de la pandémie que vous avez décidé d’appeler l’album «Change the Show». Pourquoi, est-ce que ce titre est la pièce qui manquait au puzzle de votre album?

«Parce qu’il a une forme de rage, d’agression et que cela manquait sur l’album. Je l’ai écrit un jour maussade où j’étais frustré parce qu’il n’y avait que des mauvaises nouvelles à la télé. J’avais simplement envie de changer la chaîne pour voir un peu le positif et j’ai trouvé ça sympa d’appeler l’album de la sorte.»

Est-ce que l’album est une parenthèse pour vous?

«J’ai vraiment adoré le travail que l’on a effectué sur cet album, mais je ne peux pas dire ce qu’il en sera pour la suite et si l’on repartira sur les mêmes bases. J’espère simplement que je pourrai continuer aussi longtemps que possible! J’ai l’une ou l’autre idée en tête, mais je ne suis pas pressé…»

En quelques lignes:

Il fallait oser quelque chose pour faire passer à la trappe le bilan mitigé de «Coup de Grace», et Miles Kane l’a indéniablement fait. En se plongeant dans l’univers rétro du label Motown, le chanteur dépoussière de la musique qui n’a pas ou peu d’équivalent dans le paysage musical actuel. L’album peut étonner à la première écoute tant il est surprenant, mais il mérite que l’on s’y attarde plus en profondeur. Le «lad» de Liverpool en a encore sous la pédale et promet de tout dynamiter sur son passage une fois sur scène. 4/5

Miles Kane se produira sur la scène du Cirque royal le 19 avril prochain.